Fin d’après-midi pluvieux dans le quartier du Châtelain. Alors que Hawk et moi longeons la rue du Bailli en rentrant la tête dans les épaules, la vitrine d’une galerie d’art attire mon attention. Ce format carré décliné en quatre tailles, ces présentoirs individuels par artiste avec toiles classées en ordre de grandeur décroissant, ces cadres en bois naturel ou teinté… Bon sang, mais c’est un Carré d’Artistes bruxellois. Je me tords le cou pour déchiffrer l’enseigne à travers mes lunettes ruisselantes. Ah non, tiens, ça s’appelle Dérapages. Poussée par la curiosité, j’entre et me dirige vers le vendeur – châtain-blond, pas rasé de l’avant-veille, petites lunettes rectangulaires, carrure de haricot vert et look faussement négligé.
MOI: Excusez-moi, juste une question: vous êtes la branche belge de Carré d’Artistes?
HARICOT VERT A LUNETTES: Euh non, en fait on leur a « emprunté » le concept de la galerie. Sauf que nous, on ne fait pas de la déco: on propose les oeuvres de vrais artistes.
Ah ben ça doit être pour ça que chez Carré d’Artistes j’ai toujours envie de repartir avec une demi-douzaine de toiles alors que là y’a pas un seul truc qui m’a plu.