Sous le coup d’une déception amoureuse, Sofia a quitté Paris pour son petit village natal de la côte amalfitaine. Là, la jeune traductrice respire enfin. Attablée à sa place habituelle, sur la terrasse du Mamma Maria, le bonheur est simple comme un espresso au soleil ou une chanson d’Adriano Celentano… Ce caffè, c’est le cœur du village, le rendez-vous des jeunes, des vieux, dans le généreux giron de la patronne, Maria, leur mère à tous. Or ce matin-là, pour la première fois depuis des lustres, il s’est glissé comme une fausse note dans la partition. Le vieux Franco ne s’est pas présenté pour son éternelle partie de scopa…
Au premier abord, on se dit qu’on va lire un roman de vacances léger, gorgé du soleil de l’Italie et débordant de pasta, avec une savoureuse galerie de personnages locaux et quelques déboires amoureux pour l’héroïne. Et de fait, il y a tout cela dans « Mamma Maria », dont l’autrice parle si bien de la côte amalfitaine qu’elle donne envie de faire immédiatement ses bagages pour aller se poser quelques mois dans la région.
Pourtant… Pardonnez-moi si je vous spoile le vrai sujet de ce livre – dont la quatrième de couverture préserve le secret -, mais ça me semble important de savoir qu’il parle de migrants, et notamment de l’accueil que va réserver le village de Sofia et Maria à une jeune femme libyenne et son petit garçon. Serena Giuliano évoque le racisme ordinaire d’une façon très juste, avec assez d’humanité et d’optimisme pour que « Mamma Maria » se classe définitivement dans la catégorie feel good. Parce qu’on n’est pas non plus au pays des Bisounours, ses personnages ont leurs failles et leurs drames plus ou moins bien cachés, qui les rendent d’autant plus crédibles et attachants. Il y a de la vie dans ce roman, beaucoup d’humour et d’émotion, et une générosité qui déborde de chacune de ses 230 pages trop vite dévorées. Pour moins de 7€ et un encombrement minimal, faites-vous le cadeau de l’emporter avec vous cet été.
« Ils viennent d’ailleurs, avec d’autres coutumes et d’autres croyances qu’ils nous apportent comme autant de richesses. Ils ne viennent voler la place de personne. Notre monde est à tous. »