
« Face à un deuil, on est toujours seul, il me semble. C’est un gouffre qui se creuse en nous, et personne ne peut en imaginer la profondeur car il faudrait oser s’en approcher, se pencher au-dessus du vide, perdre soi-même une partie de son équilibre. Et tout ça pour quoi? Pour découvrir l’épaisseur du chagrin qui se cache au fond et réaliser que la petite flamme que l’on a apportée s’y noiera aussitôt. Alors, on fait un pas en arrière. On se dit que la tristesse passera avec le temps, ou des formules de ce genre. »
Pour son huitième roman, Camille Brissot a choisi d’aborder un sujet bien lourd par un angle qui, sans le dépouiller de sa gravité, lui prête un aspect presque onirique, une mélancolie douce qui aide le lecteur à réfléchir aux concepts d’humanité et de deuil en même temps que son jeune héros. J’ignore si ce récit initiatique parlera aux adolescents qui en sont la cible première; pour ma part, j’ai été enchantée par son originalité comme par ses références mythologiques, charmée par le dosage subtil de ses éléments doux et amers. « La maison des reflets » parle d’amour et de mort, de chagrin et d’espoir, et elle le fait avec un talent qui donne envie de s’intéresser aux autres ouvrages de l’auteur.