En décembre 93, suite à un accident de pilule doublé d’une imprudence de ma part, je suis tombée enceinte. Je venais juste de m’installer dans une ville où je ne connaissais personne; j’étais sur le point de me faire virer de mon boulot et le géniteur avait déjà une petite amie officielle. De toute façon, même si les conditions idéales avaient été réunies, je savais que je ne voulais pas d’enfant, ni maintenant, ni jamais. Donc, j’ai entamé la procédure pour subir un avortement.
Ma grossesse était encore très récente, mais comme à cette époque préhistorique, le RU 486 n’existait pas, ma généraliste m’a envoyée dans une clinique pour une IVG chirurgicale. Je vous passe l’entretien obligatoire avec la psy et le délai imposé de 7 jours avant de pouvoir procéder à l’opération. Le jour venu, sur le conseil de ma généraliste, j’avais emporté un baladeur afin de ne pas entendre les bruits de l’aspiration. L’infirmière de service a refusé que je l’utilise au prétexte que « je devais bien me rendre compte de la gravité de mon acte ». Et quand ça a été fini, elle m’a agité la bassine avec le foetus sous le nez en me demandant si je voulais voir. Comme quoi, les hommes n’ont pas le monopole de la connerie, de l’intolérance ou de la misogynie.
Bref. Tout ça pour dire que malgré des conditions assez pénibles (solitude, culpabilisation…), cette histoire ne m’a pas traumatisée. Je n’ai pas remis ma décision en cause quand j’ai fini par épouser le géniteur, et je me suis même félicitée de mon choix lorsque nous avons divorcé quelques années plus tard. Je n’ai pas l’impression d’avoir commis un meurtre, et quand j’y pense en me disant « Tiens, si je l’avais gardé, aujourd’hui il aurait tel âge », c’est avec un frisson de soulagement. Je l’ai échappée belle. J’ai pu disposer de mon corps comme je l’entendais, et comme toute femme devrait pouvoir le faire.
Il se trouve qu’aujourd’hui, le droit à l’avortement est remis en cause un peu partout: aux Etats-Unis où l’on flingue les gynécologues qui pratiquent encore des IVG dans certains états, mais aussi en France. De plus en plus de médecins culpabilisent leurs patientes ou les poussent, semble-t-il, à opter pour le RU 486 même en cas d’avortement tardif, parce que la procédure chirurgicale est mal rémunérée et jugée peu valorisante. Même si j’ai actuellement autant de chances de tomber enceinte qu’une plaque de chocolat de survivre plus d’une demi-heure dans un rayon de quinze mètres autour de Chouchou, je trouve ça scandaleux. Les générations de femmes qui viendront après moi ne peuvent pas avoir moins de droits. C’est inconcevable. Voilà pourquoi j’ai signé ce manifeste. Si vous êtes dans le même cas que moi, je vous invite à en faire autant.
Entièrement d'accord !
En tout point de vue, puisque j'ai fais le même choix : ne pas avoir d'enfant.
Toutes les femmes du monde devraient pouvoir disposer de leur corps comme bon leur semble. Sans qu'on les culpabilise ou qu'on les mutile …
Nathalie
Merci pour la puissance claire de ce texte.
En Belgique aussi, et on était trop peu: http://archives.lesoir.be/societe-partisans-et-opposants-a-la-depenalisation_t-20110327-01ARKG.html?queryand=avortement&firstHit=0&by=10&when=-1&sort=datedesc&pos=3&all=2873&nav=1
Merci pour ton article, et pour notre conversation d'hier 🙂
Je me réjouis de voir combien de "salopes" vont signer !
Je suis d'accord.
L'attitude de ces gens qui veulent absolument faire culpabiliser les femmes sur tout ce qui touche à la procréation est scandaleuse. Et ce qu'il s'agisse d'IVG, de la façon dont on veut gérer grossesse et accouchement, l'allaitement, etc. Ces gens qui veulent décider pour les autres sans même tenter de se mettre un instant à leur place, dans tous les domaines, y'a de quoi gerber.
Surtout quand, dans le cas de l'IVG, il peut y avoir des histoires très complexes derrière. Et je ne parle pas des abrutis qui, comme je l'ai déjà entendu dire, ont parlé à des mères venus faire une IMG (interruption MEDICALE de grossesse) comme si elles venaient faire une IVG… C'est le même acte médical, oui, mais pas du tout la même histoire derrière.
… Bon je vais vomir donc, et quand je reviendrai je vais partager le lien, je crois. L'IVG est un droit extrêmement important, et on n'a pas besoin de se croire capable de l'envisager pour le défendre.
/D.
C'est abominable cette manière de procéder…
Il y a 5 ans maintenant, j'ai fais une fausse-couche. Je ne voulais pas passer par une intervention, j'ai donc demandé une IG médicamenteuse. Et bien j'ai dégusté, vraiment, c'était immonde, douloureux et j'ai de toute façon fini par me faire cureté.
Ma tante pendant sa formation de nurse en l'an 10 avait gardé des documents concernant l'avortement. Ces documents montraient des photos de membres, de sac rempli de chair, j'ai trouvé ça vraiment très gore. Le but était uniquement de culpabiliser les femmes et de les cantonner dans leur rôle d'utérus sur patte.
Je ne suis pas féministe dans l'âme, loin de là, mais je défends le droit à disposer de son corps comme on le souhaite. Surtout, sans être jugé par des gens qui n'agissent qu'au nom d'une moralité qui n'a plus lieu d'être dans notre société actuelle.
C'est incroyable la malveillance de cette femme à l'hôpital.
A partir du moment où cet acte est légal, elle n'a rien à dire ou elle va travailler ailleurs.
En tout cas merci pour le lien, je suis allée défendre mes droits.
Merci pour ce texte et pour cette pétition que je me suis empressée de signer.
Le droit à l'IVG est une de ces causes que je n'arrêterai jamais de défendre.
A signé bien sur, je suis une salope qui revendique le droit de disposer de son corps
Ton texte prouve bien que malgrès les progrès, le combat est loin d'être fini
Ayé, c'est signé !
C'est dingue qu'on est encore à signer ce type de pétition !
Je me souviens très bien de cette épreuve que tu as traversée… et je suis d'accord avec toi, l'IVG est un droit. Je n'y ai jamais eu recours, mais il ne faut jamais dire jamais. Je serai donc une salope de plus.
J'ai subi une ivg il y a 30 ans et une hystérectomie un peu plus tard….merde, ce sont les meilleures décisions que j'ai prises de toute ma vie et je n'ai pas honte de le dire. Sylvie-Québec
Et je viens de signer même si je ne réside pas en europe ! Sylvie-Québec
Je signe des deux mains et des deux pieds!
Certaines infirmières feraient bien de changer de métier. C'est le cas de celle que tu as croisée en 93, c'est le cas de celle qui m'a "soignée" (?) lors de ma fausse-couche en 2009. Alors que je me tordais de douleur suite à l'opération, me toisant, m'infantilisant, elle m'a dit "ce que vous avez eu, ça ne fait pas mal". Grosse connasse. Ma main dans ta gueule. Faut pas se demander comment elle m'aurait traitée si j'avais été là pour une IVG.
Gren: et oui, d'ailleurs je crois que c'est ton chéri qui m'avait ramenée de la clinique…
Toutes: merci pour votre solidarité!
Et bien moi, je ne signerai pas…
Je suis bien entendu POUR le droit à l'avortement et le droit à faire ce que l'on veut de son corps. Mais accepter de me faire traiter de salope, j'en suis incapable =)
Ma mère a subi un avortement (les aiguilles à l'époque hein, rien à voir) et a toujours refusé d'en être fière, je suis son chemin.
Et puis ma meilleure amie adopte et pour elle aussi, un parcours du combattant, l'horreur à l'état brut, des abominations que j'ose à peine imaginer pour un couple qui ne veut que donner de l'amour. 3 années de galère et ils n'en sont pas encore sortis.
N'oublions pas les autres, celles qui en veulent, celles qui les perdent et celles qui ne savent pas en avoir et qui souffrent aussi d'injustices, certes différentes mais pourtant présentes =)
Voilà pourquoi je ne signerai pas, c'est mon avis =)
Gridou: les droits, c'est pas comme un pain au chocolat: quand tu en donnes à quelqu'un, tu n'en prives pas d'autres personnes ^^ Et je n'ai jamais dit que j'étais fière d'avoir avorté, juste que c'était pas un traumatisme. Après bien sûr, chacune fait ce qu'elle) veut (signer ou pas), c'est justement de liberté qu'il est ici question!
Merci pour ce post. J'ai signé hier, des deux mains. Ma mère est l'une des 343 originelles, elle a subit plusieurs avortements très douloureux dans sa vie pour des raisons médicales mais c'est notre corps, c'est notre vie, c'est notre choix.
Ce que je trouve traumatisant c'est l'attitude de l'infirmière. Je trouve que c'est courageux de subir un IVG.
Je ne dirais pas que c'est courageux. UNe IVG, c'est moyennement rigolo, mais comparé au fait d'avoir un enfant quand tu n'en veux pas, le choix est vite fait! Entre deux maux, tu choisis celui qui te paraît le moindre, c'est tout.
Je voudrais juste réagir sur le comm de Gridou…Moi je voudrais bien en avoir, mais c'est très compromis. Et ça ne m'empêche pas de défendre autant que les autres le droit à avorter. ça ne diminue ni augmente mes probabilités d'en avoir.
C'est comme quand mes grand parents me faisaient la leçon au sujet de mon assiette : finir mon assiette, parce que beaucoup d'enfants n'avaient pas ma chance. Mais finir ou pas mon assiette n'aurait rien pu faire contre la faim dans le monde….La, c'est pareil…
Bonjour
Merci relayé l'appel.
Nous avons ouvert un blog
http://blog.jevaisbienmerci.net/
destiné à recueillir les témoignages, à se retrouver, à réfléchir à la réalisation de matériel.
Nous aimerions beaucoup que tu y publies ton témoignage, il est vraiment intéressant (il y a une rubrique prévue).
C'est aussi un appel à tes commentatrices, si elles veulent témoigner, rendez-vous sur notre blog! Votre anonymat sera bien sûr respecté (sauf cas contraire)
Merci