Ce qui se passe dans le cerveau d’une angoissée chronique

Liste de mes inquiétudes avant d’arriver à Monpatelin:
– Je n’ai reçu ni ma taxe d’habitation ni ma taxe foncière; elles arriveront plus tard, à un moment où je ne serai pas là pour les régler à temps.
– Scénario alternatif: j’ai reçu ma taxe d’habitation et ma taxe foncière, mais exceptionnellement, l’une d’elles était à régler avant le 13 octobre.
– Malgré mes protestations véhémentes, le service de contrôle de la redevance m’a imposée d’office et me réclame 120€ pour un poste que ne possède plus depuis des années (et dont je ne me servais pas même quand je l’avais).
– L’IRCEC n’a reçu ni mon mail ni mon courrier et m’a maintenue en catégorie de cotisation D au lieu de me faire passer en A comme je l’ai réclamé; je dois donc verser au débotté 1500€ que je n’ai pas.
– J’ai mal fermé mon congélateur en partant la dernière fois; l’eau a coulé partout sur le sol et la nourriture a pourri, empuantissant tout l’appartement.
– La façade jamais ravalée depuis la construction de l’immeuble commence à ne plus être étanche et les infiltrations ont fait pourrir ma bibliothèque ainsi qu’une bonne partie de son contenu.
– Les fourmis sont de retour, et elles ne sont PAS CONTENTES que j’aie tenté de les exterminer; pendant que je dormirai, elles recouvriront mon corps immobile et me déchiquèteront avec leurs mandibules voraces.
– Ma Freebox est de nouveau en panne et doit être changée pour la 3ème fois depuis le début de l’année. En attendant, pas d’internet à la maison (l’horreur).
– Ma Freebox fonctionne, mais le service de réservation de la SNCF est encore en rade le 13 au matin, et c’est la croix et la bannière pour obtenir un Bruxelles-Monpatelin + un Monpatelin-Toulouse en période de fêtes, surtout à un tarif vaguement décent.
Liste des contrariétés avérées dans la liste précédente:
– Aucune.
Liste des contrariétés non attendues et néanmoins avérées:
– Le responsable de l’opération « Les matchs de la rentrée littéraire », chez Price Minister, s’est planté et m’a envoyé « Freedom » de Jonathan Franzen (déjà lu en VO et détesté), à la place de « Des vies d’oiseaux » de Véronique Ovaldé que je m’étais engagée à chroniquer.
Liste des contrariétés non attendues, néanmoins avérées et non résolues:
– Un petit mail, et le monsieur de chez Price Minister a promis de me renvoyer le bon bouquin dès demain en m’accordant un délai supplémentaire pour le lire et rédiger mon article. Donc, euh… aucune.
Je commence à en avoir assez de flipper pour des choses qui n’arriveront peut-être, voire sans doute, jamais. (Enfin, il faut voir. Je suis sûre que les fourmis sont des créatures vicieuses et assoiffées de sang.) J’ai réussi à juguler mon angoisse de la maladie; maintenant, il faudrait que j’apprenne à devenir un poil plus confiante par rapport aux petits tracas du quotidien…
Illustration trouvée ici.

12 réflexions sur “Ce qui se passe dans le cerveau d’une angoissée chronique”

  1. ça fait tout bizarre ce poste, c'est comme si ce lieu physique qu'est cet appartement vide une partie de temps se superposait à un autre lieu, impalpable celui-là, la case "angoisses" du cerveau…
    Mais j'arrête là la psycho-philosophie de garage et retourne à la gestion de mes petits tracas que je grossis aussi comme des maisons:-)
    J'aime beaucoup l'idée de lister les inquiétudes, au regard de ce qu'il s'est réellement produit. Diablement efficace!
    Courage dans ta quête de sérénité du quotidien et bises en passant 🙂

  2. Cécile de Brest

    Je connaissais cette façon de vivre qui consiste à s'angoisser avant pour des événements qui peut-être n'arriveront jamais.
    Mais tout ça est derrière moi depuis cet été…
    Je suis allée consulter un magnétiseur pour régler mon problème de migraines qui me gâchait la vie. Franchement, je n'y croyais pas à cette histoire de magnétiseur même si ça avait fonctionné pour des proches (et pour des raisons autres que la migraine). Je l'ai vu 2 fois, cet homme, et depuis, plus rien !! Plus de migraine (depuis le mois d'août, ça ne m'était JAMAIS arrivé)et surtout plus de stress ni d'angoisse (de toute façon, c'est lié). Ma vie a complètement changé, je suis beaucoup plus zen.
    Conclusion, ce monsieur est un saint.
    Je te donne son adresse si tu veux…

  3. Cécile de Brest

    C'est clair, il est très loin de chez toi. Je sais qu'on vient le voir de très loin aussi parce qu'il est très réputé.
    Et puis ça peut être une excuse pour partir en vacances, il est dans une région touristique… !

  4. Ca m'intéresse le livre dont parle Céline !

    Je me crée moi aussi des angoisses qui me bouffent la tête… Il serait bon de m'en débarasser !

    @Cécile de Brest: dis, j'ai changé d'adresse email et du coup je n'ai plus la tienne, et aimerais t'envoyer des miennes… Si le coeur t'en dit, tu peux m'écrire à monnommonprenom@gmail.com 🙂

  5. Ahah, même si j'ai (un peu) progressé sur la voie du lacher-prise sur les tracas quotidiens, je ne suis pas la seule à me faire des films et à grossir les petites tuiles du quotidien !

    Et puis en fait, bonne idée de les lister, et comparer ce qu'il s'est vraiment passé !

  6. Cécile de Brest

    @ londoncam : ça roule, je t'envoie des nouvelles dès que j'ai 2 minutes !
    @Armalite : je t'envoie l'adresse ce week-end

  7. Angoissée chronique, je me retrouve dans ce que tu écris.

    La vie m'a offert cet été une leçon pour me faire comprendre que je ne peux pas tout contrôler et que je peux m'angoisser pour tout un tas de choses, je ne peux pas tout prévoir. Je m'en serais volontiers passé (à cause des conséquences assez lourdes) mais finalement, cela m'a malgré tout enlevé un poids et je me trouve plus sereine (la grande question étant : cela durera-t-il dans le temps ?).

  8. Ha bein je me sens aussi moins seule!
    Moi j'angoisse à chaque fois que je pars (j'ai oublié le chargeur gsm, mon chat va se choper un truc incurable et va mourir sans moi, je n'ai pas éteint le gaz d'un bec de ma cuisinière et en fait, je vais tuer mon chat et exploser mon appart, …). Mais un truc m'est arrivé: la seule fois où je n'ai pas angoissé… J'ai effectivement oublié mon chargeur gsm. Du coup, maintenant, si j'angoisse, je sais qu'en fait, tout va bien. C'est le jour où je n'angoisserai pas que je devrai m'inquiéter (le serpent qui se mord la queue? Non, je connais pas…).

Les commentaires sont fermés.

Retour en haut