Imaginons un homme, prof de son métier, qui vit en ménage avec une femme (que nous appellerons Légitime) depuis plusieurs années. Les choses ne vont pas très bien entre eux. Légitime n’est pas heureuse parce que l’Homme n’est pratiquement jamais à la maison, parce qu’il refuse de faire le moindre sacrifice pour elle, parce qu’il faut toujours que les choses soient faites à sa façon ou pas faites du tout, parce qu’elle est loin d’être sa priorité numéro un, etc. Du coup, Légitime déprime, fait la tête et devient désagréable avec l’Homme. Mais au lieu de se remettre en question, celui-ci se réfugie dans les bras d’une de ses élèves qui partage sa passion et le regarde comme s’il était la huitième merveille du monde. Il rentre de plus en plus tard, parle de moins en moins à Légitime et l’incite à vivre sa vie de son côté. Pour autant, il n’a pas le courage de rompre avec elle : il ne faudrait surtout pas qu’il passe pour un salaud aux yeux de son entourage, lui qui se donne tant de mal pour cultiver son image de type super droit et moralement supérieur aux autres. Donc, quand Légitime n’en pouvant plus de son indifférence lui demande s’il a quelqu’un d’autre et s’il veut qu’elle parte, il répond : « Non, non » sans la regarder en face. Il n’a pas la correction d’assumer son choix et de lui rendre sa liberté. Au lieu de ça, il la laisse s’échiner pendant des mois, faire tous les efforts possibles et imaginables pour le reconquérir. Si bien qu’elle finit par partir d’elle-même. En culpabilisant comme une folle d’avoir été trop nulle pour retenir cet homme parfait, et en restant le plus digne possible pour ne pas qu’il se sente mal de lui faire du mal.
Elle te dit quelque chose mon histoire ?
Il y a six ou sept ans, Légitime c’était Martine et l’Autre c’était moi. Aujourd’hui, je suis à peu près certaine que tu rejoues la même pièce en ayant juste changé les actrices. Et si c’est ça… Je n’ai pas de mots pour te dire à quel point je te trouve minable – et à quel point je me trouve conne. Tous les indices étaient là. Je les ai vus. Mais en l’absence de preuve formelle, j’ai choisi de t’accorder le bénéfice du doute. Pour une fille intelligente, c’est fou ce que je peux être naïve parfois. Je regrette de n’avoir pas été plus lucide dès le début. Si j’avais su quel vide intellectuel et affectif se cachait derrière cette belle petite gueule, j’aurais fui à toutes jambes. Les Américains ont un proverbe qui dit « Once a cheater, always a cheater » – en substance : qui a trompé une fois trompera toute sa vie. Comme quoi, ils ne racontent pas que des conneries. Enfin l’avantage, c’est que les sentiments que j’avais encore pour toi viennent de se muer en un solide dégoût qui me protègera contre toute rechute éventuelle.
Quelque part, il y a une justice karmique là-dedans. Ce que j’ai fait à une autre dans le passé, une autre me le fait aujourd’hui. Je l’ai sûrement bien mérité. Mais… Et toi ? Qui te fera payer le mal que tu fais par égoïsme et par lâcheté congénitale ?
Sauf exception, les commentaires sont désactivés. Si vous voulez poursuivre la conversation, je vous invite à le faire sur la page Facebook du blog.

Perso,je la jouerais différente à partir de « en ayant juste changé les actrices. » mais c’est toi qui voit…
Ah oui? Tu la jouerais comment? Plus soft? Parce que moi je cherche plutôt dans le registre vitriolé là.