Borders, c’est fini

La deuxième plus grande chaîne de librairies américaine met la clé sous la porte, et un petit pan de mon histoire personnelle disparaît avec elle.
En 1997, alors que j’étais en plein divorce, je suis partie sur un coup de tête vivre aux Etats-Unis. Pas dans un endroit glamour genre New York ou San Francisco, non: à Lancaster, une petite bourgade de Pennsylvanie qui, pour tout titre de gloire, pouvait se vanter que certaines scènes du film « Witness » avaient été tournées dans sa gare ferroviaire. A moins d’être branchée travaux des champs, il n’y a pas grand-chose d’excitant à faire en pays amish. Mon futur-ex-mari m’appelait plusieurs fois par semaine pour menacer de se suicider, de mettre le feu à mes chats et de jeter mes affaire sur le trottoir (ou l’inverse); j’étais en situation complètement illégale; j’habitais dans un sous-sol sans lumière et je déprimais sec.
Le seul rayon de soleil dans ma vie, c’était mes nombreuses visites au Borders local. J’ai passé des après-midi entières assise dans ses canapés en cuir craquelé, à siroter du Diet Snapples à la pastèque tout en dévorant des magazines et une quantité effarante de bouquins de self-help – genre alors quasi inconnu en France. C’est là que j’ai découvert « Feeling Good: The New Mood Therapy » de David Burns, qui a radicalement changé ma façon de voir ma vie, et les muffins à la myrtille qui n’ont rien changé mais ont considérablement réjoui mon estomac. En cette année difficile, le Borders de Lancaster a été mon seul sanctuaire et l’une des rares choses qui m’ont empêchée de craquer complètement.

2 réflexions sur “Borders, c’est fini”

  1. Un livre que je devrais sans doute lire ! et faire lire (notamment le chapitre sur comment ne plus être perfectionniste 😉 ).

    (je le commanderais bien, mais pour avoir les frais d'envoi gratuits, il faut que je rajoute des choses à mon panier, et ça, c'est mal !)

  2. Myriam, qui n'est plus une elfe fée

    C'est triste.

    Passionnée par les livres, ça me fait mal que les gens ne "veuillent" pas acheter de livres. L'article parle du fait qu'ils se sont mis au livre numérique en trainant la patte. J'ai du mal à croire que ce soit ce qui les a fait chuter.

    Je suis peut-être naïve mais pour moi il y aura toujours des gens pour acheter des livres. Moins ? Peut-être à cause du fait qu'il est plus facile de mettre une ds entre les mains d'un gamin plutôt qu'un livre pour qu'il se tienne tranquille. Le goût de la lecture se développe peut-être alors moins. La nouvelle génération fuit ce qu'elle considère comme un loisir d'un autre temps?
    Le prix des livres a-t-il augmenté à ce point ? Je ne peux moi même pas lire certains livres à cause de leur prix. Je trouve ça si dommage.

    Je suis désolée qu'un lieu avec de tels souvenirs pour toi ferme ses portes.

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