
Sur la base d’un fait divers survenu au début des années 60, Andria Williams, elle-même femme de militaire, construit un récit à trois voix psychologiquement très fouillé, où petites lâchetés et non-dits s’accumulent jusqu’à la catastrophe. Personnalité intègre mais rigide, Paul se heurte au je-m’en-foutisme et à l’absence de morale d’un supérieur qui se met à lui pourrir la vie. Esseulée, la jolie Nat qui s’est toujours fichue des conventions de son époque et de son milieu développe une amitié ambiguë et se retrouve la proie des commérages. C’est presque un huis-clos qui se déroule dans les conditions climatiques extrêmes du désert, à l’ombre d’un réacteur nucléaire capricieux dont on sait dès les premières pages qu’il finira par exploser. « Idaho » (dont je préférais le titre original, « The longest night »: « La nuit la plus longue ») est un premier roman incroyablement subtil et maîtrisé, qui décortique à merveille l’alchimie d’un couple.