Heureusement, je suis en train de bosser sur une trad hyper agréable et pas trop difficile. Et quand j’ai contacté l’éditrice pour lui expliquer les circonstances et la prévenir que, peut-être, je lui rendrais mon boulot en retard, elle m’a répondu dans les 5 minutes: « Tu prends tout le temps dont tu as besoin; je m’arrangerai. » J’imagine que ça paye d’avoir une réputation d’infaillible ponctualité depuis 16 ans: le jour où vous avez un souci, les gens comprennent tout de suite que c’est du sérieux. Ca aide aussi de travailler pour des êtres humains décents.
Chouchou est d’un soutien sans faille. Depuis l’annonce de la maladie de mon père, il m’encourage à passer autant de temps que nécessaire auprès de ma famille. Il gère l’intendance à Bruxelles sans jamais se plaindre, passe beaucoup de temps avec moi sur Skype chaque soir, m’encourage à lui téléphoner même au milieu de la nuit si j’en ai besoin, et a proposé de prendre des congés sans soldes pour me rejoindre à Toulouse. J’ai décliné son offre, mais sentir qu’il est à fond derrière moi me fait beaucoup de bien – même s’il me manque énormément. Notre couple a connu cet été une crise qui aurait pu lui être fatale; nous voici plus soudés que jamais.
Ma mère a appris à se servir du chat de Skype. Maintenant, ce n’est plus une sonnerie de téléphone suivie d’un claironnant « Salut Zouzou! » qui m’interrompt quand je bosse, mais un bip discret suivi d’un rectangle clignotant orange au bas de mon écran. On progresse.
J’ai toujours dit que rien ne pouvait me couper l’appétit. Même en plein drame d’amour et saisie d’une envie stupide romanesque de me suicider, je n’ai jamais sauté un repas. Mais là, l’inquiétude me noue un peu l’estomac. Bilan: moins deux kilos en autant de semaines. Apparemment, quand on mange moins, on perd du poids. Dingue.
Je commence à me sentir chez moi dans la maison de mes parents. Depuis quatre ans qu’ils y habitent, je n’y avais passé que très peu de temps jusqu’à cet été: d’habitude, quand je descends à Toulouse pour des vacances, je loge chez Soeur Cadette. Les circonstances se sont chargées de mon adaptation. Désormais, il y a des produits Avène dans la salle de bain d’invités, des filtres individuels et du thé vert de printemps rapporté de Tokyo dans le placard à petit déjeuner de la cuisine.
Grâce à mes parents pour qui regarder la télé est l’unique occupation envisageable le soir, j’ai découvert Masterchef. J’aime bien.
L’avantage de séjourner dans Leurpatelin, c’est que même si je voulais, j’aurais du mal à dépenser beaucoup de sous, les commerces accessibles à pied se limitant à une boulangerie, une boucherie et un bureau de poste ouvert deux jours par semaine. (Miss Sunalee me met tout de même en garde contre les méfaits du shopping sur internet. Elle n’a pas tort: cette semaine, un soir où je m’inquiétais et m’ennuyais, j’ai commandé un coussin renard, une casquette rouge et un carnet de papier recyclé chez Red Velvet Art pour me remonter le moral.)
Et puis surtout… la peur de perdre quelqu’un qu’on aime oblige à tomber le masque de la réserve et de la distance. En 48h, j’ai dû dire à mes parents que je les aimais plus souvent que dans les 39 années et demie qui ont précédé. Hier, alors qu’elle me téléphonait en douce pendant que mon père faisait la sieste, j’ai prodigué plein de gentilles paroles de félicitations et d’encouragements à ma mère, qui en temps normal m’inspire surtout de l’agacement. Je me sens devenir plus indulgente, plus bienveillante vis-à-vis d’elle. Quant à mon père, qui a toujours considéré les épanchements affectifs comme un signe de faiblesse (obviously, je ne suis pas la fille du facteur), il m’a dit l’autre jour au téléphone qu’il était fier de Soeur Cadette et de moi, et il commence à m’envoyer des mails limite sentimentaux dans lesquels il écrit que sa famille est ce qu’il a réussi de mieux dans sa vie, et que son seul objectif désormais est de nous protéger le plus longtemps possible.
Je t'embrasse (même si moi aussi, les effusions épidermales, c'est pas trop mon truc). 😉
MissSparks
j'ai découvert ce sentiment quand ma grand-mère est partie… moi qui avais énormément de mal m'intégrer dans cette partie là de la famille,…malheureusement nous l'avons perdue mais elle m'a fait un immense cadeau, elle m'a permis d'entrer dans cette famille.
<3 je pense à toi. <3
Je pense fort à toi, même si je ne commente pas souvent, et je te souhaite beaucoup de courage, profite bien de ta famille, effectivement c'es très précieux…
Avec mille guillemets : je suis "contente" pour toi!
c'est l'occassion de descendre le canal du midi en péniche de plaisance, ya un bon resto sur la place de Moissac, le chapon fin, pis poursuivre vers Condom sur la Baïse. Vous larmentoyez pô et profitez de ces moments