« L’armoire des robes oubliées »

Atteinte d’un cancer foudroyant, Elsa est rentrée chez elle pour mourir au côté de Martti, son époux depuis plus d’un demi-siècle. Alors qu’elle lui rend visite, sa petite-fille Anna découvre dans un placard une robe passée de mode ayant appartenu à Eeva, l’autre grand amour de Martti qui faillit jadis prendre la place d’Elsa auprès de son mari et de leur fille unique, Ella. Passé et présent s’entremêlent tandis que chacune des quatre femmes revisite ses souvenirs et ses secrets, mettant à jour un écho troublant dans l’histoire d’Eeva et celle d’Anna…
Ca n’a pas été facile pour moi d’ouvrir un livre dont le thème premier semble être la fin de vie d’un parent rongé par le crabe. Mais je suis ravie d’avoir surmonté mon appréhension initiale – sans quoi, je serais passée à côté d’un très beau roman qui, malgré des thèmes douloureux, ne m’a déprimée à aucun moment. C’est que même lorsqu’elle évoque les différentes formes du deuil et le chagrin qui en découle, la plume de Riikka Pulkkinen garde quelque chose de solaire et d’apaisant. Alors que son style n’a rien de commun avec celui de Virginia Woolf (les critiques la comparent plutôt à Joyce Carol Oates), je me suis surprise plusieurs fois à penser à « Mrs Dalloway » au cours de ma lecture; et vingt fois au moins j’ai relu un passage en me disant: « Je devrais le citer dans mon article ».
Pour son premier roman, cette Finlandaise d’à peine 30 ans manifeste une incroyable maturité dans la forme autant que dans le fond, une compréhension de la nature humaine qui est généralement l’apanage de gens beaucoup plus âgés. Elle ne juge aucun de ses personnages, se contentant de révéler leurs motivations parfois complexes et l’élan irrépressible qui les anime. « L’armoire des robes oubliées » n’est pas un roman d’amour, mais c’est un roman dont chaque page déborde d’amour et de vie, un roman au style riche et évocateur qui dégage une étrange impression de plénitude. En le refermant, je me sentais absolument sereine.

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8 réflexions sur “« L’armoire des robes oubliées »”

  1. Kimie (Mots et Emaux)

    J'aime beaucoup Joyce Carol Oates et Virginia Woolf, si c'est un mélange des 2, ce roman est pour moi !
    Y'a-t-il longtemps qu'il est sorti ? (c'est pour me donner une idée de la probabilité pour moi de le trouver à Pêle-Mêle !)

    Merci pour cette belle découverte !

  2. C'est marrant, j'ai failli l'acheter, l'autre jour, en allant faire mes courses au supermarché (ils l'ont mis en tête de gondole). Du coup, je regrette de n'avoir pas cédé à l'impulsion du moment et je vais y remédier 🙂
    Merci, Armalite !

  3. Mon budget "lectures" pour le mois de mars ne supportera pas un ouvrage supplémentaire… Bon, allez, un (énième) ajout sur la liste "À lire un de ces jours" !

    C'est "Rosa candida" qui m'avait laissée apaisée en fin de lecture l'an dernier, avec une sensation de douce lumière 🙂 (Et oui, c'était à cause/grâce à toi…)

    Mélusine

  4. J'ai effectivement vu ce livre et mon histoire avec lui s'arrêtera là.
    Je n'ai pas le courage de lire une telle histoire.
    Trop de larmes sans doute.

  5. Puis-je te conseiller, également dans la série "Cancer mais drôlement revigorant quand même", le dernier Lionel Schriver "So much for that" ("Tout ça pour quoi" je crois en français mais je ne sais pas ce que vaut la traduction) ? Non-amateurs d'humour noir, s'abstenir.

  6. Merci du conseil mais je ne pense pas en faire un thème de lecture récurrent…

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