Inspired by Jeeves and Lola

Hier après-midi, j’ai compris que mon expérience était foutue quand j’ai trouvé, à la Fnac, le deuxième tome de l’omnibus de Jeeves et le second roman de Lola Lafon qui venait de sortir en poche. Les aventures de Bertie Wooster et de son inénarrable valet sont le meilleur remède anti-morosité que je connaisse, et Lola… Ben Lola, quoi.

A partir de là, tout en déambulant dans les allées du centre commercial, je me suis mise à réfléchir sur ce qui avait motivé ma tentative désormais classée infructueuse. Ce n’est pas le besoin d’économiser des sous: je pense gérer les miens assez bien, dans le sens où je paie d’abord mes factures et tous mes frais fixes, mets chaque mois quelques centaines d’euros de côté pour mes vieux jours, et claque seulement ce qui reste à la fin – jamais moins certes, mais jamais plus. Il me semble avoir trouvé un bon équilibre entre la prudence et l’hédonisme.

Ce n’est pas non plus une espèce de culpabilité liée au fait de dépenser de l’argent alors que tant de gens n’en ont pas de reste, surtout par les temps qui courent. 1/ cet argent, je l’ai gagné tout ce qu’il y a de plus honnêtement 2/ si je ne le dépense pas, les gens qui peinent à joindre les deux bouts peineront quand même à joindre les deux bouts 3/ en le dépensant, je participe à mon modeste niveau à faire tourner l’économie et à préserver des emplois.

Non, ce qui m’ennuie en fait, c’est que pour un objet vraiment utile – ou parfaitement dispensable, mais dont la possession me procure un réel plaisir -, j’en achète trois ou quatre que je fourre dans un placard en rentrant chez moi et qui n’en ressortiront plus jamais, sinon pour partir chez une copine ou une eBayeuse, voire direct à la poubelle. Ce qui me contrarie si fort, en réalité, ce n’est ni la dépense ni la consommation: c’est le gaspillage. C’est de penser à tous les voyages au bout du monde que j’aurais pu m’offrir avec ces dizaines de fringues et de paires de pompes que je ne porte pas. C’est de me dire qu’en matière de shopping, mes priorités sont mal ordonnées: je privilégie la satisfaction immédiate et éphémère des achats compulsifs plutôt que l’investissement à moyen terme dans des expériences dont le souvenir durera toute ma vie.

C’est donc de cela que je ne veux plus, cela que je dois trouver le moyen d’éliminer.

Je ne crois pas aux solutions miracles, aussi ai-je cherché des petits « trucs » qui me permettraient de tendre vers mon but. Par exemple: m’accorder au moins une semaine de délai avant d’effectuer tout achat non-essentiel de, disons, plus de 10€. Ou encore: réfléchir aux différents usages que je vais pouvoir faire de l’objet concerné. Et si je n’ai pas de fringues qui vont avec ces chaussures, si j’ai le moindre doute sur le fait que ce top me va vraiment bien, si ce bijou est craquant mais pas du tout mon style habituel, si je pressens que je n’aurai jamais le courage de lire le mode d’emploi de ce gadget électronique – le remettre à sa place dans le rayon. Penser à toutes les autres fois où je me suis emballée dans le magasin et où mon enthousiasme est retombé comme un soufflé à peine arrivée chez moi, me laissant dégoûtée et au bord de la nausée.

C’est en m’efforçant de garder ces principes en tête que j’ai poursuivi mes déambulations. J’avais un bon cadeau de chez Etam mais besoin d’aucune fringue: je ne suis même pas rentrée dans le magasin. Chez Sephora, j’ai testé le gloss Stila que j’envisageais de commander, et j’ai bien fait parce qu’en réalité la couleur ne me convient pas du tout – à la place, j’ai pris le Joli Rouge Brillant Clarins n°5 qui coûte le même prix et me va super bien, lui. A la pharmacie, j’ai respiré plusieurs produits Origins dont un soufflé pour le corps au pamplemousse et un shampoing aux agrumes juste divins. Puis je me suis rappelé que j’ai un flacon presque entier de crème pour le corps Ruban d’Orange à Bruxelles, et que je trouve très rarement le courage de m’en tartiner; et que par ailleurs, l’armoire de ma salle de bain abrite également deux énormes flacons de shampoing Lush tout neufs. J’ai laissé les produits Origins où ils étaient. En revanche, comme la pharmacie était en rupture de contour des yeux A Perfect World au thé blanc, une des vendeuses m’a fait tester une nouvelle gamme à l’acide hyaluronique pur paraît-il fantastique, de la marque italienne IncaRose. La texture et le parfum hyper légers, ainsi que les performances promises, m’ont convaincue d’essayer. Je suis ensuite passée chez le torréfacteur me fournir en Thé sur le Nil Mariage Frères, et j’ai sagement résisté à l’envie de m’offrir une ravissante théière en fonte mauve et dorée qui aurait fait très bonne figure dans ma collection. Si je pense encore à elle d’ici le mois prochain, je repasserai la chercher. Sinon, ça fera un ramasse-poussière en moins dans l’appart de Monpatelin.

L’un dans l’autre, j’étais très contente de cet après-midi de shopping sensé.

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