En octobre 2003, les filles débutaient leur deuxième tournée dans un casino de la ville voisine – l’établissement de jeux, pas le supermarché… Ca, c’est venu quelques années plus tard. Ce week-end là, l’Homme était parti en stage d’aïkido avec la Classe A, et je me retrouvais donc sans voiture. J’étais pourtant bien décidée à ne pas rater l’événement. Je ne sais plus où j’ai déniché le numéro de cette femme taxi indépendante à qui j’ai demandé de me conduire sur place. Par contre, je me souviens très bien qu’arrivée à 500 mètres de ma destination, j’ai réalisé que j’avais laissé mon billet sur la table de la salle à manger. Heureusement, nous avions encore le temps de faire demi-tour. Mais le temps que je sorte enfin de la voiture, le compteur affichait 75 euros – gloups. « Vous savez ce qu’on va faire? m’a dit la dame à qui j’avais précisé que je la rappellerais à la fin du concert pour le trajet retour. Tout à l’heure, je vous ramènerai chez vous gratuitement pour compenser. » Et au terme d’une soirée qui, sans que je le sache alors, devait changer pas mal de choses dans ma vie, elle l’a fait. Touchée par sa gentillesse, j’ai précieusement gardé son numéro de portable en mémoire. Mais pendant des années, je n’ai plus eu besoin de taxi.
J’ai rappelé Monique en octobre dernier quand, après avoir vendu Twiggy, j’ai eu besoin d’un moyen de transport alternatif pour mes allers-retours mensuels à l’aéroport. Par chance, elle n’avait pas changé de numéro entre-temps, ni arrêté son activité. La première fois, elle s’est extasiée sur mes chats que je déménageais à Bruxelles. Inutile de dire que ça me l’a rendue encore plus sympathique. J’ai pris l’habitude de m’adresser systématiquement à elle pour mes courses en taxi. Par-dessus le doux ronronnement du moteur de sa Chrysler, elle me raconte sa vie d’une voix douce, bien assortie à son physique de quinqua blonde et gironde. Au fil des mois, j’ai suivi les ennuis de santé de son père, hospitalisé de janvier à avril puis renvoyé chez lui en piteux état. « C’est très dur pour Maman », me confiait-elle tristement la dernière fois que nous nous sommes vues. A Noël, elle m’a offert une boîte de délicieux macarons Lindt en affirmant avec un grand sourire: « Ca me fait plaisir ». Désormais, lorsque nous nous quittons, elle me prend dans ses bras et me colle deux bises. J’apprécie beaucoup cette femme qui semble avoir eu une vie difficile et qui est pourtant d’une immense gentillesse.
Hier après-midi, j’ai dû me rendre en bus au centre commercial voisin. Entrée chez Carrefour pour y acheter deux bricoles que je ne trouve pas en Belgique (du Lipton orange/mandarine, de la cire à épiler Nair en pot), je me suis dit: « Tiens, et si j’en profitais pour prendre de quoi petit-déjeuner, puisqu’à cause de la chaleur j’ai eu la flemme de me traîner chez Champion ce matin ? » Je me suis rapidement trouvée plus chargée que prévu. Et je savais que l’arrêt du bus de retour se trouvait à un bon kilomètre de marche. Le courage m’a manqué. J’ai appelé Monique: « Bonjour, vous seriez libre pour passer me prendre dans une demi-heure et me ramener chez moi? ». Elle était juste à côté chez un concessionnaire. Et elle devait aller chercher quelqu’un à l’aéroport, sur le chemin duquel se trouve mon domicile. Non seulement elle est passée me prendre, mais quand je lui ai demandé ce que je lui devais, elle m’a répondu: « Rien du tout. C’est cadeau. Pour vous remercier de votre fidélité. » Je lui ai demandé si par hasard, elle aimait les Speculoos (j’en rapporte déjà pour un certain nombre de gens de mon entourage français). Mais non: Monique est comme moi, elle déteste la cannelle. J’en serai quitte pour retourner au Petit Sablon acheter des fraises au chocolat chez Godiva et prendre une boîte de coeurs à la framboise chez Whittamer.
Très touchante cette histoire et cette Monique.
Salut
J’habite près de ton ancien patelin, il m’arrive de prendre le taxi (pas encore acheté de voiture depuis que je suis arrivée ici!!!)Tu peux me donner un indice pour avoir son numéro? T’en qu’à prendre un taxi aussi bien encourager quelqu’un de sympa!
Nathalie
C’est un numéro de portable… Je te l’envoie par mail si tu as une adresse à me donner (mets-la dans un commentaire que je ne publierai pas).