« Ma vie de Courgette »

Courgette a neuf ans. Un soir où sa mère alcoolique menaçait de lui foutre une énième raclée, il a refermé sur elle la trappe qui menait à sa chambre, et la chute l’a tuée. Courgette atterrit donc au foyer des Fontaines, parmi une bande d’enfants tout aussi cabossés par la vie. La mère de Béatrice a été expulsée vers l’Afrique; chaque fois que la fillette aux lunettes rouges entend une voiture, elle se précipite sur le perron pleine d’espoir en criant « Maman? ». Le papa d’Ahmed fait de la prison pour holdup; le petit garçon, lui, s’accroche à sa peluche et refait pipi au lit. Les parents de Simon sont drogués tous les deux, et le jeune rouquin se sonne des allures de petit dur: dès le début, il surnomme Courgette « la Patate » et lui pique son précieux cerf-volant. Alice a été sexuellement abusée par son père; elle se planque derrière sa mèche blonde et tape très fort avec le manche de sa fourchette quand les gens commencent à se disputer à table. La mère de Jujube est atteinte de TOC qui la rendent inapte à élever son enfant. Et puis un jour débarque Camille, qui a vu son père tuer sa mère et se suicider ensuite. Pour Courgette, c’est le coup de foudre…
Adapté par Céline Sciamma (« Naissance des pieuvres », « Tomboy », « Bande de filles ») du roman « Autobiographie d’une Courgette » de Gilles Paris, ce film d’animation est une petite merveille tant sur le fond que sur la forme. Tour à tour dramatique, tendre et joyeux, il parle de la résilience des enfants. Sur le fumier de leur histoire tragique, Courgette et ses amis parviennent à faire éclore une irrépressible joie de vivre en dépit de tout. Leurs visages en pâte à modeler sont incroyablement expressifs; les maniérismes des personnages et le talent des jeunes comédiens qui leur prêtent leur voix les rendent extrêmement touchants. Je ne suis hélas pas certaine que dans la vraie vie, les petits Courgette rencontrent toujours des adultes aussi bienveillants que le personnel des Fontaines ou Raymond le policier moustachu. Mais comme la littérature, le cinéma sert aussi parfois à représenter les choses telles qu’on voudrait qu’elles soient. « Ma vie de Courgette »: un film délicat et drôle, juste indispensable. 

Sauf exception, les commentaires sont désactivés. Si vous voulez poursuivre la conversation, je vous invite à le faire sur la page Facebook du blog.

Retour en haut