La semaine en bref #377

Lundi:

★ Plus de thé à la fleur de pamplemoussier, argh! J’ai mal calculé mon ravitaillement, et je le paierai en une semaine entière de matins mal réveillés-pas productifs.

★ Je bosse sur le tome 2 d’une série 9-12. Depuis la version du tome 1 que j’ai traduite, certains personnages ont changé de nom et de sexe; des événements dont je n’ai jamais entendu parler se sont produits, et au lieu d’être tranquillement chez elle au début du bouquin, l’héroïne se trouve dans une panade où on est censé l’avoir laissée à la fin du tome précédent. Pas merci à l’éditeur américain qui a fait réécrire la moitié de l’histoire à l’autrice après nous avoir envoyé une version « définitive bonne pour traduction ».

Mardi:

★ A 4h30, je me tape une petite insomnie de milieu de nuit et sa crise d’angoisse assortie. Heureusement, à force, j’ai appris à gérer: je sais que les scénarios catastrophe que j’élabore me paraîtront ridicules à la lumière du jour. Pour me rendormir, je fais de la respiration 4-7-8, que je trouve super difficile mais qui a le mérite de m’obliger à me concentrer dessus au lieu de m’imaginer sous les ponts à 60 ans.

★ Après « on a attribué votre trad à quelqu’un d’autre par erreur » le mois dernier, le même éditeur me fait le coup de « on a oublié de mentionner votre nom dans une trad qui reprend du texte d’une autre de vos trads ». Au troisième incident du même type, je me lance dans la confection de poupées vaudou.

Mercredi:

★ LinkedIn me propose un job d’actrice voix pour entraîner de l’IA. Dis que tu ne m’as jamais entendue parler sans dire que tu ne m’as jamais entendue parler.

★ Une des manifestations les plus chiantes de mon autisme, c’est que si j’ai un rendez-vous ou un truc important qui doit se passer dans l’après-midi, trois fois sur quatre, je n’arrive à rien faire le matin parce que je suis en mode attente. Et tant pis pour le travail en souffrance et les factures à payer.

★ Je sors donc vers midi, sous une pluie battante, pour aller manger des ramen à l’ail noir au Takumi. Puis je me réfugie au Chà Shi où je passe deux heures délicieuses à bouquiner en sirotant un Chocoberry. Je crois que je n’avais pas lu dans un salon de thé depuis avant la pandémie, alors qu’avant, c’était une de mes activités favorites. Mais depuis, tous mes points de chute habituels ont fermé, et je répugne de plus en plus à sortir de chez moi. Je suis ravie que l’existence de cet endroit paisible et pas trop éloigné de chez nous inverse la tendance.

★ Quand je rentre, des corrections m’attendent dans ma boîte mail. Une assistante éditoriale a semé plein de commentaires qui se bornent à citer un ou deux mots de la VO. Je commence par lui faire une réponse cinglante: « Croyez-le ou non, mais j’ai lu le texte original. Si vous avez une objection ou une suggestion, je vous écoute. Sinon, je ne suis pas en mesure de deviner ce que vous avez voulu pointer. » Puis je laisse mariner, j’efface et je me contente d’un sobre « ? ».

★ Mon inscription étant validée, je peux enfin accéder à la plateforme Filéas pour consulter les ventes de mes traductions. C’est la claque: un peu plus de 3 mois après sa parution, le roman jeunesse avec une héroïne autiste qui a bénéficié d’un super relais de la presse se serait écoulé à seulement 500 exemplaires. Quant à la suite très attendue de ce roman steampunk: moins de 300 exemplaires en un an! (Bon, à côté de ça, j’ai d’autres titres qui se sont vendus jusqu’à plus de 20 000. Mais j’ai mis tout mon coeur aussi dans les flops, et je suis un peu dégoûtée.)

Jeudi:

★ « En ce moment, hors new adult, les chiffres de littérature jeunesse sont catastrophiques », me confirme une de mes éditrices. Glups.

★ En fin de journée, nous sortons sous la pluie et nous traînons en métro jusqu’au Gyojasang pour fêter l’anniversaire de Chouchou. Cette fois, je décide de goûter deux nouvelles spécialités coréennes: le tteokbokki et le jeon – qui me rappelle pas mal les okonomiyaki japonais, sauf qu’à la place du chou, la crêpe est à moitié constituée de mozzarella. En bonus, cet extrait de notre conversation absurde pendant le dîner: « South Korea is the new Charles Martel ». Après le dessert (leur fabuleux cheesecake au yuzu), on file s’immortaliser avec des masques dans le Photomaton du fond. Le temps de rentrer, on s’écroule sur le canapé à 20h tapantes. Rock’n’roll.

Vendredi:

★ Je décide subitement que j’en ai marre de rester assise sur le projet de voyage en Asie que je nourris depuis des années, et qu’on va partir en octobre pour notre anniversaire. Puis je regarde les billets d’avion, et je fais glups. Pas tellement à cause des prix, qui sont plus ou moins ce à quoi je m’attendais, mais à cause de la durée du trajet et de la nécessité de faire au minimum une escale. Ca m’épuise et me stresse d’avance.

Samedi:

★ On va visiter le Centre Jules Verne qui a ouvert en mars à Forest. Je voulais attendre l’arrivée du labyrinthe, mais elle a été repoussée. On se contente donc de l’expo sur Alice Guy, la première femme cinéaste. Par une de ces coïncidences que j’adore, elle était l’un des personnages historiques de « Paris Express » que j’ai fini récemment; avant ça, je n’avais jamais entendu parler d’elle. Le bâtiment est un peu décrépit, pas du tout ce à quoi je m’attendais, mais j’apprends des choses et on prend de très bonnes photos. Bonus: les tickets d’entrée sont magnifiques, merci pour mon journaling! (D’autres photos ici.)

★ Après ça, on va goûter au Chouconut où on n’avait pas mis les pieds depuis très longtemps. L’équipe a changé, et les nouvelles vendeuses sont adorables. Ils ont étendu leur gamme de produits – j’aperçois dans la vitrine un flan pâtissier assez tentant. (Mais pour cette fois, je veux des choux.) La salle de l’étage a également été réaménagée de façon un peu plus cosy. Je passerais un excellent moment sans les occupants de la table voisine qui discutent à un volume sonore ahurissant, m’obligeant à mettre mes bouchons d’oreille.

★ Le soir, on regarde une adaptation de « Crooked House » qui était soi-disant le livre préféré d’Agatha Christie parmi tous les siens. Bons acteurs mais réalisation planplan. Quant au coupable, comme d’habitude, c’est la personne qui semble la plus inoffensive de toutes (j’appelle ça le syndrome Keyser Soze). Ce qui est chiant, parce qu’on devine très vite son identité.

Dimanche:

★ Dans l’Eurostar jusqu’à Marne-la-Vallée, puis dans le Ouigo jusqu’à Toulon, je suis assise près d’un père et de ses deux filles de… 5 et 8 ans à vue de nez, et je crois que c’est la première fois que je vois un homme s’occuper de ses enfants dans un train. Certes, il n’a pas le choix puisque la maman n’est pas là. Mais il semble prendre un réel plaisir à interagir avec les petites et à se mettre 100% à leur écoute. De leur côté, les gamines sont parfaitement bilingues, sans accent et avec un niveau de vocabulaire qui ferait rêver beaucoup d’adultes. Pas l’ombre d’une tablette en vue: elles s’occupent calmement en inventant des histoires, en jouant à des jeux-pas-vidéo et en discutant avec leur père. Je suis émerveillée.

★ Sur le quai de la gare de Toulon, un petit garçon roux en tenue de footballeur donne des coups de pied dans les mollets de sa mère en hurlant qu’Astérix et Obélix sont les méchants. Je suis moins émerveillée.

★ Je débarque à Monpatelin, et aussitôt il se met à pleuvoir – alors que le soleil revenait enfin à Bruxelles quand je suis partie. Je dois être maudite de la météo.

★ Les exemplaires de traductrice que j’attendais depuis une éternité et que la Poste dit avoir déposés dans ma boîte jeudi ne s’y trouve absolument pas. Maudite de la météo ET des colis, donc. Mais le démon des voyages en train pénibles ne s’est pas soucié de moi aujourd’hui, et ma foi c’est déjà ça.

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