
Comme le destin est farceur, il a décidé de tester les limites de mon entêtement. Et m’a donc envoyé, après plus d’un an d’angoisses sévères, deux bonnes grosses attaques de panique des familles qui m’ont réduite à l’état de larve tremblante et suffocante, persuadée qu’elle était en train de crever – d’abord dans un avion en parfait état de marche vol, puis dans un appartement douillet et cadenassé à triple tour. Mon généraliste a temporairement limité la casse en me filant des médocs. Je me suis dit qu’au pire, je pourrais toujours continuer à les prendre jusqu’à la fin des temps. Sauf qu’il est très vite apparu que le cocktail Deroxat/Xanax me faisait dormir entre 12 et 15h par jour et me transformait en zombie le reste du temps. Pas bon pour les affaires d’une travailleuse indépendante, ça.
A partir de là, je n’avais plus le choix. Bon gré mal gré, si je voulais résoudre le problème, il fallait que je me décide à « voir quelqu’un », comme on dit pudiquement. Mon bon sens et mon désir de sérénité ont eu raison de mon orgueil. J’ai demandé une recommandation à la psy de Chouchou, et après avoir repoussé le moment le plus longtemps possible sous prétexte que c’était les grandes vacances, j’ai appelé pour prendre un rendez-vous. Auquel je me suis efforcée d’aller le plus détendue possible, en laissant mes préjugés à la maison et en me disant que je pouvais très bien présenter la situation comme j’aurais énuméré les symptômes d’une grippe à un généraliste. « Après tout, si ça ne passe vraiment pas, rien ne m’oblige à y retourner, raisonnais-je. Et raconter ma vie à des inconnus, j’en ai pris l’habitude depuis plus de 5 ans que je blogue. Parler de moi pendant une heure sera toujours moins pénible que de me faire arracher une dent. »
De fait, ça n’a pas été pénible du tout. Beaucoup plus facile que je ne le pensais, même. La psy m’a fait expliquer pourquoi j’étais là et clarifier quelques points de mon contexte personnel, et je ne me suis sentie gênée à aucun moment. Pour un peu, j’aurais même trouvé ça flatteur qu’elle s’intéresse à ce point aux détails de ma vie. Par contre, elle ne pratique pas la thérapie comportementale mais plutôt la traumatologie; or, même si mes attaques de panique prennent effectivement leur source dans un événement traumatique, je pense que celui-ci a juste servi de révélateur à un problème de fond qui est la conjoncture de ma nature anxieuse et de mon système de croyances un peu fumeux (je suis la première à le reconnaître). Donc il me semble que c’est ce problème de fond qu’il faudrait traiter.
Néanmoins, les pistes de travail qu’elle m’a proposées m’ont plu, tout comme son attitude générale. J’ai donc repris rendez-vous dans quinze jours. Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis…
Ton post est touchant. J'ai l'impression de revivre certains moments de ma vie, sauf que j'ai jamais franchis le pas. J'avais longtemps hésité, ayant des apprioris tels que "c'est pour les fous", "je vais pas raconter ma vie à un étranger"…
Maintenant je ne ressens plus la necessité. J'ai réussi à remonter la pente grace à l'entourage. C'est une aide tres précieuse !
Bravo !
Bon courage Armalite 🙂
Chaque grand voyage commence avc le plus petits des pas.
Après plus d'un an chez le psy, il considère que je vais "bien". Mio j'étais pas prête, ça m' fait super bizarre quand mardi il m'a dit "bon vous me tenez au courant mais on se revoit pas ?"
Bon on se revoir ds un mois mais ça sera certainement la dernièer fopis, je crois bien que ça va me manquer :/