Back au fond de l’abîme

Je viens de passer une journée délicieuse: déjeuner au bord de mer avec Etre Exquis par un temps frais mais ensoleillé, balade en ville avec achat de quelques DVD en promo à la Fnac et d’une bédé sympa dans une petite librairie que j’adore, goûter-lecture à La Théière et fondue bourguignonne chez mes amis Christophe et Christine.

De toute cette journée délicieuse, il ne s’est pas écoulé une minute pendant laquelle je n’ai pas eu envie de me rouler en boule dans un coin pour sangloter d’angoisse.

Après l’atelier avec Catherine, je pensais avoir fait un grand pas en avant. J’ai traversé tout le mois de décembre avec une attitude positive et beaucoup de combattivité. Je ne me croyais pas tirée d’affaire, mais je me sentais avancer sur la bonne voie, et j’étais pleine d’espoir pour la suite.

Et puis le premier janvier, Chouchou m’a sèchement jeté cette phrase à la figure: « Plus tu stresses, plus tu risques de te déclencher un cancer. » Nous nous sommes disputés. Il ne m’a pas parlé pendant trois jours. Je me suis demandé comment c’était possible que la personne qui me faisait le plus de bien soit aussi celle qui me faisait le plus de mal. Et face à son affirmation habituelle qu’on « n’allait pas pouvoir continuer comme ça », j’ai définitivement renoncé à mon projet de transférer ma résidence principale en Belgique.

Depuis, je suis retombée au fond du gouffre. Pas de résidence principale en Belgique, c’est la certitude d’être séparée de lui et de voir tout ce qui fait mon quotidien s’effondrer en cas de maladie grave. Si je dois toujours craindre qu’il me vire à la prochaine crise, je ne peux rien construire avec lui, rien faire de concret pour satisfaire le besoin de stabilité qui aiderait partiellement à calmer mes angoisses.

Et plus je stresse, plus j’ai peur de tomber malade justement parce que je stresse… donc plus je stresse, plus je somatise, et plus il me semble que je suis déjà malade. J’ai depuis deux jours des fourmillements dans le bras gauche, un engourdissement de la main et la certitude qu’un crabe est en train de me bouffer le cerveau. Je sais que c’est ridicule, que j’ai plus probablement passé trop de temps à dormir de ce côté ou que je me suis pincé un nerf en tirant le catafalque qui me sert de valise mercredi dernier, mais ça n’y change rien. Mon moral décrit des sinusoïdales folles et épuisantes. J’essaie de méditer, ou au moins de faire des exercices de respiration pour me calmer; mais seule, je n’y arrive pas. J’ai l’impression que tous mes efforts des derniers mois ont été pulvérisés et que je me retrouve à mon point de départ. Depuis trois semaines, je reprends un Xanax chaque soir, et ça ne me fait absolument plus aucun effet.

Parfois, quand je me couche le soir, j’espère ne pas me réveiller le lendemain matin et que c’en soit enfin fini de cette torture mentale.

12 réflexions sur “Back au fond de l’abîme”

  1. Je suis de tout coeur avec toi. C'est difficile d'être sûr des gens qu'on aime. Et j'ai trouvé sa phrase horriblement culpabilisante: on serait responsable de nos cancers? stresse moins et ça ira?

    Courage….

  2. Le stress, ce n'est jamais bien mais apparemment, le stress comme cause du cancer est controversé. On a bien plus de chances d'en attraper un à cause de la cigarette, du soleil et des produits chimiques.
    Si tu n'arrives pas à méditer seule, trouve un autre moyen de te changer les idées: des bêtises à la tv, des jeux (ça peut être assez prenant et ça vide l'esprit), des bouquins, etc.

    Gros bisous en tous cas !

  3. Emilie: oui, c'est aussi ce que je lui ai répondu. Cela dit, le rôle déclenchant du stress est hélas bien réel, même si ce n'est pas automatique et pas non plus le seul facteur à prendre en compte. D'où mon flip.
    Miss Sunalee: oh ben côté clopes et soleil, je ne risque pas grand-chose ^^ Quant aux produits chimiques, il est malheureusement difficile de les éviter vu qu'ils sont partout! Et en effet, je lis beaucoup pour me changer les idées en ce moment. Le tome 2 du Tome de Fer est extrêmement prenant mais pas très très gai (surtout que le père de Catelyn est en train de mourir d'un cancer…), donc je l'ai un peu délaissé pour attaquer "Quatre soeurs", le roman dont a été tiré une chouette bédé dont je parlais il y a quelques jours. C'est une vraie bouffée d'air frais qui fait du bien!

  4. l'envie de ne pas se réveiller, je connais, la peur d'aller se coucher parce que ça rapproche du lendemain et d'une journée de plus à assumer aussi….comme toi, je somatise beaucoup, j'ai un eczéma du cuir chevelu qui en cas de grosse crise m'a fais perdre mes cheveux, j'ai des crispations musculaires qui me bloquent parfois complétement, j'ai des soucis gastriques (qui me font m'imaginer le pire)….rien de grave mais ça ma pourrit bien la vie…
    Tout ça parce que je stresse trop, j'ai toujours été quelqu'un d'angoissé (j'ai de l'eczéma depuis toute petite) mais depuis que j'ai failli perdre mon compagnon suite à une dépression (de lui) j'ai beaucoup plus de mal à relativiser et à gérer mes angoisses…depuis un an je vois une psychologue, je progresse, doucement, mon homme est guéri, les crises s'espacent mais les moments noir sont parfois encore bien présents bloquant complétement ma créativité et mon dynamisme….j'essaye de trouver des "chemins de traverse" j'avance sur autre chose, je me pose avec un thé et un bouquin, je me fais les ongles…j'essaye de ne pas culpabiliser de ne pas être à un autre endroit (à la maison au lieu de mon atelier en train de bosser ou à l'atelier alors que j'ai une pile de repassage qui traine….)
    je me dis que l'important est d'avancer, même si c'est seulement de quelques cm sur la pointe des pieds….que si un soucis parait insurmontable, on peut essayer de l'oublier 24h et cesser de gamberger…si on laisse poser les choses parfois elles sont plus faciles à résoudre, sans être forcement plus dure à traiter que si on les avait attaquer quand elles sont apparues….
    Je te lis depuis quelques temps, et je vois que tu portes beaucoup de choses sur tes épaules…mais que tu travailles aussi beaucoup sur toi pour combattre ce qui te ronge… il est beaucoup plus facile de se laisser glisser au fond du gouffre que de remonter mais la remontée se fait lentement, marche après marche et je crois que si tu regarde deriere toi, tu verras que tu as déjà franchi pas mal de marches!
    Désolée pour la tartine de "psychologie de comptoir" que tu peux supprimer sans que cela me vexe.
    C'était surtout pour te dire bon courage, plein de bisous!

    ps: le "faudrait stresser moins" je l'ai entendu aussi…à bin ma bonne dame si je savais comment on fait, je serait pas là!

  5. Maerie: ne t'excuse pas pour ton commentaire, c'est moi qui te remercie d'avoir pris la peine de m'écrire un message aussi long! (Et j'aime beaucoup le "ah bin ma bonne dame" ^^)

  6. Coucou,

    Je te lis religieusement tous les jours et tes post me font toujours rire ou sourire alors j'aimerais te rendre l'appareil. Malheureusement j'sens que mon action risque d'être bien inefficace… Mais je t'envoie de Belgique toute ma bonne humeur et toute mon énergie pour que tu te sentes mieux!

    Et dis toi que t'engueuler avec ton compagnon c'est déplacer ta colère contre la maladie (de ton papa surement) sur qqun de plus accessible pour toi. C'est donc tout simplement un bon vieux mécanisme de défense contre une peur bien justifiée !

    Et comme a dit Cédric Klapisch, l'optimisme c'est aussi de dire qu'il y a de la tristesse dans la vie, du malheur. Dire que tout va bien, que tout va bien se passer, ce n'est pas de l'optimisme, c'est de la bêtise. : )

  7. Bonjour,

    Cela fait quelque temps que je suis ton blog et ton message d'aujourd'hui m'a beaucoup émue car je m'y retrouve quelque peu.

    Pendant des années, j'ai été victime de grosses crises de spasmophilie qui m'ont pas mal démoli physiquement aussi bien que moralement.
    Concrètement, il n'y a pas de solution miracle pour se débarrasser de toutes ces peurs qui nous habitent mais il y a quelques mois, j'ai découvert un moyen d'y faire face ou d'au moins les gérer en cas de crise. Peut-être as-tu déjà entendu (voire essayé) la sophrologie ? Je suis suivi par une personne qui est vraiment très douce et cela me fait beaucoup de bien.
    Voilà, c'était juste un message pour te soutenir.

    Amicalement.

  8. Merci pour ce (premier?) commentaire Lilie.
    Oui, j'ai entendu parler de sophrologie. Je ne la pratique pas, mais la forme de méditation que je travaille est très axée sur la respiration aussi.

  9. Le "faudrait arrêter le stress, tu te pourris la vie " je l'entends encore régulièrement.

    ça me donne toujours l'impression que la personne en face trouve que tu vautres avec complaisance dans tes angoisses !

    ( et par dessus le marché, c'est du stress en plus 😉 !!)

  10. Bé je vais me la jouer "bon sens près de chez vous" : le seul remède miracle pour se débarrasser de son stress (même si ce n'est que temporaire), c'est d'être hyperactif. De faire un truc ou des trucs qui vont te satisfaire / te faire plaisir. Faut brûler l'énergie négative. Ca ne veut pas dire que les crises d'angoisse sont définitivement reléguées aux oubliettes, mais ça aide.

    La bibise et bon courage! En ce moment, c'est pas que je rêve d'être moi aussi en bord de mer pour me faire une terrasse… mais si quand même 🙂

  11. Des pensées douces pour toi, Armalite.
    Les angoisses et le stress et le tourbillon qui tourmente, je connais – un peu, beaucoup. Depuis peu je consulte un acupuncteur, pour ça et d'autres choses. Je crois que ça me fait du bien. Une autre piste, peut-être.
    Bises.

  12. Hello, hello,
    J'arrive après la bataille, après t'avoir lu silencieusement sans avoir le temps de te laisser un petit mot…
    Entre coup de semonce et soutien, on ne sait plus très bien si les gens qui nous entourent font partie du problème ou de la solution quand ils commencent à s'impatienter qu'on aille mieux et à se protéger, parfois sans y mettre les formes, de notre meilleur ennemi bien encombrant, le stress…
    Je me projette peut être trop et à tort, c'est que par ici, c'est sous cet angle que c'est passé mon week-end et la lecture de ton post était donc troublante…
    Je te souhaite plein de courage, et de force, mais pas de celle qui durci de l'intérieur (c'est une vilaine dont on a du mal à se débarrasser après), non, plutôt celle qui entraîne le mouvement et puis qui se laisse oublier… Je t'en envoie plein!!! Rappelle toi le chemin parcouru (et à chouchou aussi, tant qu'on y est :-p)
    Bises

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