C’est une biographie de Leonard Cohen qui a attiré mon attention vers le rayon consacré à la musique et au cinéma. Juste à côté, ce livre de photos dont je n’avais même pas entendu parler avant sa sortie. Il a immédiatement rejoint la pile de mes achats du jour.
Vanessa Paradis me fascine; je l’ai déjà dit ici. Pourtant, je ne suis pas du tout sensible à la musique qu’elle fait, et ses derniers films ne m’ont guère emballée. Je ne la trouve pas spécialement belle non plus. Mais elle a une grâce insensée. Et c’est justement ce que Claude Gassian parvient à faire ressortir dans ce livre. Sans un mot, juste avec ses images, il raconte la conception de l’album « Divinidylle » et la façon dont Vanessa, M et quelques musiciens lui ont donné vie sur scène. On est très loin du côté icone de papier glacé mis en évidence par les pubs Chanel ou Miu Miu, très loin aussi de la star qui pose sur les tapis rouges en tenue vintage bohème au bras de son ultra-célèbre compagnon. Vanessa est en studio, le visage nu et blême, un chapeau cloche enfoncé sur ses cheveux pendouillants, des bas de laine tire-bouchonnés dévoilant des genoux cagneux. Vanessa fait des étirements par terre, sur un tapis de gym Décathlon en chaussettes rayées. Vanessa traverse les couloirs en béton d’une salle de spectacle; Vanessa bâille pendant qu’une équipe de maquilleurs et de coiffeurs s’affaire autour d’elle; Vanessa se repose rêveuse dans le bus de sa tournée. Et puis de temps en temps, Vanessa pose pour le photographe – avec du rouge à lèvres pupute dans une douche carrelée de blanc, enveloppée d’une grande gabardine noire sur un parking. Elle est à cet âge intéressant où l’enfant transparaît encore en elle et où se devine déjà la vieille femme qu’elle deviendra, comme en équilibre fragile sur un fil invisible. Les clichés ne sont pas tous flatteurs; certains font ressortir ses joues creuses, ses cernes, la peau qui commence à fatiguer autour de ses yeux, la maigreur de son corps. Mais tous capturent quelque chose d’authentique, une émotion, un instant de vie arrêté.
« Elle est à cet âge intéressant où l’enfant transparaît encore en elle et où se devine déjà la vieille femme qu’elle deviendra, comme en équilibre fragile sur un fil invisible. »
Cette phrase est magnifique…Oui, ça n’a rien à voir avec le sujet de ton poste du jour, mais je trouve énormément de poésie dans cette phrase que tu viens d’écrire…