Où je commence à envisager une reconversion professionnelle

J’adore mon métier – le travail en lui-même, les conditions dans lesquelles je l’exerce, les gens qu’il m’a permis de rencontrer.
Pourtant, les conditions de rémunération des traducteurs littéraires sont en train de prendre un tour que je trouve inquiétant.
Le tarif au feuillet des à-valoir (ce que nous touchons en rendant notre travail et qui nous reste acquis quoi qu’il advienne) n’a pas bougé depuis 8 ans, alors même que les charges professionnelle et le coût de la vie en général ne cessaient d’augmenter de manière passablement vertigineuse.
Il se trouve que, les séries que je traduis se vendant bien, j’ai eu la chance de pouvoir compenser cela par des rentrées de droits d’auteur excédentaires non négligeables. Mais les droits d’auteur en question ne sont jamais garantis à l’avance; et ils tombent avec un an à 18 mois de décalage, de sorte qu’il est impossible de les intégrer dans un budget – flippant pour la fille très organisée que je suis.
De plus, ils sont actuellement menacés par les pourcentages ridicules que les éditeurs (en tout cas, les 4 ou 5 pour lesquels je bosse, mais je pense que ça donne une bonne idée de la tendance générale) ont décidé de nous concéder sur le livre numérique. Des gens mieux informés que moi ont estimé que compte tenu de l’absence de frais d’impression, de stockage et de transport, il serait juste que nous touchions X% des rentrées d’argent générées par nos traductions. Dans le meilleur des cas, on m’offre un dixième de ce chiffre. Donc, si le numérique prend une grande importance dans les années à venir, je peux dire adieu à mes droits d’auteur excédentaires.
Il se peut que je sois inutilement pessimiste et que mes revenus se maintiennent bon an mal an. Je l’espère de tout coeur, parce que comme je le disais en introduction, j’adore ce métier.
Néanmoins, je dois envisager l’éventualité qu’un jour, je ne puisse plus l’exercer dans des conditions que j’estimerai justes et satisfaisantes. Et si ce jour arrivait, je ne voudrais pas me sentir coincée, incapable d’opérer une reconversion parce que je n’aurai pas su m’en donner les moyens à l’avance.
Donc, j’ai décidé de faire le nécessaire pour me ménager une porte de sortie à moyen terme. En espérant ne jamais avoir à l’emprunter, mais comme disent les Anglo-Saxons, « mieux vaut être prudent que désolé ». Je vous reparle de mes plans dans un prochain billet.
Illustration empruntée ici

16 réflexions sur “Où je commence à envisager une reconversion professionnelle”

  1. Cécile de Brest

    Je comprends de quoi tu parles, je travaille pour un éditeur numérique, du coup, je ne touche pas grand-chose (c'est un euphémisme) en royalties.
    Je ne me vois pas revenir vers le professorat, mais il est fort possible que je n'aie pas le choix !

  2. Je commence à effleurer l'idée, mais mon grand problème, c'est que je demande ce que je pourrais faire…(L'art ne paie pas, et j'ai passé l'âge de manger des pâtes nature..)

  3. Stella Polaris

    Flippant comme constat… Aussi bien pour les traducteurs que pour les livres à paraître en traduction dans les prochaines années…

  4. La Princesse: oui, que faire d'autre, c'est la grande question!
    Stella: il se peut très bien que je me trompe; je l'espère, en tout cas.

  5. Sparke: je suis sûre que non, tout comme je suis sûre de n'avoir AUCUNE qualification pour devenir prof ^^

  6. Damned, mon précédent commentaire arrive trois places trop tard du coup il ne veut plus rien dire. Il répondait évidemment (pour ceux qui suivent) à celui de Cécile de Brest.

  7. Sparke: d'où l'utilité d'indiquer en début de com à qui on répond 😛

  8. Je suis totalement en opposition de phase avec tous ces commentaires. Le "pour ceux qui suivent" n'était bien entendu pas destiné à Armalite car je n'avais pas encore lu sa réponse.

  9. Je partage tes angoisses. Combien de temps tiendra encore la boîte où je travaille ? 1 an ? 5 ans ? 10 ans ? Au moins, pour le moment, mon salaire ne diminue pas. Il est même régulièrement indexé et je suis augmentée automatiquement tous les deux ans.

  10. J'ai les mêmes inquiétudes que toi, et les mêmes questionnements. Mais j'imagine que tu le sais.

  11. Cécile de Brest

    @ Sparke : oui, dans mon cas c'est certain ! Mais la motivation me fait défaut…

  12. Inquiétudes et interrogations partagées. Où va-t-on, que faire d'autre ? Ce sont des choses qui m'empêchent parfois de dormir la nuit, et je cherche moi aussi de quelle façon je pourrais me reconvertir.

  13. Ce serait même un peu mon métier de rêve ^^ Et ça m'étonnerait que je sois la seule dans ce cas… Mais les voyages sont, sous une forme ou une autre, une des pistes de reconversion que j'envisage 🙂

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