Mais bon, je me suis dit que ça serait sympa de se plonger vingt ans en arrière et de ré-entendre en live des titres qui m’ont marquée. Et puis tous les prétextes me sont bons pour faire un saut sur Paris 🙂
Lundi après-midi, donc, j’arrive direct de la gare de Lyon et passe poser mes affaires à l’hôtel, puis me rend au « Merci Charlie », en face du Grand Rex, où les modérateurs du site «The sun always shines on a-ha » avaient organisé une rencontre de fans. Je ne suis pas là depuis cinq minutes que par la baie vitrée du premier étage, nous voyons arriver un Espace gris métallisé qui se gare devant la salle. Et Morten qui en sort, un gros sac de sport jaune sur l’épaule. Piaillements excités de la plupart des filles présentes tandis qu’il fait deux-trois aller-retour sur le trottoir, visiblement incapable de localiser l’entrée des artistes. « Décidément, il plane toujours autant », me dis-je en levant intérieurement les yeux au ciel.
Le meeting est plutôt sympa ; moi qui ne suis pas très sociable d’ordinaire, je me surprends à parler très aimablement avec des gens que je ne connaissais pas la veille. Décidément, mes nouveaux amis ont une influence déplorable sur moi 🙂
Puis vient l’heure du concert. Je suis au 9ème ou au 10ème rang de l’orchestre, d’où je vois très bien la scène et d’où j’aurais pu prendre de magnifiques photos avec le nouvel appareil numérique que l’Homme m’a offert il y a 2 semaines… si je n’avais pas craint de me le faire confisquer à l’entrée de la salle. Conclusion : je l’ai laissé à l’hôtel, et c’est à peine si un vigile a jeté un vague coup d’œil dans mon fourre-tout. Je râle si fort que ça me gâche presque la première moitié du spectacle. Je vois les garçons, je les entends, je chante les morceaux que je connais par cœur… Mais je n’arrive pas vraiment à me concentrer sur le présent. J’ai conscience de laisser filer des instants précieux – rien à faire, je suis absente à moi-même, comme très souvent ces derniers temps. J’ai trop pris l’habitude de vivre dans ma tête, j’imagine.
Pendant « Manhattan Skyline », j’ai enfin le déclic. Je rentre complètement dedans, et bien sûr, la suite passe beaucoup trop vite. D’autant que le concert est d’une qualité exceptionnelle. Les garçons semblent plus proches que jamais depuis qu’ils ont reformé le groupe. Magne passe son temps à faire des blagues à Morten et se donne la peine de parler (parfois même en français) entre les chansons. Des trois, c’est lui qui est le plus à l’aise physiquement. Paul a le sourire rare, comme d’habitude, mais on sent qu’il est à fond dans sa musique, et il a fait d’énormes progrès en guitare depuis les débuts du groupe. Quant à Morten… OK, vestimentairement il ne s’est pas foulé. OK, il bouge toujours comme un môme de seize ans encombré par son corps (on dirait qu’il a su danser une seule fois dans sa vie, pendant le tournage du clip de « Move to Memphis »). OK, il fait un faux départ sur « Living a boy’s adventure tale » et se plante dans les paroles de plusieurs morceaux (dont « Take on me », qu’il a dû interpréter genre un million de fois ces 20 dernières années… Les gens qui étaient en mezzanine ou balcon ont dit que les textes étaient scotchés par terre autour de lui, la honte !). OK, la musique trop forte couvre parfois sa voix. Mais sa voix, justement – sa voix ! Je retire tout ce que j’ai dit. Elle est encore mieux qu’au premier jour. Puissante, vibrante, elle part dans d’immenses envolées qui filent des frissons partout. Et le monsieur a l’air sincèrement content d’être là. Il sourit beaucoup, joue avec le public et semble prendre un vrai plaisir à faire son boulot.
Pour le reste, je suis enchantée par la setlist qui fait la part belle à mes morceaux préférés comme « Scoundrel days » ou « The weight of the wind », mais aussi aux petits nouveaux que je viens de découvrir et adore déjà : « Celice », « Cozy prisons » et « Analogue ». Les « vieux » titres ont été réorchestrés ; ils ont un son plus moderne et beaucoup plus rock dont je suis totalement fan !
« Dark is the night » arrive beaucoup trop tôt. Je file à l’hôtel récupérer mon fameux appareil photo et reviens sur le trottoir du Grand Rex où une foule compacte – plusieurs centaines de personnes, malgré le froid – se presse déjà autour des bus. Je sais bien qu’avec mon mètre cinquante je n’ai aucune chance de réussir à voir ne serait-ce que le sommet du crâne d’un des trois garçons ; simplement, il est encore tôt et je n’ai aucune envie de rentrer toute seule dans une chambre inconnue. Je préfère profiter encore un peu de l’effervescence générale, essayer de papoter avec les gens du forum.
Puis un type de la sécurité passe devant moi avec une barrière. Je comprends qu’il va ménager un couloir devant l’entrée des artistes pour que les garçons puissent rejoindre leur bus sans se faire agresser. Je lui colle aux basques et me retrouve au premier rang, coincée entre une géante blonde (allemande ou hollandaise) et une jeune fille en fauteuil roulant grâce à laquelle je bénéficie d’une superbe vue sur cinquante centimètres de large. Le malheur des uns, etc. Un temps apparemment interminable s’écoule (en réalité, sans doute pas plus d’une demi-heure). Magne sort le premier. Il commence à signer des autographes de mon côté. Je lui tends mon billet et, dès qu’il me l’a rendu, le cadre à moins d’une longueur de bras dans le super écran de mon super appareil photo. Qui m’affiche « Batterie faible » avant de s’éteindre sans autre forme de procès. Je me giflerais.
Paul passe un quart d’heure après et fonce presque tout droit vers le bus, sans un sourire ni un mot. L’attente continue. Les fans – en majeure partie des filles de mon âge, plus quelques maris à la mine résignée – ne sont pas hystériques, mais ça pousse quand même pas mal et ça devient vite inconfortable. Enfin, Morten fait son apparition. Et me scotche pour la deuxième fois de la soirée. Au lieu de passer à toute allure, il s’arrête pour signer tout ce qu’on lui tend, distribue des sourires un peu las mais très gentils et échange même quelques mots avec les personnes qui lui parlent en anglais. Je me dépêche de sortir mon portable de mon sac et de le flasher trois-quatre fois avec. Il arrive à mon niveau et signe mon billet. Avec un sourire de débile, je lui lance : « Thank you. You did a very good job. » Il me sourit, me regarde dans les yeux, me dit « Thank you very much ». Et l’espace d’une fraction de seconde, j’ai de nouveau quinze ans. Comme quoi l’élixir de jouvence existe : il est planqué en Norvège dans le corps pas-du-tout-dégueu-pour-son-âge d’un chanteur à la voix d’ange.
Je ne connais pas A-HA ! (c’est grave ?) Je suis plus de la génération du groupe ABBA qui d’ailleurs d’ailleurs refait une tournée.
Tu dis que les fans lors du concert étaient essentiellement des filles, qui plus est de ton âge.
Est-ce que c’est le phénomène « fan » qui est féminin ou bien est-ce c’est le groupe qui touche plus un auditoire féminin (3 beaux mec ??)?
Cela voudrait-il dire aussi qu’un tel groupe vit essentiellement de ses fans de la première heure ?
Hors sujet : j’ai découvert ton blogue (comme d’autres d’ailleurs) depuis peu il faut dire que tes posts sont souvent très intéressants, et ce qui ne gâche rien, très bien écrits. Vu le peu de blogues masculins que je découvre, le blogue me semble être un phénomène essentiellement féminin ????
Tu dis que les fans lors du concert étaient essentiellement des filles, qui plus est de ton âge.
Est-ce que c’est le phénomène « fan » qui est féminin ou bien est-ce c’est le groupe qui touche plus un auditoire féminin (3 beaux mec ??)?
Cela voudrait-il dire aussi qu’un tel groupe vit essentiellement de ses fans de la première heure ?
Je ne crois pas qu’on puisse généraliser. Mais en ce qui concerne a-ha, dans les années 80 ils avaient essentiellement un public féminin parce que bon, ils étaient physiquement à tomber par terre et les média jouaient beaucoup là-dessus. Ils ne se sont jamais vraiment défaits de cette image de groupe à minettes, bien que leur musique vaille beaucoup mieux que ça. De plus, depuis que le groupe s’est reformé il y a cinq ans, leur nouvelle maison de disques ne fait aucune promo en France, donc personne ne les connaît à part les ancien(nes) fans.
Hors sujet : j’ai découvert ton blogue (comme d’autres d’ailleurs) depuis peu il faut dire que tes posts sont souvent très intéressants, et ce qui ne gâche rien, très bien écrits. Vu le peu de blogues masculins que je découvre, le blogue me semble être un phénomène essentiellement féminin ????
Je ne pense pas, non. Je suis loin d’avoir fait le tour de la question, mais personnellement les blogs que je suis sonta ussi bien féminins que masculins.
Pour la défense de Morten :
Les petits papiers scotchés sur le sol autour de l’artiste ne sont pas les paroles mais l’ordre des chansons qu’il va chanter. C’est comme ça dans beaucoup de concerts 😉
Pas trop hors sujet puisqu’il s’agit de musique : Je vois que dans ton profil tu aimes entre autres le rock progressif. C’est très vague comme terme, donc j’ai peut-être tout faux pour la suite. Pour info, je ne sais pas si tu connais l’ex groupe australien « ARAGON ». C’est beaucoup mieux (pour moi) que Marillion et c’est ce qui s’est fait de mieux. Je peux les écouter indéfiniment en boucle. C’est rythmé, très musical, les paroles (que l’on m’a traduites pour l’un des longs morceaux sont recherchées). Bref c’est le TOP. Le groupe est maintenant pratiquement inconnu, sauf de ses anciens fans qui espèrent un retour qui ne se produira jamais. Quel gâchis. Snif.
« Don’t Bring the Rain a été réédité (500 copies !) il y a deux ans (ouf j’ai !). Rien à jeter, mais un grand plus pour les morceaux : « The Cradle », « Gabrielle », « The Crucifixion ».
Autre disque génial « Rocking Horse » et enfin Mouse sorte d’opéra Rock avec de très belles sonorités.
Le seul moyen de les écouter maintenant c’est le téléchargement ou les copies.
C’était seulement pour info, pour ne pas passer à côté de quelque chose, dont en ce qui me concerne, je ne peux plus me passer.
La voix de Morten Harket, le sourire de Charlotte Gainsbourg, un verre de Lynch-Bages, la conversation d’un ami, que demander de plus ?