Les pivoines de Gabrielle

Au début des années 90, Gabrielle et moi fréquentions le même cercle de jeux de rôles; nous sévissions dans les mêmes tournois et les mêmes GN. Mais 6 ou 7 ans nous séparaient. C’est beaucoup à cet âge-là. Du coup, nous ne faisions pas partie de la même bande de potes. Je l’apercevais de loin en loin, et parce que les filles étaient plus que rares dans ce milieu, j’avais repéré sa longue chevelure noire, son teint pâle, son petit nez pointu et sa façon gouailleuse d’apostropher les gens. Sans être mon amie, elle faisait partie de mon paysage.
L’an dernier, sur Facebook, je retrouve le petit frère d’un de mes potes de cette époque. Surprise: il est marié à Gabrielle, qui ne tarde pas à rejoindre la liste de mes contacts. Pendant quelques mois, elle commente mes statuts et réciproquement. Je jette un coup d’oeil à ses photos. Tiens, elle est rousse maintenant. A part ça, elle n’a pas beaucoup changé. On dirait qu’elle est prof de français, qu’elle n’a pas d’enfants, qu’elle adore les films de Miyazaki et les chats. Il doit y avoir moyen de s’entendre.
Et puis quand je lance l’idée du swap d’été, Gabrielle demande si elle peut en être. Ce sera avec plaisir. Au fil de ses interventions sur le forum, je la découvre aussi enthousiaste que dans mon souvenir, un peu complexée par son physique alors qu’il n’y a pas de quoi, hyper amoureuse de celui qui restera toujours pour moi « le petit Bastos » (même s’il doit largement dépasser le mètre quatre-vingts). Le jour où je demande si ça intéresse quelqu’un de récupérer les fournitures de scrap que je n’utilise plus et qui m’encombrent inutilement, elle répond qu’elle avait justement l’intention de se mettre au scrap, que oui, elle a une voiture et qu’elle passera volontiers chercher tout ça à Monpatelin.
Elle est venue cet après-midi. S’est un peu paumée dans le village et a dû se faire guider par téléphone sur les derniers 500 mètres. Est arrivée toute confuse, les bras chargés de cadeaux. Le matin même, j’avais mentionné sur Facebook que je me serais bien acheté un bouquet de pivoines sur le marché, mais que je ne n’avais pas de vase chez moi. Gabrielle m’en a offert un, tout simple et très joli, avec le bouquet pour mettre dedans. Et un mini-set de vernis OPI en prime. « Je n’y connais rien, s’est-elle excusée, je ne savais pas trop quoi prendre ». Comme si on pouvait être offensé par la gentillesse de quelqu’un…
Les pivoines une fois retaillées et disposées dans leur vase, nous nous sommes assises sur Chloé-Jasper mon canapé transsexuel avec un verre de jus de pomme, et nous avons commencé à bavarder… jusqu’à ce que le téléphone de Gabrielle sonne. C’était son-mari-cet-homme-merveilleux (a.k.a. « le petit Bastos », donc) qui sortait du travail et qui s’étonnait de ne pas la voir alors qu’elle avait dit qu’elle passerait le chercher. Là, nous nous sommes rendu compte qu’il était 18h15 et que nous papotions à bâtons rompus depuis deux heures et demie. Franchement, je n’avais pas vu passer le temps. Et comme je suis sûre que nous avons encore plein de choses à nous dire, la prochaine fois, nous nous retrouverons à La Théière pour un goûter de filles – et qui sait, peut-être ferons-nous une petite virée shopping chez La Fiancée du Pirate?
Gaby, si tu passes par ici: merci pour cet après-midi. Tes pivoines m’ont touchée plus que je ne saurais dire.

4 réflexions sur “Les pivoines de Gabrielle”

  1. Pourquoi mais pourquoi n'y a-t-il pas de chouettes boutiques de filles comme semble l'être La Fiancée du Pirate (Même si ça sent le piège à la première photo) sur Nancy ou les villes environnantes ? 🙁

    Mélusine dépitée

  2. Ah mais jusqu'à ce que la Fiancée du Pirate ouvre, il n'y en avait pas non plus à Monpatelin! Tout espoir n'est pas perdu pour Nancy ^^ (Et sinon, y'a clairement un créneau à exploiter, au cas où l'histoire de l'art ne nourrirait pas sa Mélusine!)

  3. La Culture, ça nourrit ? 😮 (J'ai espoir. Un peu. Il va falloir apprendre à défoncer des portes soigneusement fermées dans des milieux qui pratiquent toujours la cooptation -_- mais j'avoue qu'on commence à me parler de "reconversion". Ta suggestion est de loin la plus alléchante sur ce sujet ^^)

    Mélusine

  4. Sur les blogs, il manque le "J'aime" de FaceBook, qui parait souvent un peu vain, mais qui, parfois, résume tout ce qu'on pense à la lecture d'un billet 😉

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