« A une autre époque, future Sam, tu avais quatorze ans et tu étais immensément impopulaire (ce qui est toujours vrai). Tu ne te sentais pas à ta place à l’école. Tes parents refusaient de t’acheter des fringues cool, tu te faisais toujours sortir la première à la balle au prisonnier (…), et tu passais pour une véritable encyclopédie humaine en matière de bestiaire mythologique et de machines spatiales scientifiquement improbables. Pour dire les choses simplement: tu t’intéressais davantage au destin de la Terre du Milieu qu’à celui de ta planète. »
Quatre ans se sont écoulés depuis, et les choses ont bien changé. Sam s’est découvert une passion pour l’économie et la politique; elle a intégré le club de débat et enchaîné les victoires en concours. A la fin de sa dernière année de lycée, elle a une idée très précise de ce que sera sa vie. Pour commencer, elle va remporter le championnat national avec sa partenaire Maddie, réciter un beau discours à la cérémonie de remise des diplômes et partir étudier à l’université de New York. C’est alors qu’on lui diagnostique une affection très rare, la maladie de Niemann-Pick de type C, forme de démence précoce qui devrait peu à peu la priver de tous ses souvenirs. Mais Sam refuse de se laisser abattre. Alors, elle entame la rédaction d’un journal adressé à son alter ego du futur.
Comment rester soi-même et continuer à profiter de la vie quand une force implacable vous détruit de l’intérieur, anéantissant vos rêves et vos espoirs? Telle est la question à laquelle Sam se retrouve confrontée bien trop tôt. Alors qu’elle devrait se focaliser sur ses études et sur le début de sa vie amoureuse, l’avenir qu’elle tenait pour acquis lui file inexorablement entre les doigts. Mais la jeune fille lutte de toutes ses forces et relate son quotidien en lente désintégration avec beaucoup d’humour et peu d’auto-apitoiement. C’est d’ailleurs le gros défaut du livre: pas la moindre monologue sur l’injustice de sa situation, pas la plus petite colère contre le sort peu enviable qui lui échoit, aucune phase de découragement ou presque… J’ai parfois trouvé que son attitude manquait de nuance et de crédibilité. Et la fin survient beaucoup trop rapidement à mon goût. Néanmoins, « The Memory Book » est une oeuvre jeunesse touchante, à la fois roman initiatique, romance adolescente et réflexion sur la meilleure manière de vivre sa vie. (Et malgré ce que son titre pourrait laisser croire, il s’agit bien de l’édition française.)