Depuis une dizaine de jours, j’ai des douleurs persistantes dans la poitrine. D’abord discrètes, elles n’ont fait que s’accentuer et s’étendre jusqu’à hier. C’est la première fois qu’une telle chose m’arrive. Alors, bien que je me sois fait examiner par mon généraliste il y a trois semaines seulement, j’ai commencé à flipper.
Je n’ai pensé qu’à ça toute la journée de samedi.
Dans les phases optimistes, je me disais que je ne sentais pas de boule, que le problème semblait plutôt de nature musculaire, et que de toute façon, vu les hormones dont je me bourre pour soigner mon endométriose, c’est un peu normal que mon corps subisse des effets secondaires.
Dans les phases pessimistes, j’organisais mentalement mon opération et les traitements consécutifs. Il faudrait que je me fasse soigner en France, puisque je ne suis pas couverte par la Sécu belge, et comme je n’ai personne à Monpatelin pour s’occuper de moi, je devrais réclamer asile à mes parents. Voyons, quinze jours pour se remettre de l’ablation de la tumeur avant de pouvoir rentrer à Bruxelles, ensuite, des aller-retours toutes les trois semaines pour les séances de chimio (à caler juste la veille d’un jour de la semaine où Brussels Airlines assure la liaison avec Toulouse, histoire de voyager pendant la brève fenêtre où je tiendrais encore debout), puis un séjour d’un mois et demi pour la radiothérapie et ses séances quotidiennes. Suggérer à Editeur Préféré de me décharger d’un bouquin pour ne pas prendre de retard sur tout le reste. Emporter plein de jeux de cartes pour occuper Père (qui déteste les hôpitaux, je le rappelle) pendant qu’il me tiendrait compagnie durant les séances de chimio. Etc, etc.
Dans les phases très pessimistes, j’imaginais Gentil Généraliste m’annonçant que je n’en avais plus que pour six mois, et je me demandais qui viendrait à ma crémation.
Je sais, ma réaction est tout à fait ridicule.
L’an dernier à la même époque, je me croyais honnêtement indestructible. Je n’ai eu que deux maladies infantiles, avec si peu de symptômes que le docteur n’était même pas certain qu’il s’agisse de ça; quand je chope une gastro (ce qui a dû m’arriver trois ou quatre fois à tout casser), j’ai un peu la nausée pendant une demi-journée, je vomis un coup et c’est réglé. Je n’ai jamais attrapé de grippe; je ne suis allergique à rien, et je me suis remise très vite de mes rares opérations sous anesthésie générale. Du coup, il me semblait que j’allais vivre 120 ans au bas mot.
Et puis Brigitte a succombé après trois ans de lutte acharnée contre son cancer. Et j’ai brusquement pris conscience que mourir de maladie avant l’heure n’était pas juste un concept. Oh, bien sûr, la partie rationnelle de mon cerveau savait que malgré les progrès de la médecine, le cancer et le SIDA (entre autres) continuaient à faire des victimes. Mais savoir une chose et en faire l’expérience, fût-ce indirectement, ce n’est pas du tout pareil. Depuis le 2 mars, chaque fois que j’éternue de travers, il me semble que j’ai déjà un pied dans la tombe.
Hier soir, Chouchou m’a donné des anti-inflammatoires. Ce matin au réveil, je n’avais presque plus mal. Il va falloir attendre le prochain courant d’air pour une nouvelle chance d’être débarrassés de moi 🙂
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J’ai connu ça il y a quelques années, je dirais 5 ou 6. Une douleur incroyable dès qu’on me touchait mes seins. C’en était au point que mettre un soutien-gorge était pour moi un vrai suplice. Je me suis vue direct avec un cancer, moi qui suis pleine de nodosités… Examen fait chez le gynéco, j’ai dû juste changer ma pilule, mon corps ne supportant plus la dose hormonale. Depuis, je n’ai plus jamais eu mal…
C’est un sentiment que je connais bien… Il y a 8 ans, j’ai connu un coup dur qui m’a définitivement fait comprendre que je n’étas pas immortelle… Depuis, je fais un check up chaque année, il m’arrive d’avoir une boule à l’estomac quand je pense sérieusement à tout ce que je devrai laisser si je m’en allais, etc… et le pire c’est qu’alors que je me fais du soucis, je suis toujours en bonne santé alors que depuis, j’ai déjà vécu deux cancers de mes proches et eux, ne c’était jamais fait de soucis…
Je rejoins Ingrid et M. Popps pour te dire de ne surtout pas paniquer; la pilule peut entrainer ce genre de problèmes (j’ai eu la même mésaventure qu’Ingrid, à me réveiller 5 fois par nuit tant les seins etaient douloureux); le stress peut jouer aussi; tu as eu à traverser beaucoup de changements et même si ils sont positifs l’effet « boomerang » ça arrive aussi. Courage!
Merci les filles pour vos avis je me sens un peu moins seule! 😉
en attendant, il serait prudent de souscrire une assurance vie importante dont le beneficiaire serait Chouchou… Histoire qu’il puisse refaire sa vie detruite sur une ile ensoleillee, entouree de pin-ups nymphomanes qui se soignent par hydrotherapie 😉
Bien content quand meme de savoir que ce n’est rien de grave…