C’était la première fois que je voyais un film de Mike Leigh, réalisateur anglais apparemment connu pour ses atmosphère un poil déprimantes et sa tendance à la satire sociale – des arguments de vente qui avaient peu de chance de me séduire. Si je me suis laissée tenter par « Happy go lucky », c’est parce que les critiques le présentaient au contraire comme un de ces films vitaminés dont on ressort le sourire aux lèvres et le pas bondissant. Du coup, je m’attendais vaguement à un Amélie Poulain british, et j’ai été un peu désarçonnée.
Il est vrai que Poppy, cette héroïne pétrie de gentillesse sincère, de gaieté à toute épreuve et de spontanéité volubile, agace autant qu’elle attendrit. Au début, on se dit « Elle est mignonne », puis « Au bout d’un moment elle devient chiante », et finalement « Quand même, ce serait merveilleux d’être aussi cool qu’elle ». Le film illustre assez bien la difficulté d’être pris au sérieux dès qu’on sort un peu de la norme, fût-ce de façon positive. Et il contient quelques scènes hilarantes, notamment celle du pétage de plombs de la prof de flamenco. Les altercations entre Poppy et son moniteur d’auto-école sont plus grinçantes; elles font rire mais mettent aussi mal à l’aise jusqu’à l’explosion finale – qui montre qu’avec les meilleures intentions du monde, on peut faire ressortir le pire chez les autres. J’ai moins aimé la scène avec le clochard qui brise complètement le rythme de la narration et paraît tout à fait gratuite. Un grand bravo par contre pour la photographie très inspirée, à la fois pleine d’énergie et de poignance, douce-amère juste ce qu’il faut. Et bien sûr pour Sally Hawkins qui interprète son personnage avec un naturel merveilleux.