Chez le petit-grand sorcier

Hier, j’ai pris le train de 12h01 jusqu’à la Hulpe pour me rendre à mon premier rendez-vous avec le « grand sorcier hypnotiseur » recommandé par Sara. Une demi-heure de train et presque autant de marche à pied pour gagner la maison de ce monsieur, il fallait être motivée quand même! Heureusement qu’il faisait beau; je frémis d’imaginer le même trajet début décembre pendant les grosses chutes de neige.
Contrairement à ce que son nom pourrait laisser penser, le grand sorcier n’est pas du tout impressionnant. C’est un petit bonhomme à lunettes rondouillard et à moitié chauve, qui a la même manie que moi de se déchausser et de s’asseoir sur une de ses jambes repliées en remuant les orteils de l’autre. Du coup, je me suis sentie plus détendue avec lui dès le début que je n’avais jamais réussi à l’être pendant toute ma thérapie avortée avec Mme MonExPsy.
Quant à sa technique… il appelle ça de l »autosuggestion »; en réalité, ce n’est ni plus ni moins que la visualisation pratiquée par Catherine et Claudia: c’est-à-dire (en gros) qu’il propose des scénarios ou des situations dans lesquels le patient doit se placer mentalement pour reprogrammer son cerveau. Son approche est beaucoup moins structurée, beaucoup plus brouillonne que celle de mes profs. Mais j’ai trouvé ça bien de profiter d’une séance en tête-à-tête. Le petit sorcier rondouillard a fait plusieurs remarques très pertinentes et n’a pas compté son temps: la séance prévue pour durer 1h30 a finalement frôlé les 1h45. Je pense que je vais continuer à le voir pour travailler entre les deux ateliers annuels de Catherine à Bruxelles. Parce que contrairement à l’EMDR que pratiquait Mme MonExPsy, la visualisation est une technique qui fonctionne vraiment sur moi.
Pendant qu’on parlait des origines de ma phobie, j’ai tout à coup eu une illumination. Si j’ai commencé à dérailler après la mort de Brigitte, si j’ai encaissé si durement la souffrance de mon père pendant sa maladie, c’était… par solidarité. J’ai souffert rétrospectivement pour mon amie et en temps réel avec mon père parce que c’était une façon de ne pas les abandonner, de leur montrer ma loyauté. La chose que je trouverais la plus difficile si je tombais malade, c’est de savoir que même entourée (ce qui ne serait pas forcément le cas…), je serais seule face à mon crabe, seule à me battre et à vaincre ou à mourir. Et comme j’essaie toujours de donner aux autres ce que j’aimerais qu’ils me donnent si nos positions étaient inversées, j’ai poussé l’empathie jusqu’à m’approprier mentalement leur maladie, sous la forme d’une angoisse paralysante. Juste pour les accompagner.
Vous me direz que c’est idiot, que ma souffrance mentale n’a pas soulagé mon père un seul instant et que si j’avais eu moins de volonté à faire ce qui devait être fait, quoi qu’il m’en coûte, ça aurait même pu m’empêcher d’être là pour lui. Je sais. Mais sur le coup, je ne me suis pas rendu compte de tout ça – et quand bien même je m’en serais rendu compte, il n’est pas dit que ça aurait suffi à désamorcer le mécanisme. Maintenant, je sais, et je dispose de bases plus solides pour travailler à éradiquer mes angoisses. Il me semble avoir fait un grand pas en avant hier.

5 réflexions sur “Chez le petit-grand sorcier”

  1. C'est la première fois que je laisse un commentaire. Miss Sunalee m'avait dirigée vers toi parce que j'avais fait un article sur l'endométriose mais je n'avais jamais eu l'occasion de me poser par écrit. Ca fait un peu du bien de lire ça, j'ai l'impression d'être aussi comme toi et je me sens du coup un peu moins cruche 🙂 Je n'ai pas de phobies à ma connaissance à soigner mais il est clair qu'au final, ça ne me rend jamais service d'être si empathique (ça fait même le contraire des fois). Malheureusement, ça fait partie de moi et même si je sais que ce n'est pas toujours bon, je n'arrive pas à m'en empêcher. Cela dit, il y a des fois où je me rassure en me disant que je suis certainement bien plus humaine que d'autres et que je vis sans doute certaines choses plus intensément. *On se rassure comme on peut 🙂 *

  2. Bienvenue Kim, et merci pource long commentaire. J'ai lu aussi l'article sur ton endométriose mais je n'ai pas commenté, c'est un sujet trop sensible et trop angoissant pour moi… Mais je cherche des "remèdes", et si je trouve quelque chose qui fonctionne j'ne parlerai sûrement ici.

  3. Se rendre compte est déjà énorme…c'est en effet un grand pas en avant qui je l'espère va t'apporter de la sérénité. Bisous et Big Hug.

    (ça a été pareil pour moi le jour où j'ai compris que je ne pouvais pas vivre la vie des autres à leur place et leur éviter de souffrir…ensuite il y a encore du chemin mais on avance mieux)

  4. Contente de lire que ça s'est bien passé…Et je confirme, l'empathie, c'est parfois un gros boulet !

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