
Romancier et scénariste oscarisé pour « The imitation game », Graham Moore revient ici à la fiction historique mettant en scène des personnages célèbres. Brodant autour de faits bien réels – et récapitulés en fin d’ouvrage -, il narre une incroyable bataille juridique capable de captiver même les gens qui n’entendent pas grand-chose au droit ou à la physique. Ses portraits de génie sont fascinants: Thomas Edison, assoiffé de gloire à n’importe quel prix; George Westinghouse, avant tout soucieux de réaliser de bons produits; Nikola Tesla, solitaire à moitié fou inspiré par ses visions; Alexander Graham Bell, homme sage et pondéré qui s’est retiré du monde, et même le financier JP Morgan qui a su amasser par lui-même une fortune sans précédent. A côté d’eux, bien que jeune prodige dans sa branche, Paul Cravath semble un personnage presque falot.
Près de 130 ans plus tard, il est très instructif de considérer les débuts de l’électricité et la méfiance initialement engendrée par cette technologie qui fait désormais partie de notre quotidien. On sourit notamment de ce passage: « Edison et quelques autres s’étaient attachés à améliorer le téléphone initial d’Alexander Bell. Tesla, lui, se proposait de le faire fonctionner sans aucune sorte de fil. Pas besoin d’être scientifique pour se rendre compte qu’un tel projet était absurde. Même si, par miracle, Tesla parvenait à en créer un de ce type, qui diable lui trouverait la moindre utilité? ». Et on est happé par les incroyables rebondissements que provoque la contestation du brevet sur la première ampoule électrique. Jusqu’au twist final un peu amer, « Les derniers jours de l’émerveillement » se lit comme un policier doublé d’une ode à la créativité des scientifiques, une histoire essentiellement vraie animée par un grand souffle romanesque.