« Finger lickin’ fifteen »

Je me souviens très bien de l’époque où j’ai découvert la série des Stephanie Plum. J’ai dévoré les six qui étaient déjà sortis en poche et, n’y tenant plus, le septième qui n’était encore disponible qu’en grand format en l’espace de quinze jours (délais de livraison Amazon compris.) C’était l’été 2001 et tous les soirs, je me fourrais sous les draps du grand lit que je venais juste d’acheter et de monter moi-même après plus de trois ans passés à dormir dans un clic-clac. J’habitais dans un vieil immeuble aux murs assez épais pour maintenir la chaleur méridionale à distance, mais même à travers ma porte-fenêtre fermée, j’entendais les voitures qui passaient dans l’avenue deux étages plus bas. Je les entendais et je m’en fichais: j’étais trop occupée à me tordre de rire en lisant les invraisemblables (més)aventures de cette chasseuse de primes aussi peu douée que poissarde.

Après ça, j’ai dû attendre un an que paraisse chaque nouveau tome de la série. Et au fil du temps, la qualité de celle-ci n’a cessé de décliner. Les méchants barges et brillants du début sont devenus juste cons; les personnages secondaires excentriques et savoureux ont progressivement viré à la caricature; et les intrigues policières se sont réduites à une peau de chagrin tandis que l’héroïne continuait à hésiter entre les deux hommes de sa vie aux répliques et aux réactions archi-prévisibles. Mais je crois qu’avec le tome 15, on touche définitivement le fond.

C’est comme si Janet Evanovich générait désormais ses bouquins à partir d’une check-list établie par ordinateur. A priori, « Finger Lickin’ Fifteen » comporte tous les éléments qui ont fait le succès de la série. Stephanie y détruit le nombre règlementaire de bagnoles et se retrouve successivement couverte de peinture rouge, de sauce barbecue et de farine. Mémé Mazur défouraille à la moindre occasion; Lula continue à s’empiffrer et à porter des fringues improbables; Maman Plum se signe en se demandant ce qu’elle a fait au ciel pour avoir une fille pareille et Papa Plum se réfugie dans la contemplation de son assiette en marmonnant des trucs incompréhensibles; Morelli ou Ranger sont toujours là pour sortir Stephanie du pétrin et lui promettre une nuit torride. Oui, il y a tout dans ce tome 15, sauf peut-être ce qui fait un bon bouquin: une âme. Je me suis ennuyée ferme pendant 370 pages. Une fois de plus, l’incapacité d’un auteur à s’arrêter à temps est en train de gâcher ce qui était à la base une excellente série.

(…dit-elle avant d’attaquer « Unseen academicals », le 37ème tome des Annales du Disque-Monde de Terry Pratchett.)

2 réflexions sur “« Finger lickin’ fifteen »”

  1. Zut alors, ma fille en stage à Miami m'a proposé de me ramener quelques bouquins , j'avais pensé à cette série qui m'avait fait beaucoup rire et qui ne nécessite pas en super niveau en anglais , j'ai du m'arrêter vers le 10 et ma Pal n'atteignant que les 60cm de haut ça me semblait une bonne idée lecture pour cet été mais la maintenant je doute .
    J'ai pensé aussi au dossiers Dresden en VO mais j'ai peur de pas trop maitriser le vocabulaire féerique et magique en anglais .
    Bref la nouvelle lectrice de ton blog que je suis voudrait bien bénéficier de tes conseils de lecture sachant qu'apparemment nous avons des gouts très proches , permet moi au passage de te remercier, la reprise de "série préférée" m'a vraiment fait plaisir .

  2. Merci, mais ce n'est pas moi qu'il faut remercier, c'est l'éditeur qui a pris tous les risques 🙂
    Quant aux conseils de lecture, clique sur le tag "livres" au bas du post, ça devrait déjà te fournir quelques idées!

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