Les bienveillants

Les vrais gentils. Ceux qui se réjouissent de vos succès sans jamais en être jaloux, et qui vous invitent à partager les leurs. Ceux qui gardent leurs commentaires négatifs pour eux et qui, si on leur demande leur avis, essaient de dire la vérité de la manière la plus indolore possible. Ceux qui vous envoient des pensées affectueuses dans les moments difficiles – juste un texto ou un mail de deux lignes, mais qui vous rappelle que vous n’êtes pas seul. Ceux qui vous disent « Si je peux faire quoi que ce soit, n’hésite pas à m’appeler », et qui sont sincères. Ceux qui ne veulent pas de mal même aux gens qui leur ont fait du tort. Ceux qui, confrontés à une personne difficile, vont se dire qu’elle passe peut-être une mauvaise journée au lieu de penser que c’est une harpie. Ceux qui parleront gentiment à cette personne au lieu de lui crier dessus. Ceux qui se gardent de colporter des ragots ou de casser du sucre dans le dos des gens. Ceux qui ont de petites attentions spontanées pour embellir la vie de leurs proches. Ceux à qui donner fait au moins autant plaisir que recevoir, et qui choisissent leurs cadeaux avec soin au lieu de considérer ça comme une corvée dont il faut se débarrasser au plus vite. Ceux qui, dans leurs relations sociales, sont plus préoccupés par l’harmonie que par le pouvoir. Ceux qui font des choses parce que c’est juste, et pas parce qu’ils attendent des félicitations. Ceux qui cèdent leur place dans le bus, et qui aident leur voisine âgée à monter ses courses. Ceux qui essaient de se mettre à la place des autres, et qui les traitent comme ils aimeraient être traités eux-mêmes. Ceux qui ont la générosité discrète. Ceux qui sourient souvent, même quand ils auraient des raisons de faire la tête. Ceux qui répondent toujours présent quand vous avez besoin d’eux. Ceux qui s’abstiennent de juger. Ceux qui vous soutiennent dans vos choix même s’ils ne les comprennent pas. Ceux qui vous donnent la certitude que tant que vous les aurez dans votre vie, vous vous sortirez de tout.
Plus jeune, les gens que j’admirais par-dessus tout étaient ceux qui avaient de la culture et de l’esprit. On change. Je suis toujours sensible à la culture et à l’esprit, mais moins, désormais, qu’à la gentillesse et à la bienveillance. Ce sont les qualités que je recherche chez mes proches, les qualités qui me séduisent à tous les coups, les qualités que je tente de développer chez moi malgré une tendance naturelle au cynisme assez prononcée. Le chemin est long.

12 réflexions sur “Les bienveillants”

  1. Je suis bien d'accord avec toi, et je trouve souvent agaçante l'amalgame qui est fait entre gentillesse et bêtise car pour moi aussi la gentillesse (la vraie celle qui est désintéressée) est une qualité rare.

  2. La gentillesse et la bienveillance, d'accord. Mais associées à suffisamment de force pour esquiver les coups, sinon, ces qualités peuvent venir à se retourner contre soi.
    À l'heure actuelle, je commence à comprendre qu'une part de moi est "fondamentalement gentille", que je suis ainsi, que c'est ma manière de fonctionner. C'est malheureusement aussi cette part de moi qui m'a valu ce que je traîne comme douleurs actuellement.
    Pris individuellement, les gens apprécient les gentils et/ou bienveillants, mais dès qu'il est question de travail, de groupes ou de la société en général, il ne fait pas toujours bon l'être.

    Mélusine

  3. Je ne suis pas du tout d'accord… Premièrement, être bienveillant ne signifie pas prêter le flanc à toute les attaques, ni tendre l'autre joue. Deuxièmement, à long terme en tout cas, ce n'est pas en terrorisant tes collègues et/ou tes subordonnés que tu te feras une belle carrière (sans parler d'une vie heureuse). Les meilleurs managers que je connais sont ceux qui ont su instaurer une relation de confiance et de respect avec leur équipe. Les gens donnent le meilleur d'eux-mêmes quand on utilise la carotte, pas le bâton. Je développerais volontiers mais je n'ai pas le temps là. L'objet d'un futur billet, peut-être?

  4. Comment dire… La bienveillance n'est pas une absence de force ou de caractère, c'est un choix de vie, de relation au monde et aux autres.

  5. Cécile de Brest

    Je crois que la bienveillance nécessite un certain recul par rapport aux choses de la vie. Je ne l'ai pas encore ce recul, mais je persévère !
    Quant au choix de mes amis, si l'on peut appeler ça un choix parce que finalement je n'ai jamais eu l'impression de choisir mais plutôt de conserver, conserver ceux qui pensent à vous même quand vous êtes à des milliers de kimomètres, même quand ils ont des soucis. Parce que leur vie ne tourne pas autour de leur seule personne.
    Ce n'est pas si courant ce genre de personne…

  6. "Premièrement, être bienveillant ne signifie pas prêter le flanc à toute les attaques, ni tendre l'autre joue. Deuxièmement, à long terme en tout cas, ce n'est pas en terrorisant tes collègues et/ou tes subordonnés que tu te feras une belle carrière (sans parler d'une vie heureuse)."
    Je suis tout à fait d'accord avec toi là-dessus. Peut-être me suis-je mal exprimée, ce n'est pas grave. Moi aussi j'ai encore beaucoup de chemin à faire 🙂

    Mélusine

  7. C'est un sujet vaste, complexe et intéressant… Et oui, notre vision personnelle des choses évolue au fil du temps. En tout cas, je comprends que tu ressentes un certain besoin de t'endurcir pour résister aux aléas de la vie (restons dans le flou ^^). Mais ta gentillesse innée est une belle qualité que tu parviendras à préserver, j'espère 🙂

  8. J'ai aussi un coté vraiment bienveillant, mais qui m'a valu beaucoup de déboires ado, et qui s'est retrouvée sous cloche quelques années. J'ai soulevé la cloche, de nouveau…Mais j'ai davantage de recul maintenant. Bonne, mais certainement pas conne !

    Mais je suis tout à fait d'accord avec ton texte, sauf deux tout petits minis points : le lapin, c'est delicieux, avec des amandes et de l'ail, et puis on doit vraiment cocher toutes toutes les cases ?
    (parce que le languedeputifiage en terrasse de café au sujet des bretelles de soutif apparentes, ou des strings qui partent à l'assaut hors du pantalon, j'aime bien :D..)

  9. Y'a des niveaux dans le languedeputage… Se moquer d'un string qui dépasse, ça ne me paraît pas bien méchant. Par contre, je trouve que les attaques personnelles rabaissent davantage les gens qui les font que ceux qui en sont l'objet. Du coup, j'essaye d'arrêter. (Mais il m'arrive encore de fauter, parfois, je l'avoue!)

  10. Je ne crois pas que la bienveillance sincère soit incompatible avec un certain cynisme.
    En tout cas j'essaie, de toutes mes forces, de concilier les deux.

  11. Si tu me le permet, je vais exprimer un peu de ce que j'ai ressenti en te rencontrant pour de vrai (je te laisse juge quand à la publication ou non de se commentaire 😉 ).

    Au travers de ton blog, je t'imaginais un peu plus piquante, plus imposante. Et j'ai était surprise, parce qu'en te découvrant, je n'ai pas vu la personne forte en tête que j'imaginais, mais quelqu'un de chaleureux. Et je retiens de notre rencontre ce petit moment dans mon bolide après avoir déposé Funambuline à la gare. Depuis ce moment là, dans mon esprit, il n'y a aucun doute, tu es quelqu'un de bienveillant.

    J'ai pendant longtemps voulu être méchante, il me semblait que le monde était beaucoup plus clément avec les gens qui s'imposent et puis, je me rends compte avec le temps que ce n'est pas moi. Hier, j'ai appris que mon beau-frère venait de se séparer. Ça m'a fait un gros "boum" au coeur et pourtant, j'étais très loin d'avoir des affinités avec la demoiselle. Et puis, la personne qui me racontait la rupture m'a raconté à quel point elle n'avait pas était très correcte avec mon beau-frère et j'ai pensé du mal d'elle. Dans la minute qui a suivit, je m'en suis voulue et ça m'a travaillé un bon moment, parce que je n'ai pas à la juger, ce n'est pas mon histoire. Bref, je me dis qu'on ne peut pas être un gentil parfait, mais l'essentiel c'est de savoir qu'on en fait partie…

  12. Damned. Je suis démasquée.

    Blague à part, ça fait plaisir de te revoir sur le net, j'espère que tes problèmes de connexion sont démasqués.

    Et je ne pense pas qu'être bienveillant soit être vertueux 100% du temps. C'est difficile de se défendre contre des pensées peu charitables, et puis c'est humain d'en avoir. L'important, je trouve, c'est de savoir ne pas dire n'importe quoi au risque de blesser les gens en face, de rechercher l'attitude qui aide plutôt que celle qui blesse. En tout cas, depuis que j'essaie de le faire, j'ai des rapports aux autres beaucoup plus sereins et globalement satisfaisants.

    (Et merci pour cette gentille appréciation, bien sûr!)

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