Je ne suis pas une grande fan de l’AB où, faute de places numérotées, mon mètre cinquante-quatre doit arriver dès l’ouverture des portes pour avoir une chance de se poster à un endroit d’où il distinguera autre chose que les omoplates de son voisin de devant. Mais un concert d’Etienne Daho, même par un soir de novembre glacial, ça ne se refuse pas. Surtout quand on y est invitée alors qu’on ne pensait pas avoir d’occasion de voir l’un des shows de cette tournée – celle de l’album « Blitz » qui est peut-être mon préféré de toute la carrière de l’artiste. Le plus abouti, en tout cas, même s’il est difficile de lutter avec les souvenirs de jeunesse rattachés à « La Notte La Notte », « Pop Satori » et, dans une moindre mesure, « Pour nos vies martiennes » et « Paris ailleurs ».
De tous les artistes que j’ai aimés au fil des ans, Etienne Daho est le seul encore actif au bout de 30 ans et dont je ne me suis jamais lassée. Parce qu’il a su évoluer sans se trahir. Parce que ses textes sont devenus de plus en plus profonds tandis que sa musique restait toujours moderne. Parce qu’il a conservé son élégance de jeune homme et une adorable pudeur rehaussée de malice. Parce qu’il se lâche de plus en plus sur scène et qu’on ne le sent absolument pas blasé – au contraire, on a l’impression que plus le temps passe, plus il prend du plaisir à partager avec ses fans.
Oui, j’étais censée écrire un compte-rendu de concert, mais apparemment, je suis plus douée pour les lettres d’amour artistique. Hum. Or donc. Hier soir, à l’AB, Etienne n’a pas fait sa Lauryn Hill: il est entré en scène à 20h40 tapantes, comme prévu. Ses deux guitaristes, son bassiste et lui-même arboraient des masques façon Rapetou qu’ils ont gardés pour interpréter un de mes morceaux préférés du dernier album, l’entêtant « Les filles du canyon ». Le reste des musiciens était surélévé dans le fond de la scène, à l’intérieur d’une cage bordée de rampes lumineuses – disposition que j’avais trouvée un peu curieuse scène éteinte mais qui s’est révélée assez efficace visuellement au cours du show. Le son m’a paru un peu métallique et plat; on avait du mal à entendre les basses. Par contre, l’ambiance était clairement au rendez-vous dans la salle.
Pendant près de deux heures, Etienne a alterné avec un égal bonheur des compositions récentes que je voyais sur scène pour la première fois, et ses grands tubes qu’il interprète à chaque tournée en se donnant la peine de les réorchestrer différemment chaque fois. Et vous savez quoi? « Le grand sommeil », « Epaule tattoo », « Sortir ce soir », « Week-end à Rome », « Duel au soleil » ou « Bleu comme toi » vieillissent aussi bien que lui et donnent toujours autant envie de danser. Entre ces morceaux hyper-connus, de petites surprises telle qu’une version quasi futuriste de « Poppy Gene Tierney » ou une reprise d' »Arnold Layne » des Pink Floyd. Deux rappels en perfecto clouté et le poing sur le coeur, et c’était déjà fini. Jusqu’à la prochaine fois.
C’est Chouchou qui a pris toutes les photos illustrant ce billet avec son nouvel iPhone XR.