Nous nous sommes levés tard ce matin; la fatigue s’accumule depuis le début des vacances. De plus, Chouchou doit travailler davantage que prévu. Il est donc déjà midi et demie lorsque nous quittons nous appartement Airbnb. Direction Spittelau, deux stations de métro plus au nord sur la ligne 4. Nous y prenons des photos de l’incinérateur délirant qui est la troisième grosse construction d’Hundertwasser dans Vienne, allant jusqu’à emprunter la ligne 6 (aérienne sur cette partie du trajet) le temps d’une station aller-retour pour bénéficier d’une vue différente.
Nous nous dirigeons ensuite vers le restaurant italien Pizza Mari, réputé pour ses vraies pizzas napolitaines. A 13h30, nous n’avons pas de mal à dégoter une table libre à côté d’un couple qui ne savait visiblement pas ce qu’il allait manger: Madame a laissé la moitié de sa pizza; Monsieur a prélevé une seule bouchée de la sienne, et tous deux refusent que la serveuse leur emballe le reste pour l’emporter. De notre côté, nous savons très bien à quoi nous en tenir grâce à La Fabbrica di Marco, et nous finissons tout jusqu’à la dernière miette. Faute de vin (puisque j’ai décidé d’arrêter l’alcool), j’ai commandé un jus pomme-sureau mélangé à de l’eau pétillante, une sorte de schörle que je trouve délicieux. Pendant que nous surfons sur internet avant de repartir, je tombe sur un Instagram de Madeleine Miranda qui annonce que son mari et elle arriveront à Vienne dans l’après-midi. Quelques échanges de messages plus tard, nous avons convenu d’un rendez-vous pour boire un verre ensemble, et je m’en réjouis d’avance.
Nous retournons dans le quartier des musées pour visiter celui d’histoire naturelle, dont j’ai lu beaucoup de commentaires élogieux. Et je dois dire que malgré mes nombreuses expériences en la matière, je suis éblouie dès l’entrée. Construit au milieu du 18ème siècle dans un style néo-Renaissance, le bâtiment est somptueux; même vide, il mériterait le coup d’oeil. Mais il n’est pas vide du tout: il contient une fabuleuse collection de plus de 200 millions de spécimens, admirablement préservés et mis en valeur. Nous traversons rapidement la partie géologie et celle consacrée à l’évolution de l’homme, qui ne nous intéressent ni l’un ni l’autre. Pour la suite, Chouchou raffole des dinosaures et des grands mammifères, tandis que mon petit coeur bat fort pour les oiseaux, les insectes, les crustacés et les squelettes de créatures marines.
Nous passons deux heures à explorer les deux étages du musée avec des exclamations ravies. La beauté et la diversité de la nature font partie des rares choses qui m’émeuvent profondément. Je n’ose pas me demander combien d’espèces représentées là ont déjà disparu ou vont le faire dans les prochaines années (pour les dinos et le dodo, OK, je suis au courant). Je préfère me remplir les yeux de plumages colorés et d’appendices mystérieux, de carapaces chatoyantes et d’ailes poudreuses. Si je m’écoutais, je camperais là deux jours avec un carnet à dessin… en ayant fait évacuer tous les autres visiteurs au préalable. Bref, Vienne entre directement en première position dans mon hit-parade personnel des meilleurs musées d’histoire naturelle du monde. Celui de Londres est plus grandiose, mais celui-ci a… je ne sais pas – une âme, peut-être.
« Grand-Papy, c’est toi? »
Enfin, nous remontons vers Stephansplatz et le très instagrammable bar Onyx où j’ai donné rendez-vous à Madeleine. Nous arrivons un peu en avance, et heureusement car toutes les tables sont prises: nous pouvons ainsi signaler au maître d’hôtel qu’il nous en faudra une pour quatre personnes, et le temps que Madeleine et Fintan nous rejoignent, nous n’attendons guère que trois ou quatre minutes avant de pouvoir nous installer confortablement. Je fais preuve d’un héroïsme immense en dédaignant la longue liste de cocktails pour commander un ice tea à la fraise maison. Il se révèle parfaitement délicieux, comme pour me conforter dans ma résolution anti-alcool. Nous passons un moment très agréable. Je savais déjà, d’après son blog, que Madeleine était une personne raffinée, gentille et positive; je découvre que son mari est lui aussi fort sympathique (et qu’il adore Bruxelles où il a vécu 4 ans avant de la rencontrer). Une heure s’écoule très vite, puis ils doivent nous laisser car ils ont une réservation dans un restaurant voisin. Mais nous aurons probablement d’autres occasions de nous croiser. Cette rencontre improvisée conclut en beauté notre séjour viennois: nous prenons l’avion du retour demain dans l’après-midi.