Expliquer le principe du séminaire serait trop long, et je ne suis sûrement pas la personne la plus qualifiée pour le faire. Mais en gros, le but est de visualiser des situations bien précises et de laisser notre intuition nous révéler des choses auquel notre esprit rationnel n’a pas accès, ou d’utiliser des images mentales pour agir de façon bénéfique sur le corps.
Nous nous lançons dans une série d’exercices pratiques. Au début de chacun, nous fermons les yeux et comptons à rebours depuis trois en expirant sur chaque chiffre. Puis la voix de Catherine guide notre imagination. Elle commence par nous demander de nous enfoncer dans notre corps et de dire ce que nous ressentons. Les autres éprouvent de la sérénité, une impression de calme et de complétude, ou bien ils se sentent juste un peu lourds et somnolents. Moi? « Je suis en train de pourrir de l’intérieur. » Bien bien bien. Au moins, ça donne le ton. Voyons la suite…
« Vous partez de chez vous pour faire un pèlerinage. Vous traversez différents climats. Quels sentiments éprouvez-vous? Savez-vous où vous allez? »
Comme je ne suis pas religieuse pour deux sous – nous l’avons vu hier… – le terme « pèlerinage » n’a guère de sens pour moi. J’ai plutôt l’impression de partir en quête comme Frodon pour détruire l’Anneau Unique. (Quand je raconte ça pendant le debriefing, j’ai droit à 17 regards vacants. Personne ici n’a jamais entendu parler de LOTR. Diantre.) Mes sentiments? J’veux pas y aller! Le Mordor, c’est gris, c’est moche et c’est plein de monstres dégueus! Je déteste être exposée aux éléments et les bretelles de mon paquetage me scient les épaules. Je regrette de ne pas avoir pu rester chez moi, bien au chaud et en sécurité.
(Je pense que ça se passe d’interprétation…)
« Vous arrivez à un carrefour sans indications. Quelle direction prenez-vous? Pourquoi? »
Je vois un carrefour avec les quatre points cardinaux. Je voudrais aller à l’est (exotisme!) ou à l’ouest (excitation!). Mais mon sens du devoir me pousse vers le nord. Je ne veux pas y aller. J’y vais quand même. Pour une fois dans ma vie, je me dis que je ne vais pas choisir le chemin de la facilité ou du plaisir.
(C’est fou à quel point tout ceci se passe bien de sous-titrage, vous ne trouvez pas?)
« Au bout d’un moment, vous vous sentez perdu. Vous plantez vos pieds dans le sol et vous grandissez jusqu’à avoir la tête dans les cieux. Puis vous reprenez votre taille normale. Quel changement constatez-vous? Souhaitez-vous changer de direction? »
Je réalise que si je continue à marcher toujours tout droit, je vais finir par sortir de ce paysage glaciaire. Et parce que la Terre est ronde, parce que la vie est un éternel recommencement, je suis condamnée à repasser par ici tôt ou tard. Damned.
« Restez sur place et éprouvez une sensation de possibilités infinies. Comment réagissez-vous? »
Je me dis que peu importe dans quelle direction je marche: si tout est circulaire, tous les chemins se valent. Ce qui n’est pas DU TOUT ce que je crois réellement. Choisir d’être Adolf Hitler ou choisir d’être l’Abbé Pierre, non, ce n’est pas la même chose. Perplexe je suis.
« Vous vous remettez en route. Qui est la première personne ou créature vivante que vous rencontrez en chemin? »
J’essaie plus ou moins consciemment de conjurer des visions de village lapon festif, voire d’igloos, d’ours blancs ou de phoques. Et ce qui apparaît devant moi sur ma droite…
…C’est un hippopotame mauve.
Nous defriefons. Tous les autres participants sont plus ou moins en train de folâtrer dans une campagne riante pendant que je me gèle le cul sur la banquise. Une dame dans le fond rencontre son partenaire et fait un bout de chemin main dans la main avec lui. La journaliste flamande s’émerveille du vol d’une libellule. Claudia voit une colombe se poser sur sa main. Une autre participante est abordée par un renard doué de parole. La personne en face de moi aperçoit un aigle dans le ciel.
…Et moi, je tombe sur un hippopotame au Pôle Nord.
Après, on s’étonnera que ce soit le bordel dans ma tête, hein?
Sans déconner.
(…A suivre)
Je ne pense pas être capable d'imaginer tout ça. De me relaxer et laisser aller mon imagination.
Obligatoirement à un moment je pense à la liste de courses, les films qui passent au ciné ou les prochaines vacances.
J'admire ceux qui peuvent se détacher.
(mais j'admire toujours pas la Kabbale hein !)
Passionnant. Vivement la suite !
J'imagine que c'est plus facile à faire quand une voix nous dirige. Je me demande si cela marche aussi en écriture automatique.
bizarrement je trouves ça apaisant et confortant cette image d'hippo mauve, je ne saurais exprimer par écrit ma pensée à ce sujet, mais c'est vraiment la première sensation que j'ai quand tu en parles.
Sinon pour le coté quête épique et tes réflexions au sujet du chemin, bizarrement j'ai repensé à "La horde du contrevent"
En tous cas merci pour ce retour, ce genre d'expérience à toujours intriguée la cartésienne que je suis
En effet, l'hippo mauve était plutôt une vision apaisante, mais tellement incongru! Sur le coup, j'ai cru que c'était la façon dont mon esprit me signifiait qu'il commençait à en avoir assez de toutes ces conneries et que désormais, il ne m'enverrait plus que des absurdités. La suite prouvera que je me trompais ^^