Difficile

Difficile de gérer la frustration des sens: la peau brûlante qui appelle en vain, les mains qui ne se referment que sur du vide, les bouches entrouvertes pour un baiser qui ne viendra pas, le désir suffocant pour un corps absent – ce feu dans les reins qu’on se fait mal à éteindre chacun de notre côté.
Difficile de faire coexister deux histoires blessées, deux passés fracturés – deux enfances en miettes, deux adolescences torturées, deux passifs amoureux qui ont laissé des séquelles indélébiles -, deux identités fragmentées et deux sensibilités frémissantes. Mais pas très difficile, curieusement, de trouver un juste équilibre entre la pornographie et l’amour, une synergie dans nos élans créatifs.
Difficile de ne pas m’endormir et me réveiller près de lui; difficile de ne pas rester blottis ensemble sous la couette par un dimanche pluvieux; difficile de ne pas pouvoir se faire un resto en amoureux à l’improviste ou manger asiatique à même les barquettes en matant un DVD, vautrés côté à côte sur le canapé; difficile de ne pas pouvoir l’emmener avec moi dans mes virées shopping pour qu’il me donne son avis (et me baise dans les cabines d’essayage); difficile de ne pas pouvoir tout lâcher pour partir se balader ensemble, sur la plage ou à la campagne, quand un beau soleil d’hiver brille dans le ciel et que le vent mord les joues juste ce qu’il faut; difficile de se dire que trois, quatre, cinq semaines nous séparent encore de notre prochaine rencontre.
Difficile d’imaginer un avenir qui ne soit ni une vie à deux ni une vie séparés, un futur à cheval entre deux pays, un arrangement qui concilie proximité et solitude, une solution sur mesure qui tienne compte de nos caractères, de nos besoins, de nos projets et de nos moyens. Plus difficile (et plus long) encore de la mettre en place.
Oui, ce sera difficile d’être heureuse avec lui.
Il faudra pourtant trouver un moyen. Parce que ce serait si facile d’être malheureuse avec un autre…

2 réflexions sur “Difficile”

  1. J’ai un souvenir ému de celles de C&A à Toulouse, y’a… euh, genre dix-huit ans de ça ^^ Grandes, bien fermées, équipées d’un tabouret parfait pour compenser les 42 cm de différence entre mon copain de l’époque et moi…

Les commentaires sont fermés.

Retour en haut