
Je connais peu d’auteurs français capables de captiver leurs lecteurs en décrivant des scènes du quotidien pendant lesquelles il ne se passe rien… Du moins, en surface: car leur véritable enjeu se trouve dans le coeur des protagonistes, qui ont bien trop de pudeur pour manifester des émotions pourtant violentes à l’occasion.
Ainsi « Les Années douces » de Hiromi Kawakami. Au comptoir du troquet où elle a l’habitude d’aller boire du saké le soir, une jeune femme retrouve un de ses anciens professeurs de japonais. Au fil de chapitres dont chacun pourrait presque être lu indépendamment, comme une nouvelle, l’auteur installe une intimité grandissante entre ces deux solitaires. C’est tout, et c’est largement assez pour que le lecteur tombe sous le charme.
Chacune des 280 pages de ce livre se savoure telle une pâtisserie légèrement parfumée au matcha – une gourmandise hélas quelque peu gâtée par une traduction que je soupçonne trop « près » de l’original pour bien couler en français. Les multiples changements de temps injustifiés au sein d’un même paragraphe (passé simple, présent, passé composé, imparfait, de nouveau présent alors que l’on reste dans la même continuité d’action) sont particulièrement pénibles. C’est pour des oeuvres comme celle-là que je regrette amèrement de ne pas pouvoir lire le japonais dans le texte.
Je n'ai pas lu celui-là mais je suis une fan des éditions Picquier et de la littérature asiatique en général ! Je vais donc te suivre et acheter ces "Années douces". As-tu lu "Quand nous étions orphelins" de Kasuo Ishiguro ? J'ai aussi beaucoup aimé, du même auteur, "Lumière pâle sur les collines".
Sylvie
Merci pour cette belle découverte ! Dans mon entourage, j'ai des amateurs de lecture à qui j'avais envie de faire découvrir une littérature un peu différente pour Noël cette année. Me fiant à tes critiques, j'ai offert ce livre sans même l'avoir lu. Mais, je mourrais d'impatience de le lire. Je n'ai pas été déçue, c'est un petit bijou de délicatesse. Les problèmes de traduction que tu soulèves je ne les ai pas trop remarqué…je me suis juste laissé emporter par la délicatesse qui émane du livre. La personne à qui je l'ai offert s'est aussi régalée ! En tout cas, ça m'a donné envie de boire du saké…j'ai acheté une petite bouteille que je boirai vendredi pour accompagner un repas japonais en amoureux!
Au fait, à Noël, j'ai aussi offert "Quand nous étions orphelins" mais n'ai pas encore eu l'occasion de le lire !
Merci encore pour tous ces bons conseils littéraires qui illuminent mes trajets de métro quotidiens 😉
Je suis ravie qu'il t'ait plu 🙂 Sais-tu que Taniguchi, un de mes dessinateurs préférés, en a fait un manga en 2 tomes? Très sympa pour aborder le genre si on ne connaît pas ou peu…
Oh oui! C'est la même histoire ? Drôle ça, je n'ai pas fait le rapprochement, je connaissais ces mangas de nom. J'ai déjà lu quelques Taniguchi et j'adore. Mon homme est fan de Taniguchi mais ne lit jamais de roman…quand hier je lui ai raconté le roman il n'a pourtant pas tilté…je suis toujours toute enjouée quand je lis un bon roman et ai toujours envie de lui faire lire mais c'est peine perdue ! Ici, on pourra se retrouver quand même alors 😉 je me demande si il l'a lu tiens….en tout cas, demain je vais les emprunter à la bibliothèque.
Merci !