Mercredi, Chouchou m’annonce qu’il sortira peut-être le lendemain soir. « Cool, tu vas faire quoi? » « Euuuh… j’irai sans doute boire un verre avec Gianluca. » Boire un verre un soir de semaine, alors qu’il est chroniquement crevé, qu’il ne boit pas d’alcool et qu’il voit Gianluca tous les jours de la semaine puisqu’il l’emmène à leur boulot commun? Mmmh. « OK, envoie-moi juste un message si tu sors effectivement pour ne pas que je poireaute toute la soirée devant Skype. » « D’accord. »
Jeudi soir, je l’attends jusqu’à une heure du mat. Rien. Même pas une ligne, alors qu’il a un smartphone et qu’il pourrait m’envoyer un petit mot de n’importe où. Je commence à me dire qu’il voit une de ses ex et qu’il n’a pas osé m’en parler. Ou qu’il git mort dans un fossé et que le temps que je l’apprenne et que je rentre en catastrophe à Bruxelles, la pauvre Scarlett aura défunté de malnutrition. Pourtant, je n’appelle pas sur son GSM. Je n’écris pas non plus de mail de reproche. Je me raisonne: il doit s’amuser bien innocemment, il n’a pas vu passer l’heure, il a juste oublié de me prévenir. Après tout, ça m’arrive aussi. Ce n’est pas parce que j’ai lu « Veuf » la veille que je dois commencer à flipper sur une infidélité potentielle. Et les accidents de voiture mortels ne sont pas si courants. Du coup, je vais me coucher sans même prendre un demi-Xanax. Le lendemain, je lui envoie juste un petit message pour lui demander s’il est vivant. Il l’est, et honteuzéconfus de m’avoir zappée. Il n’y avait donc pas de quoi se mettre la rate au court-bouillon.
Le même jour, je décide de me faire un plaisir rare et de prendre un bain. Quand je plonge mon mollet droit dans l’eau, je pousse un couinement de surprise: elle est glacée. La veille au soir, déjà, je n’avais réussi à avoir que de l’eau tiédasse pour mes ablutions pré-dodotesques. Je vais sonner chez les voisins. « Excusez-moi de vous déranger, vous avez de l’eau chaude? » « Oui. » Ah. Ca doit être mon cumulus. Au lieu de commencer à flipper, j’essaie de joindre Etre Exquis et, n’y parvenant pas, appelle tout simplement mon plombier. Il me dit qu’il finit avec son rendez-vous en cours et qu’il passe avant d’aller déjeuner. Bon. Entre-temps, le facteur m’apporte un nouveau Georges-Arthur envoyé gentiment par Nuryko. L’univers me fait signe qu’il est inutile d’angoisser; j’en prends bonne note.
A midi et demie, le plombier me rappelle: son rendez-vous s’est prolongé, peut-il plutôt passer vers 15h30-16h? Pas de problème, j’ai juste une course à faire en début d’après-midi, mais ensuite je ne bouge pas. Je me traîne jusqu’à la Poste sans m’être lavé autre chose que la figure et les dents. Personne ne s’évanouit ni même ne fronce le nez sur mon passage, ouf! (Mais les Monpatelinois sont peut-être juste très polis dans l’adversité olfactive.) A 16h30, pas de plombier. A 17h, pas de plombier. Au lieu de pester, je me dis que son rendez-vous précédent a dû lui prendre plus longtemps que prévu, et qu’il finira bien par arriver. Au pire, comme je repars à Bruxelles le lendemain, je prendrai rendez-vous avec lui pour le soir de mon prochain retour, et puis voilà. D’ici là, ben je ferai bouillir de l’eau au micro-ondes pour me laver. Ce sera folklorique et j’en tirerai bien un post rigolo.
A 17h20, le plombier arrive et se confond en excuses. Il examine mon cumulus qui n’a rien. Le problème vient d’un ressort cassé sur mon disjoncteur, qui empêche la bascule en position tarif économique ou un truc du style. Comme il n’a pas la pièce sous la main, il me règle le biniou en position forcée pour que j’aie de l’eau chaude jusqu’à la fin de mon séjour, et me dit de le rappeler la veille de mon retour pour qu’il passe faire la réparation. J’en profite pour lui expliquer que le détendeur de ma gazinière ne fonctionne plus depuis 3 ans (merci micro-ondes, four traditionnel et grandes salades en été). Il y jette un coup d’oeil et me montre qu’il suffit d’appuyer sur un petit bouton vert pour réamorcer la bonbonne. Grâce à ce ressort de disjoncteur cassé, je vais de nouveau pouvoir cuisiner à Monpatelin! Ca tombe bien, je commençais à faire une overdose d’Ebly pré-cuit en sachet et de tomates-cerise. Et le plombier ne veut même pas que je le paye pour si peu (mais j’insiste et il finit par accepter un chèque de 20 petits euros pour le déplacement).
Je sais que la plupart des gens penseront que dans un cas comme dans l’autre, il n’y avait pas vraiment de quoi stresser, mais l’an dernier à la même époque, j’en aurais fait une maladie. Je me serais sans doute disputée avec Chouchou pour rien, et j’aurais été infoutue de travailler toute la journée jusqu’au passage du plombier, alors que là, j’ai fait mon quota de pages tranquillement. Comme quoi, le travail sur soi, c’est dur et long, mais ça finit quand même par porter ses fruits.
Juste une toute petite chose au cas où le plombier ne te l'aurait pas précisé (Il l'a peut-être fait sans que tu aies jugé utile de le redire ici.) : ne laisse SURTOUT PAS en marche forcée en partant. Je ne te détaillerai pas tous les problèmes que j'ai eu avec EDF parce que les anciens locataires de mon ancien appartement n'avaient pas fait réparer et tout simplement laissé en marche forcée pendant des mois, faisant exploser la consommation.
Sinon, j'apprécie beaucoup cette idée de "signe du destin" que tout va bien et qu'il n'y a pas de raison de s'inquiéter outre mesure et suis contente de lire que tu parviens à calmer petit à petit tes angoisses. (Félicitations, d'ailleurs.) : )
Mélusine
J'éteins toujours le cumulus en partant de chez moi 😉 Par contre là, avec le ressort cassé, il ne veut pas rester en position 0 et revient mollement vers la position éco.
Hum,
je remarque que ce qui t'inquiète en premier dans le fait que ton homme puisse gésir au fond d'un fossé, c'est que Scarlett soit défunter de malnutrition 😉
Sparkes
C'est pas ce qui m'inquiète en premier, car quand quelqu'un est mort l'inquiétude n'est plus de mise, le pire étant déjà arrivé. Mais ce serait quand même bête que le défuntage de Chouchou entraîne celui de Scarlett par ricochet ^^
Tu as raison. Restons pragmatique 🙂
Sparkes
Un travail sur soi et un chemin peuplé de plombiers généreux, d'un amoureux et de Georges-Arthur envoyés par des personnes bien intentionnées… on en oublierait presque que le texte parle d'angoisses au départ 🙂
C'est cool que tu arrives à relativiser comme ça maintenant !
Bon week end !
bon… j'ai pas encore atteint ton stade de "je gère, je suis sereine"… mais j'y travaille! ;o)
Pour le coup de ton chat défuntant suite au "clamsage"(!) accidentel de ton Chouchou,j'ai pris ça au second degré!
je te félicite, c'est pas donné à tout le monde de réagir aussi sereinement ^^