Une fois par mois (un peu moins en période de vacances où les voyages à l’étranger et les visites à la famille ont la priorité), je reviens passer quelques jours à Monpatelin. Et toujours avec une grande joie – même si j’adore ma vie à Bruxelles et si je trouve mes nuits bien tristes sans Chouchou.
En sortant du train ou de l’avion, déjà, je savoure le plaisir de retrouver une température plus clémente en hiver, un vrai beau ciel bleu en été. Je me remplis les yeux de la lumière si particulière de la Provence et du spectacle des palmiers qui bordent la plage. C’est un sentiment viscéral: je suis chez moi. Même si, ou peut-être justement parce que, j’ai vécu dans de nombreux autres endroits ces vingt dernières années. Avec ma peau très blanche, je n’ai pas vraiment l’air d’une Méditerranéenne. Pourtant, cette région est gravée partout en moi: dans mon sang qui se glace et ma chair qui grelotte dès qu’il fait moins de 20 degrés, dans ma voix quand l’excitation ou la colère font remonter mon accent du Sud, dans les mots de patois qui parsèment mes phrases – ensuqué, pastisser, escagasser -, dans mon goût immodéré pour l’huile d’olive que je boirais quasiment à la bouteille.
Quel que soit le moyen de transport emprunté, j’arrive chez moi en fin d’après-midi, vers 17h30. Je ne prévois jamais rien le premier soir pour avoir toute la liberté de m’adonner à mes petits rituels. Ouvrir les colis arrivés en mon absence. Empaqueter les articles vendus sur eBay et Amazon marketplace les jours précédents pour les porter à la Poste le lendemain. Brancher mon ordinateur portable et voir s’il ne s’est rien passé de fracassant dans la demi-journée pendant laquelle j’ai été coupée d’internet. Compléter la liste des courses sur laquelle figurent déjà, de base, mes indispensables: Perles de Lait, fraises, brioche tranchée, Lipton vert orange-mandarine, Coca light, tomates-roquette-concombre-avocat-maïs-jambon-fêta. Défaire ma valise; ranger les albums de scrap finis avec les autres, classer les bouquins lus selon que je veux les garder ou m’en débarrasser, archiver les documents importants reçus depuis ma dernière visite. Commencer à remplir la valise vide avec les choses que je dois emporter à Bruxelles cette fois. Avoir une brève conversation avec mes parents qui m’appellent systématiquement une heure après mon arrivée. Skyper un peu avec Chouchou pour se dire qu’il ne s’est rien passé depuis qu’on s’est quittés le matin. Grignoter un truc micro-ondé devant la télé.
Demain, j’appellerai mes amis pour leur dire que je suis là et leur demander quand on peut se voir. Et la semaine passera en un clin d’oeil. Avant d’avoir eu le temps de m’ennuyer – comme je finis toujours par le faire lorsque je reste ici trop longtemps -, je devrai reprendre le train ou l’avion en sens inverse avec un tout petit goût de pas assez et juste une pointe de mélancolie.
Je suis depuis pas mal de temps tes allers et retours vers Tonpatelin, je vois bien que tu l’aimes énormément mais j’avoue honnêtement que je ne comprends pas trop pourquoi tu gardes cet appartement alors que tu vis à Bruxelles…
Pff, je suis trop curieuse, je sais! 😉
Parce que c’est un bon investissement immobilier qui ne fait de toute façon que prendre de la valeur. Parce que j’ai besoin de ce bol d’air mensuel pour ne pas déprimer dans la grisaille bruxelloise. Parce que j’ai encore des amis chers dans la région et que j’aime les voir régulièrement.
Parce que cela me permet de rester administrativement et fiscalement rattachée à la France au lieu de m’imposer le parcours du combattant d’un transfert de mes charges sociales et de mes impôts vers la Belgique (ce, alors que tous mes revenus viennent de France). Et parce qu’à terme, Chouchou et moi avons pour projet de partager notre temps également entre les deux pays.
Ok, tout s’explique alors, surtout si l’appartement est à toi!