
– essayé de ne pas laisser cette petite grosse contrariété gâcher le début de mes vacances (mais ce fut dur).
– tout oublié ou presque en découvrant Marrakech depuis la banquette de la minuscule et antédiluvienne Fiat beige qui me conduisait au riad. Responsables de cet accès momentané d’Alzheimer: les rosiers, bougainvillées et autres fleurs aux couleurs éclatantes que je serais bien en peine d’identifier mais qui foisonnaient le long des remparts d’ocre rouge. Un enchantement pour les yeux.
– été surprise et impressionnée par le nombre de mobylettes et de vélos qui roulent à toute allure dans la medina*. Mieux vaut marcher en file indienne et raser les murs si on ne veut pas finir dans un fauteuil roulant comme les nombreux handicapés croisés durant cette semaine.
– risqué ma vie à chaque traversée d’une avenue: il n’y a pas de feux tricolores dans la medina, et très peu dans la partie moderne de la ville. Et les voitures ne ralentissent pour personne!
– eu envie d’adopter au moins deux douzaines des chats errants, minuscules et faméliques, qui faisaient le guet près des restaurants, des boucheries et des poissonneries dans l’espoir de grapiller quelques déchets.
– pris des douches glacées 6 jours sur 8 pour cause de plomberie défaillante et de propriétaire de riad persuadé que j’étais une dinde incapable de tourner correctement un robinet d’eau chaude.
– acheté trois paires de babouches (alors que j’ai toujours une seule paire de pieds et que je m’étais promis de ne pas en rapporter), plein de carnets en cuir sublimes, deux théières marocaines, une bouteille d’huile d’argan pour la cuisine, un chèche, deux bagues et un pendentif en argent, les obligatoires magnets touristiques, mais pas d’épices dont je n’aurais su que faire ni de grande tunique locale (djellaba? caftan?) qui aurait quelque peu juré avec mes boots de moto et mes blousons en cuir.
– ingurgité de la cannelle pratiquement à tous les repas: pas un dessert qui n’en soit saupoudré. Et finalement, ça va très bien avec les oranges, les fraises, les bananes ou même le jus d’avocat. D’ici à ce que je me convertisse aux speculoos, il n’y a qu’un pas que je ne suis pas encore prête à franchir.
– encore aggravé ma récente prise de poids en faisant honneur à la cuisine sublime de Fatma, qui préparait nos dîners au riad. Si j’arrive à trouver des msemen** à Bruxelles, je peux abandonner tout espoir de revoir un jour un 5 en premier chiffre sur ma balance.
– réalisé mes premières aquarelles, pas trop moches dans l’ensemble. Je suis particulièrement contente de mon Essaouira vue depuis le port.
– rhabillé jusqu’en 2012 le propriétaire du riad dont l’attitude paternaliste m’exaspérait (le premier jour, il nous a quand même expliqué qu’il ne fallait pas que l’on tombe amoureuses d’un Marocain!). Et qui riait de mes soucis de plomberie comme si j’étais bien pénible de hurler pour un peu d’eau glacée mais reprenait, à la moindre petite erreur de service, ses employés devant les clientes. Je pense qu’il n’a pas dû être déçu en découvrant le mot que j’avais laissé sur son livre d’or.
– soûlé mes compagnes de voyage (surtout la pauvre Antonia qui a passé les 7 heures de l’aller-retour Marrakech-Essaouira assise près de moi à l’avant du minibus) en leur racontant ma vie dans les grandes largeurs. Si quelqu’un connaît un remède contre l’incontinence verbale, je prends.
– oublié mon Lumix dans un resto où nous venions de mal manger et de nous prendre la tête avec le serveur. Heureusement, « les Arabes ne sont pas voleurs: Allah les regarde », m’a dit Antonia pour me rassurer lorsque je m’en suis aperçue et que j’ai commencé à paniquer. Elle avait raison: j’ai pu récupérer mon appareil et toutes mes photos de la semaine avec. Je ne suis pas certaine que j’aurais eu autant de chance en France. Tout de même, j’ai eu du mal à me pardonner d’avoir commis deux étourderies aussi monumentales en l’espace d’une seule semaine.
– fait plein de belles rencontres: Majoub le sympathique chauffeur de taxi, Hassan et Samira, respectivement gardin souriant et gouvernante diligente du riad, Mohamed Boustane, calligraphe mystique, Larbi le vieux tanneur qui ne parlait pas un mot de français et ne voulait plus nous laisser repartir, Abdou le petit marchand de bijoux d’Essaouira qui tenait absolument à ce que je vienne manger un tajine chez lui, ou Abas le gardien des jardins Majorelle qui a changé l’eau de mon gobelet et m’a aidée avec mon aquarelle. C’est vrai que les Marocains sont extraordinairement gentils. A part peut-être les plus jeunes vendeurs dans les souks, auxquels il fallait répéter cinq ou six fois « la chokran »*** avant qu’ils nous lâchent la grappe, nous ne sommes tombées que sur des gens adorables et chaleureux.
– beaucoup appris, d’une part en dessin, d’autre part et surtout sur le plan humain. En observant Antonia, j’ai par exemple réalisé que la douceur couplée à l’insistance vient pratiquement à bout de tout (les guichetiers de banque mal embouchés mis à part). En écoutant les récits de voyage des autres stagiaires, j’ai compris qu’être mère de famille ne condamnait pas à une vie sédentaire et exempte de passions personnelles. En échangeant avec des Marocains, j’ai complètement révisé mon opinion sur ce pays si plein de charme et dont les habitants savent se montrer si accueillants.
– déjà envie de repartir faire un autre stage carnet de voyages. A Bali en 2011, peut-être?
* vieille ville
** sorte de crêpe feuilletée qui peut se manger entière et tartinée de confiture au petit déjeuner, ou coupée en petit bouts semblables à des pâtes grossières et intégrée à un plat salé. Une tuerie.
*** « non merci »
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Le jus d’avocat! ça existe ça ? et c’est bon ?
Tu as raison le Maroc est un pays fabuleux à tout point de vue, j’y suis allée il y a 13 ans (déjà) et je n’en ai que de bons souvenirs.
En fait c’est plutôt un lait d’avocat, la chair du fruit mixée avec un peu de lait et légèrement sucrée.
L’incontinence verbale se cure de deux facons:
La pemiere, on etudie les reactions des nos compagnons de voyage et on se regle de consequence.
la deuxieme on se met à coté de celui qui nous fait vraiment chier et on transforme ça en « juste vengeance »