Dans « mésaventure », ce qu’il faut voir, c’est « aventure »

Hier, je devais prendre le TGV Bruxelles-Monpatelin pour la toute dernière fois, tou-toute dernière fois. En effet, les billets Prems étant passés de 25€ hors période de vacances scolaires à 91€ à partir du mois d’avril, je me taperai désormais un trajet avec correspondance et partant de la gare du Midi à 7h du matin, ô joie, ô bonheur, tout ça pour quand même 41€ dans le meilleur des cas. J’ai déjà dit combien j’étais en colère contre la SNCF? Bougez pas, je vais vous la refaire.

Car hier matin, mesdames et messieurs, mon ultime Bruxelles-Monpatelin en direct et en à peine plus de 6h, avait été tout bonnement… supprimé. Sans explication et surtout sans aucune forme d’annonce, ni par haut-parleur ni sur le tableau des départs. Si je n’avais pas entendu un contrôleur dire à quelqu’un « Le 10h21? Ah non, il ne roule pas aujourd’hui », je serais peut-être encore plantée sur le quai à cette heure-ci.
Un quart de seconde, j’ai envisagé un pétage de plombs cosmique. Puis je me suis dit: « Stop, ta priorité, c’est d’être à Tonpatelin ce soir. Débrouille-toi pour y arriver, et ensuite, tu râleras ». Donc, j’ai affiché mon plus joli sourire et pris mon ton le plus navré pour demander son aide au contrôleur. Sur son conseil, je suis montée dans un autre train qui descendait jusqu’à Lyon. Comme je n’étais pas la seule dans ce cas, j’ai fait une bonne partie du trajet dans le couloir, assise sur un strapontin entre deux piles d’énormes valises qui menaçaient de s’écrouler sur moi à tout moment. A côté de moi, un vieil Anglais s’est étonné: « C’est quand même fou que les trains en France ne marchent pas mieux que dans les pays de l’Est ». A qui le dites-vous, mon bon monsieur. Mais j’ai fait contre mauvaise fortune bon coeur et tâché de renseigner les passagers anglophones complètement paumés par ce changement de programme, qui ne savaient plus où aller ni quand descendre du train.
A Lyon Part-Dieu, il a fallu foncer en troupeau vers un autre train qui allait jusqu’à Nice, pour s’entasser de nouveau dans des wagons déjà fort remplis. J’ai eu de la chance: j’ai réussi à trouver un siège dont personne n’est venu me déloger jusqu’à la grande ville la plus proche de Monpatelin. Et au lieu de rouspéter, j’ai papoté avec mes compagnons d’infortune entre deux chapitres d’un magnifique roman. Conjugué au soleil qui passé Valence pointait enfin le bout de son nez, « L’armoire des robes oubliées » (dont je vous reparle très vite) m’a beaucoup aidée à rester zen alors que le petit diablotin à lunettes qui est ma moitié maléfique éructait et gesticulait avec véhémence sur mon épaule gauche.
Au final, le TER avec lequel je devais faire la dernière partie de mon trajet avait lui aussi été supprimé, mais la SNCF a gracieusement fourni un car pour le remplacer. C’est ainsi que je suis finalement arrivée chez moi, sans avoir pu faire ma pause diabolo-menthe d’une heure à la gare de la grande ville la plus proche de Monpatelin, mais avec seulement 30 minutes de retard sur mon horaire habituel. Et surtout, dans un état de calme trèèèès surprenant pour qui me connaît. OK, j’avais l’épaule démontée d’avoir dû courir et monter/descendre moult escaliers imprévus avec le monstre turquoise, mais j’avais atteint mon but: j’étais chez moi. Où, miracle, il ne s’était produit aucune catastrophe même petite en mon absence, et où ma boîte à lettres ne contenait aucune mauvaise surprise – juste les papiers administratifs dont j’avais besoin, la Little Flirt Box dont le contenu m’a enthousiasmée, une gentille carte de ma copine Isa et quelques bouquins en anglais commandés sur Amazon.
Ca paraîtra sûrement idiot à beaucoup de gens, mais j’étais hyper fière de moi. Cette mésaventure illustre bien la nouvelle ligne de conduite que je me suis fixée: accepter le fait que certaines choses sont hors de mon contrôle, et que m’énerver ne servira à rien sinon augmenter ma pression sanguine et me pousser à prendre une mauvaise décision. La SNCF offre un service de plus en plus lamentable, mais j’ai besoin de descendre à Monpatelin une fois par mois, et le train reste globalement moins coûteux que l’avion sur ce trajet. Comme je n’ai pas l’intention de partir en croisade contre le système pour y remettre de l’ordre, il va falloir que je gère ses défaillances, même si elles me semblent profondément injustes. A tout le moins, j’y gagnerai en paix de l’esprit.
Illustration: ouais, je suis zen… mais c’est vraiment pas grâce à vous!

12 réflexions sur “Dans « mésaventure », ce qu’il faut voir, c’est « aventure »”

  1. Alors la…. Je t'applaudis, te tire mon chapeau, te félicite, et j'en prends de la graine aussi !
    Tu as raison sur toute la ligne !!!

  2. Pour reprendre l'expression préférée de mon fils en ce moment, je suis fière de toi, "jeune Padawan". Cela étant, je ne suis pas sûre que j'aurais pu faire preuve de pareille zenitude, même si je suis bien persuadée, comme toi, que c'était la meilleure solution et que cela t'a sans doute permis d'arriver sans (trop) d'encombres chez toi hier soir.
    Sinon, c'est rigolo, les annonces Google sur la droite de ton blog proposent des billets de train pas cher…

  3. Eh bien chapeau.
    Voilà, c'est tout.
    Maintenant je dois méditer là-dessus, moi qui sous mes airs placides démarre au quart de tour à la moindre contrariété.

    Bon séjour à Tonpatelin.

  4. Kimie (Mots et Emaux)

    Ton illustration me file des boutons… et pas seulement parce que j'ai fait les trajets Limoges-Poitiers pendant presque 4 ans !

    Tu t'en es bien sortie finalement, et presque pas en retard. Comme quoi, la SNCF, toujours un train d'avance. Humhum…

  5. La princesse

    Félicitations !!!!

    Moi je dois me débrouiller ce week end pour trouver un moyen de transport pour le mois de mai vers le sud. Et la perspective de claquer 400 euros pour 3 jours alors qu'on a réussi à rester dans un budget raisonnable pour l'Islande ça m'agace…(400 euros, c'etait le prix pour le vol vers le Groenland…)
    Zen, comme tu dis, je vais être zen..

  6. ce club s'ouvre rarement aux natifs de l'hexagone, alors : champagne !

  7. Chapeau mam'zelle, tu as de quoi être fière de toi. j'aurais fait un esclandre :o)

  8. Franchement bravo! Je sais bien que rester zen quand on n'a pas le pouvoir de changer les choses est la meilleure des solutions, mais c'est parfois difficile de résister à l'envie de passer ses nerfs sur quelqu'un! Ca me désole qu'ils puissent se permettre un tel comportement, car le consommateur/usager ne peut pas faire jouer la concurrence, à moins de préférer la voiture ou l'avion au train. J'espère que tu pourras te faire rembourser ton billet.

  9. C'est clair que je vais au moins essayer… mais je ne serais pas surprise qu'ils répondent "célagrèv, cépanotfôt'"?

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