J’ai vu une demi-douzaine de films de Stanley Kubrick, qui tous m’ont inspiré des émotions allant de l’ennui abyssal (« 2001, odyssée de l’espace », « Barry Lindon ») au dégoût nauséeux (« Orange mécanique », « Full metal jacket »). Alors, quand Chouchou m’a proposé d’aller voir l’exposition actuellement consacrée à ses photos, le moins qu’on puisse dire, c’est que mon enthousiasme a été assez modéré. Mais comme j’avais envie de voir les reproductions de Polaroïd de Cy Twombly également accrochées au Bozar en ce moment, je me suis dit qu’on se ferait un dimanche après-midi culture et qu’on irait ensuite goûter au Tea House de la petite rue de Rollebeek, où je pourrais toujours me consoler de mes malheurs avec un scone plein de crème et de confiture.
Au final, je crois que j’ai confondu Cy Twombly avec quelqu’un d’autre parce que ses oeuvres ne me parlaient pas, mais alors pas du tout. J’aime beaucoup certaines formes de l’art moderne, mais il ne faut pas que ce soit trop abstrait, sinon je décroche vite. Et là, les taches de lumière et les gribouillis style enfant de 2 ans, comment dire… C’était pas ma came. J’aurais bien cherché à comprendre, mais le panneau de l’entrée précisait qu’il travaillait hors de tout référentiel, et que l’acte de tracer un trait constituait pour lui un aboutissement en soi. Or, l’art ne suscite aucune émotion chez moi si je n’y décèle pas au moins un début de message (le fond) ou de recherche esthétique (la forme). Bref, un rendez-vous totalement manqué. Mais l’avantage, c’est qu’à côté de ça, l’expo Kubrick ne pouvait être que mieux!
Avant de devenir le cinéaste barré que nous connaissons tous et que certains d’entre nous apprécient, mais pas moi, Stanley Kubrick a donc gagné sa vie comme photographe, notamment pour la revue new-yorkaise Look. L’expo actuellement visible au Bozar rassemble plusieurs séries de ses clichés en noir et blanc: des portraits de l’acteur Montgomery Cliff, du boxeur Rocky Marciano ou de la starlette Betsy von Furstenberg, une sorte de roman-photo mettant en scène un petit cireur de chaussures de 12 ans, des photos volées dans les rues ou le métro de New York, quelques-unes prises dans les coulisses d’un cirque ou une ville anonyme au Portugal…
Kubrick ne fait pas dans la nature morte ni dans le paysage: l’humain est toujours au centre de son oeuvre, et bien souvent, j’ai eu l’impression qu’il cherchait à souligner sa solitude – même au faîte de la gloire, même dans une métropole de plusieurs millions d’habitants. L’autre chose qui frappe, c’est un sens développé de la mise en scène; regardées les unes à la suite des autres, ses photos forment déjà des histoires. Et si aucune d’elle ne m’a touchée en particulier, l’ensemble assez riche m’a paru constituer un témoignage pas inintéressant, non seulement sur le cheminement artistique de Kubrick, mais sur la fin des années 40.
Au Bozar jusqu’au 29 avril 2012
Entrée tarif plein: 10€
Au musée royal des Beaux-Arts de Bruxelles
jusqu’au 1er juillet 2012
Entrée tarif plein: 9€