
Vous vous en doutez, si je parle aujourd’hui du premier tome de « La légende des Tueuses-Démon », c’est parce que je n’ai quasiment que du bien à en dire. Dès le départ, le lecteur est plongé dans l’action avec une des meilleures premières phrases de roman que j’ai jamais lues, tous genres confondus: « A onze heures, ils demandèrent à Malïn de se suicider ». La fin arrive, elle aussi, comme un coup de poing avec un cliffhanger qui donne juste envie de maudire l’auteur et de demander quand – mais QUAND? – paraîtra la suite. Entre les deux, il y a une quête de fantasy au scénario a priori relativement convenu (deux adolescents doivent chercher dans un pays étranger et hostile la personne qui leur permettra de sauver les habitants de leur royaume menacé par un démon), mais au cadre si original et à la narration si haletante qu’on ne s’ennuie pas une seconde. Lentement, l’un des jeune héros bascule dans la folie, et quand son aventure se conclut enfin, ce n’est pas du tout de la façon que le lecteur attendait. Les descriptions de lieux sont très vivaces, évocatrices sans sombrer dans le trop touffu, et l’ambiance vaguement asiatique apporte une petite touche d’exotisme bienvenue. Bien qu’omniprésente, la magie reste un concept assez vague pour maintenir une atmosphère de menace diffuse. Le pragmatisme à tout crin des deux personnages principaux les place à mille lieues des ados nian-nian dont ce genre de série nous gratifie d’habitude. Plusieurs mystères sont esquissés dans des interludes et laissés en suspens jusqu’à une date ultérieure – très ultérieure, même, si on considère le bond en avant qui sépare les deux derniers chapitres.
Si j’avais un petit reproche à faire à ce roman, ce serait la disproportion entre la première partie où Malïn fuit le Palais de l’Immuable pendant plus de 70 pages, et le « corps » de sa quête qui n’en occupe ensuite que 260: j’aurais aimé un poil moins d’horreurs au début et ensuite, que certains passages de ses aventures soient plus détaillés (au début, quand il découvre le Grand Pays et ses habitants; ou à la fin, quand il lève son armée avant de rentrer chez lui). J’ai également eu un petit souci de vraisemblance dans la partie où les deux héros se relaient pour porter sur leur dos, pendant plusieurs semaines de marche forcée quasiment sans eau et sans nourriture, une autre adolescente de leur âge. Personnellement, je ne fais pas plus de deux cents mètres en charriant une valise qui pèse le tiers de mon poids. C’est sûr, je ne ferai jamais une bonne héroïne de fantasy 🙂 Mais ceci mis à part, « Le Grand Pays » est un roman comme il en paraît bien peu dans le genre. Si vous êtes amateur de fantasy et que vous commencez à vous lasser de lire tout le temps les mêmes histoires, je vous le recommande chaudement.
Je vais de ce pas voir si il se trouve par chez nous…
Merci…