Choses à faire tant que l’on est encore vivant

– Rire. Rire à se tenir le ventre, à en avoir les larmes aux yeux et du mal à respirer. Le plus souvent possible.
– Voyager. Découvrir d’autres paysages et d’autres cultures. En revenir l’esprit plus large et le coeur plus grand.
– Lire et aller au cinéma. Pour se divertir, pour se cultiver, pour lutter contre l’ennui ou échapper à une réalité trop pesante. Mais ne pas se perdre dans des mondes imaginaires.
– Chanter à tue-tête. Pas seulement dans sa douche. Avec une brosse à cheveux (ou un pinceau Raphaël n°12) en guise de micro, c’est encore mieux.
– Danser comme si personne ne regardait.
– Faire l’amour. Beaucoup. Avec abandon, avec passion, avec tendresse. S’imprégner de l’autre par tous les pores; le sentir, le goûter, le dévorer avec les yeux et l’user de caresses.
– Prendre du plaisir à manger. Expérimenter la nourriture avec ses cinq sens. Savourer le fondant d’un tournedos juteux, le contraste du vert et de l’orange dans une jardinière de légumes, le parfum délicat des épices orientales, le croquant du caramel sur une crème brûlée, l’odeur entêtante de l’Arabica ou l’arrière-goût corsé d’un bon Bordeaux . Se laisser surprendre les papilles par des aliments et des mélanges inédits.
– Trouver une activité, rémunérée ou non, qui apporte fierté et sens de l’accomplissement.
– Montrer aux gens qu’on aime combien ils sont spéciaux. Leur faire savoir qu’on est dans leur camp quoi qu’il arrive. Vanter leurs qualités, avoir de l’indulgence pour leurs défauts. Se souvenir de leur anniversaire. Ne pas hésiter à les prendre dans ses bras, surtout quand ils vont mal. Etre là pour eux autant que possible.
– Se demander quel genre de personne on veut être et quel souvenir on aimerait laisser. Lutter pour devenir ce moi idéal ou s’en approcher le plus possible.
– Vivre à l’étranger, même brièvement. Pour prendre conscience de la limitation de ses repères, se tester dans un environnement inconnu, réaliser qu’on est plus fort et plus débrouillard qu’on croyait.
– Faire au moins une fois dans sa vie de la moto, du ski, du surf ou du parachutisme pour la sensation unique de la glisse, de la vitesse, du vent dans la figure. Parce que rien ne donne l’impression d’être aussi vivant qu’une bonne poussée d’adrénaline.
– S’entourer exclusivement d’objets beaux ou utiles. Tout le reste n’est que capharnaüm et encombre l’esprit autant que l’espace.
– A tout âge, continuer à apprendre quelque chose: le russe, la dorure sur bois, la pâtisserie – peu importe.
– Adopter un animal. Affection illimitée en échange d’un entretien minimum et d’un bol à croquettes rempli régulièrement.
– Etre en paix avec son corps. Cesser de s’acharner dessus pour parvenir à l’image idéale véhiculée par les media; considérer ses défauts avec bienveillance et le remercier pour tous les services qu’il rend, pour toutes les choses merveilleuses dont il est capable.
– Avoir ses priorités en ordre. Important: ce qui rend heureux ou qui est nécessaire pour vivre dans de bonnes conditions. Pas important du tout: l’opinion et les attentes d’autrui.
– Trouver son âme soeur, la personne auprès de qui on se sentira complet et en paix avec soi-même, celle qui jamais ne trahira et toujours accompagnera.
– Créer quelque chose. Peindre des tableaux; écrire un livre; construire une maison; fonder une famille, une entreprise ou une association. Pour inscrire une existence éphémère dans la durée, laisser une trace ou un héritage si modestes soient-ils.
***
Une des personnes qui a eu le plus d’influence sur ma vie est en train de s’éteindre à l’hôpital après deux ans passés à lutter courageusement contre une saloperie de maladie. Et la seule chose qui me console un peu, c’est de penser qu’elle a fait tout ce qui figure dans cette liste.

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12 réflexions sur “Choses à faire tant que l’on est encore vivant”

  1. ça remet les choses en place et surtout ça rappelle ce qu’on ne doit jamais oublier.
    Merci.

  2. Moi aussi cette liste me bouleverse. J’ai juste envie de l’imprimer, de la glisser dans ma boîte à secrets et de la relire de temps à autre pour être en paix avec moi-même.
    J’ajoute au passage que j’aime beaucoup ce blog…

    Une jeune traductrice bruxelloise

  3. Perso, je crois que je mourrai bien avant d’avoir fait le tour de ta liste… Mais bon, c’est pas pour cela que j’en aurais des regrets en fait :p

  4. Bah l’avantage quand t’es mort c’est que des regrets t’en as plus… C’est les vivants qui en ont pour toi. Enfin je crois.

  5. Je suis actuellement employée dans une grande entreprise belge: cela va des textes commerciaux aux juridiques en passant par des économiques ou carrément chiants! Je traduis principalement du Nl/FR. Mon rêve serait de devenir traductrice littéraire ES/FR… Je n’ai pas encore vraiment trouvé ma voie. Et toi, j’ai cru comprendre que tu étais indépendante?

  6. Très jolie liste, merci. J'adore le passage sur la nourriture. Courage pour cette personne qui s'éteint (sur cette Terre, pas dans ton cœur).

  7. Cette personne s'est éteinte il y a plus de 5 ans déjà: ce billet date de début 2008… Depuis j'ai perdu mon père de la même maladie. Et je pense toujours chaque mot de ce billet.

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