"The toymakers" (Robert Dinsdale)

Londres, 1906. Cathy Wray n’a pas encore 16 ans, et la voilà déjà enceinte. Ses parents veulent la faire accoucher en secret et abandonner le bébé, mais tout en elle s’y refuse. Un soir, elle tombe sur une étrange offre d’emploi dans le journal: « Vous êtes perdu et effrayé? Vous avez gardé votre âme d’enfant? L’Emporium de Papa Jack cherche des vendeurs ». Installé au fond d’une petite ruelle, ce magasin à la façade modeste mais à l’intérieur labyrinthique vend des jouets dont la magie attire les foules chaque hiver, depuis le premier gel jusqu’à l’apparition des perce-neige. A sa tête, Jekabs Godman dit Papa Jack, un colosse mystérieux qui ne sort presque jamais de son atelier. Il est secondé par ses fils Kaspar, digne héritier du talent paternel et épouvantablement sûr de lui, et Emil, un garçon pataud aux capacités plus limitées qui s’est spécialisé dans les petits soldats. Entre les deux jeunes gens, la Longue Guerre fait rage pour savoir qui prendra la suite de Papa Jack. Accueillie à bras ouverts dans la grande famille de l’Emporium, Cathy va être le témoin privilégié de sa grandeur et de sa décadence à travers la première moitié du vingtième siècle. 
Je suis toujours bonne cliente pour le réalisme magique, surtout quand les critiques comparent un roman à « Le cirque des rêves » d’Erin Morgenstern. Même si je n’ai pas gardé mon âme d’enfant, même si je ne suis pas du tout sensible à la soi-disant magie de Noël, j’ai pris un plaisir sans mélange à m’immerger dans l’atmosphère de l’Emporium, à partager l’excitation des petits et des grands devant les jouets fabuleux de Papa Jack, à découvrir peu à peu les recoins du magasin et les secrets qu’ils dissimulent. Puis vers le milieu du roman, alors que la guerre de 14-18 faisait basculer la destinée des Godman, j’ai été un peu alarmée par le tour inattendu et très noir que prenait l’histoire. Je ne m’attendais absolument pas à quelque chose d’aussi tragique que le récit du passé de Jekabs Godman, encore moins à ce qu’il advient de Kaspar ou aux conséquences de la rivalité entre Emil et lui. Mais une fois que j’ai accepté de me laisser entraîner, je n’ai pu qu’admirer la manière originale dont Robert Dinsdale orchestre la chute de l’Emporium, jusqu’à une conclusion aussi poétique que poignante. J’envie franchement le/la collègue qui va avoir le plaisir de traduire « The toymakers » en français: magique et sombre à la fois, c’est un roman formidable – et une parfaite lecture de saison!

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