Le déclin de la passion

Conversation MSN avec Hawk hier soir:
MOI: hey
LUI: hey
LUI: ava?
MOI: mwi
LUI: ohlà, pitimwi
MOI: je m’ennuie
LUI: je peux danser pour te distraire si tu veux
LUI: *m’envoie un smiley qui se trémousse la bite au vent*
MOI: hum
(Plusieurs minutes s’écoulent.)
MOI: bon ben je vais aller me coucher
LUI: alors bonne nuit
Voilà voilà… Y’a quelques mois, on se parlait au moins deux heures par jour sur Skype. On avait toujours des milliers de trucs à se dire. On essayait d’être raisonnables, mais on finissait systématiquement par se coucher beaucoup plus tard que prévu. Il manquait de sommeil parce que son boulot l’obligeait à se lever super tôt, et de mon côté je passais toute la journée comme dans un brouillard à attendre le moment de le retrouver.
Maintenant Skype c’est un soir sur trois, ça dure grand maximum une heure, il y a de grands blancs dans la conversation et pas parce qu’on se regarde avec des yeux de poissons morts d’amour. Et ce n’est pas le seul domaine dans lequel la passion commence à retomber.
Je sais qu’on ne peut pas rester perpétuellement shooté aux hormones qui vous submergent au début d’une relation amoureuse. Qu’il vient toujours un moment où l’autre cesse d’être votre unique préoccupation, votre alpha et votre oméga. Un moment où vous préférez mater le dernier épisode de « Lost » ou de « Heroes » plutôt que d’écouter le récit de sa journée très ordinaire. Un moment où un bon bouquin vous excite davantage qu’une partie de jambes en l’air car il a l’avantage de la nouveauté. C’est sans doute aussi bien – sinon, les couples passeraient leur vie à se regarder dans le blanc des yeux entre deux étreintes sauvages, et ils n’accompliraient pas grand-chose.
Mais pour moi, c’est toujours un cap difficile à passer: le cap où l’amour cesse d’être une évidence physique et devient quelque chose de plus raisonné. Pas encore une habitude vidée de sens, mais une étape plus avant sur le chemin qui peut mener à la décomposition. J’imagine le jour où je commencerai à chercher des excuses pour ne pas me coucher en même temps que l’autre, le jour où ses blagues ne m’arracheront plus qu’un soupir désolé, le jour où la simple vue d’un tube de dentifrice mal pressé me mettra en rogne contre lui, le jour où sa présence même me fera grincer des dents.
J’ai une vision bien pessimiste de l’amour et de la vie de couple, me direz-vous. C’est que jusqu’ici, mes relations ont toujours fini par se casser la gueule. Contrairement à ce que ce post pourrait laisser croire, je ne m’inquiète pourtant pas beaucoup à propos de ma future cohabitation avec Hawk. Je sais qu’on partage des choses fondamentales, qu’on est hyper complices dans nos délires, que la communication passe bien entre nous, qu’on s’implique tous les deux à fond dans notre histoire. On a des bases solides qui devraient nous permettre de construire un chouette avenir. Mais si puéril que ça puisse paraître, j’ai quand même un peu de mal à faire mon deuil de la passion.

7 réflexions sur “Le déclin de la passion”

  1. Au-moins la passion a ete au rendez-vous pendant un certain temps!

    C’est deja mieux que chez beaucoup 😉

  2. Est-ce qu’une passion ne s’épuise pas fatalement du seul fait que son champ est à la fois trop intense et trop étroit ? Si oui, une solution serait peut-être d’élargir, de déplacer le tir tout en cherchant à unifier l’objectif commun. Mission impossible ?

  3. J’ose poser une question qui je l’espère ne sera pas mal prise… ne serait-ce pas là la peur de l’engagement ?
    Parce qu’après la passion il y a la complicité, l’approfondissement des sentiments, l’acceptation de l’autre avec ses qualités et ses défauts, pleins de choses qui ne font que d’accentuer le fait qu’on est avec la bonne personne…

  4. Anonyme: oui, la passion sous cette forme est vouée à s’épuiser pour les raisons que tu dis. Quant à la solution que tu évoques (si je sais lire entre les lignes), je la trouve extrêmement casse-gueule…
    M.Pops: je sais bien qu’il y a tout ça… Mais et d’une, bien que ça devienne plus profond, c’est quand même moins fort, et je suis plutôt du genre shootée à l’adrénaline. Et de deux, toutes ces choses s’accompagnent assez souvent d’un glissement dans la routine qui tue beaucoup de couples – qui a en tout cas toujours tué les miens jusqu’à présent, d’où mes craintes.

  5. Tu dis assez clairement la raison de tes échecs !
    Ne pas faire le deuil de la passion, qui te permettrait d’opter pour « autre-chose-autrement » dans une relation durable.
    Le risque c’est le « creux » à traverser. L’eau est toujours froide pour passer sur l’autre rive…

  6. ça me parle ton billet… ça me touche aussi… c’est courageux cette franchise dont tu fais preuve…

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