Mercredi, dans le TGV Marseille-Toulouse. Deux jeunes, la vingtaine et l’élocution racaille, montent à Narbonne, s’installent juste derrière moi et commencent à parler tellement fort qu’ils dérangent tout le wagon. Puis, malgré l’interdiction signalée partout et répétée par le chef de bord, l’un d’eux se met à téléphoner en hurlant pour bien se faire entendre de sa correspondante. Une fois, deux fois, trois fois. Tout le mond soupire et manifeste des signes d’agacement, mais personne n’intervient. Au quatrième coup de fil, je me retourne et dis très sèchement au jeune: « Si vous avez l’intention de continuer à gueuler, ça serait bien d’aller le faire dans le couloir. » Son copain s’énerve et crie je leur manque de respect. Je réplique: « Quand vous respecterez les règles en vigueur et la tranquillité des autres passagers, je vous respecterai, vous ».
L’effet est immédiat: les deux jeunes baissent le ton de trois crans. Pendant un bon quart d’heure, ils m’insultent à voix basse, me traitant de pétasse et de sale bourge et me menaçant à mots couverts. Je les ignore. Regards pleins de reconnaissance du reste du wagon. Je peux savoir pourquoi c’est TOUJOURS moi qui me décide à protester quand quelqu’un fait chier tout le monde? D’autant que c’est pas comme si j’étais un grand costaud d’1m90. Je trouve ça vraiment triste que les gens se laissent emmerder sans rien dire. Si j’étais d’humeur à lancer un débat politique, je dirais bien que c’est assez symptomatique d’un peuple qui autorise ses banquiers, ses patrons et ses dirigeants à lui marcher dessus: au point où il en est, deux malotrus de seconde zone de plus ou de moins…
Cet après-midi, le portable de mon père sonne. Numéro inconnu. Mon père décroche. C’est le fils des voisins, un gars de 36 ans incapable de garder un boulot ou de dépenser moins de cent euros quand il en a cinquante en poche, et qui a déjà escroqué ses propres parents dans les grandes largeurs. Il dit qu’il a besoin d’argent pour faire le plein de sa voiture, « 50 euros, ce serait bien ». Mon père se met à fouiller dans son portefeuille, et mon sang ne fait qu’un tour. Je lui prends le téléphone des mains; je traite le type de parasite, « à votre âge, vous n’avez pas honte de ne pas être foutu de subvenir à vos propres besoins? », « ne confondez pas bon voisin et bonne poire », et « ne vous avisez surtout plus d’emmerder mon père ». Puis je lui raccroche au nez, non mais ho.
Et là, je me dis quand même que ça fait deux fois en trois jours que je joue la vieille conne, que tout ça n’est pas très bon pour ma zénitude et que je dois avoir des gènes de Zorro d’emmerdeuse destinés à ressortir malgré tous mes efforts. J’essaie de n’être qu’amour et compréhension, j’essaie vraiment. Faut-il pour autant accepter n’importe quel comportement de la part d’autrui?
Alors, pour le coup, là les deux fois je te comprend, mais surtout pour le voisin. j'ai un peu le même cas, le fils des voisins qui est incapable de se gérer (bon lui il a 24 ans, plus jeune, mais bon ça excuse rien. je passe mon temps à dire à sa mère d'arrêter de lui trouver des excuses et de tout lui passer. Je te parie que dans dix ans, il sera pareil !
Bonne zénitude pour le week end !
Je suis comme toi : je réagis – et agis – de la même façon.
Et comme toi, j'ai souvent l'impression d'endosser le rôle de la "vieille conne", de rabat-joie, de râleuse, j'en passe et des meilleures…
Du coup, je me remets en question et m'interroge, mais reste au final convaincue que je suis dans le juste.
Bref, pas facile à vivre toujours mais je préfère rester comme ça et ne pas faire ce que je reproche aux "autres" : la fermer et m'écraser.
Na 🙂
Je ne pense que tu aies failli à ton objectif d'être zen. Tu t'es emportée, mais tu l'as fait à chaque fois pour défendre une cause juste et pour le bien d'autrui (les gens du train et ton père). Etre zen, ça ne veut pas dire qu'il faut renoncer à ses convictions à et dire haut et fort ce que l'on pense! Je commente peu mais je trouve que jusque-là, tu suis très bien tes nouvelles lignes de conduite!
Je me dis que la zenitude aboutie, ce serait intervenir mais ne pas ressentir la même violence à l'intérieur.
Intervenir parce que c'est la bonne chose à faire mais pas parce qu'une pulsion violente nous y pousse…
Le chemin de la zenitude est long et difficile, il faut le suivre à son rythme 😉
Sur l'anecdote du train tu me fais penser à une femme croisée dans le rer. C'était il y a 12/15 ans. J'étais une jeune ado, deux gars viennent m'emmerder, il y en a même un qui mime de se masturber, l'autre qui essaie de me voler mes bijoux… Je me fais traiter de sale juive, de sorcière… Un jeune homme essaie d'intervenir mais se fait rabrouer, il déguerpie rapidement. La seule personne qui a vraiment essayer de m'aider, en criant, en essayant de réveiller les passagers, en criant sur les malotrus, c'était une femme, petite, qui n'avait pas peur. Sa gamine, elle, était effrayée, elle essayait de faire taire sa mère. Je n'oublierai jamais cette femme. Pourquoi il n'y a qu'elle qui se soit levé? Aucune idée … Ah si ! La lâcheté des gens.
Moi je suis du type emmerdeuse, mais pas depuis si longtemps que ça… Avant je subissait et je ruminait ce que j’aurai pu ou du dire ou faire. Aujourd'hui je suis contente de savoir dire à mon manager ses quatre vérités, de dire aux nanas chez Starbucks que je suis prioritaire sur la table car moi j'ai déjà fait la file et que j'ai déjà mes boissons et en covoiturage que je suis la plus grosse et que je voudrai bien aller devant histoire de pas être compressée contre la portière :p. Bref je suis une emmerdeuse et je le vis vachement bien !
Je me fais toujours avoir par la boite à comm, ou je dois cliquer deux fois, sinon ça maaarche pas. Snif.
Bref, je trouve que tu as eu raison. Essayer d'etre zen et positive, ce n'est pas passer pour une bonne poire et tout accepter !
J'aime beaucoup le commentaire de The Geek Whisperer. C'est vrai, il faudrait intervenir mais sans s'énerver… Bon, une quête de plus à ajouter à la liste ^^
Pour le voisin,je ne sais pas,car ton père pourrait se trouver embêté après(dans ses relations avec les parents) et c'est lui qui habite à côté.
Mes parents ont déjà dépanné leur voisine(un cas social aussi)qui n'avait plus que 20 euros le 10 du mois mais il faut dire que mon père n'étant pas du genre à se laisser emmerder,j'avais pas d'inquiétudes.
Si il lui filait un billet,c'est qu'il le voulait bien et ça ne risquait de dégénérer,il saurait dire stop.Et elle tapait les autres voisins aussi.
Sinon,pour le coup des 2 emmerdeurs,alors là,je m'incline car je suis incapable de ça pour le bonne raison que je n'ai aucune répartie en cas de clash,de conflit.
Dès qu'il s'agit de rigoler,là ya du monde mais j'évite les règlements de compte car je suis vite bloquée,du style "oui,bon,mais hein,n'importe quoi,ho!" (même avec mes gosses,qui,eux,en ont de la répartie ces petits salauds).
En revanche,je suis étonnée que personne ne t'ait relayée,car le plus dur dans ce genre de situation est d'être le premier à râler,après,si tout le monde soutient le(la) kamikaze,les parasites se sentent moins forts.
ANNESO
Les voisins ont coupé les ponts avec leur fils et lui ont retiré les clés de chez eux depuis que les huissiers les poursuivent pour des dettes contractées par lui. Ils ne risquent pas de reprocher à mon père d'avoir refusé de lui filer du fric. Et puis j'ai déjà une réputation d'emmerdeuse avec eux ^^
Toujours jouer les justicier à de quoi peser aussi. Tu fais le boulot que les autres n'osent pas faire en faisant taire les importuns et si tu t'attires des ennuis, il n'y a personne pour bouger le petit doigt.
Une fois je me suis rebellée contre un petit c… qui fumait dans le bus sous mon nez ( et incommodait tout le monde). Polimment, je lui ai demandé d'éteindre sa cigarette car il gênait tout le monde. Mal m'en a a pris… Je me suis ramassé tous ses copains sur le dos ( il s étaient 5 ou 6)ils m'ont pourri la vie pendant tout le trajet. Pas un seul passager, pas même le conducteur du bus n'ont bougé le petit doigt. Depuis, je ronge mon frein et laisse les autres se débrouiller car l'histoire aurait très bien pu très mal se finir. Une leçon chèrement apprise.