Du chat comme obstacle à l’amour

Chaque fois qu’il faut se quitter, c’est un déchirement. Je ne le supporte plus.
Tout le monde nous demande quand l’un d’entre nous va déménager pour se rapprocher de l’autre. La décision n’est pas si évidente à prendre.
Professionnellement, c’est moi qui ai (de loin) le plus de facilité pour bouger, puisque je peux exercer mon activité n’importe où sans avoir de compte à rendre à qui que ce soit ; alors que Hawk est salarié et aurait sans doute du mal à trouver du boulot dans mon coin.
Matériellement, c’est l’inverse : Hawk est locataire d’un appartement qu’il souhaite quitter de toute façon et n’a que très peu d’affaires personnelles – des meubles Ikea dépourvus de valeur sentimentale, quelques caisses de bouquins, de DVD et de fringues. Quant à moi, je suis propriétaire d’un duplex que j’adore et d’une quantité invraisemblable d’objets divers et variés, dont une bibliothèque sur mesure qui était un rêve d’enfant, pèse douze tonnes et demi, doit remplir un camion à elle seule et serait extrêmement difficile à caser ailleurs.
Je n’ai plus vraiment d’attaches sentimentales là où je suis, et j’aime beaucoup Bruxelles même si le climat de la Belgique m’effraie un peu. Hawk a toute sa vie à Bruxelles mais aime suffisamment le midi de la France pour penser qu’il s’y plairait.
Après avoir, pendant 7 ans, tout décidé en fonction de quelqu’un d’autre, j’éprouve une répugnance fondamentale à recommencer même si la situation et la personne impliquée sont très différentes. De son côté, Hawk a encore des problèmes personnels à résoudre avant d’entreprendre un gros chantier comme la mise en place d’une vie commune.
Bref, pour l’instant, c’est le statu quo.
Il existerait bien un moyen de rendre l’attente supportable. Je pourrais facilement me permettre de passer une semaine sur deux à Bruxelles avec lui : une solution intermédiaire qui concilierait harmonieusement les différents paramètres du problème.
A l’exception de mes chats.
Je ne peux pas les laisser seuls quinze jours par mois. Etre Exquis accepte de passer s’occuper d’eux à l’occasion, mais je ne veux pas abuser de sa gentillesse. La voisine à qui je pense les confier pendant mes prochaines vacances est très âgée et commence à sucrer les fraises. Une garderie si souvent serait désagréable pour eux et me coûterait les yeux de la tête. Je pourrais tenter de les faire adopter par quelqu’un d’autre, mais ils se font vieux et ne vont probablement pas tarder à nécessiter des soins vétérinaires réguliers – autant dire que ce serait un cadeau empoisonné. J’ai pensé les confier à mes parents qui habitent désormais la campagne en proposant de régler tous les frais afférents à leur entretien ; hélas, il paraît que des animaux se font écraser tous les jours devant chez eux, et mes chats n’ayant jamais vécu dehors, ils iraient sans doute se jeter sous les roues de la première voiture qui passerait. Il est bien entendu hors de question que je les abandonne sur le bord de la route ou me décharge d’eux dans une association où ils finiraient leur vie au fond d’une cage.
Mais si j’avais su qu’un jour mes chats seraient un pareil obstacle à ma vie amoureuse, je ne suis pas sûre que je les aurais adoptés.

3 réflexions sur “Du chat comme obstacle à l’amour”

  1. « non marine, ne vient pas lire cette note ! »

    au loin, un cri hystérique…
    « je veux un chaaaaaaat ! »

  2. ou alors les chats déménagent à Bruxelles. C’est pas comme si tu connaissais pas quelqu’un sur place qui puisse s’en occuper. Ne me remercie pas, c’est tout naturel…

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