
Nous tournons en vain un bon moment avant que Chouchou mette à contribution l’application Géocaching de son nouveau smartphone, qui nous emmène… 150 mètres plus loin. Là, nous n’avons aucun mal à repérer un arbre qui semble pleurer, et entre ses racines, un pot en verre pas très bien dissimulé. Dommage: malgré sa taille suffisante pour abriter quelques menus objets, il ne contient qu’un logbook. Dans un élan de générosité, j’y dépose une pince à papier en forme de main. En repartant, Chouchou effectue une manoeuvre acrobatique de niveau 17 pour se rétablir après avoir glissé, avec ses Converse, sur une flaque de boue traîtreusement dissimulée par des feuilles mortes.
Parc Duden: Nous traversons une bonne partie de la ville en voiture pour nous rendre du côté de Forest. Pour une raison qui m’échappe, ça bouchonne de partout, et les chaussées bruxelloises étant notoirement pourries, le trajet prend des allures de course contre la montre pour mon estomac qui hésite à rendre tout son contenu au prochain coup de frein. Lorsque nous nous garons enfin, j’ai la couleur d’une jeune pousse de laitue, mais nous avons évité le pire. Nous nous enfonçons dans le parc, où notre GPS ne se montre guère plus coopératif que précédemment. Nous recherchons un Tupperware planqué « entre les orteils d’un ent ». L’auteur de la cache doit être lui aussi du genre inutile en cas d’apocalypse ^^. Une seconde fois, nous nous en remettons au smartphone de Chouchou.
Alors que nous suivons sa boussole, j’aperçois un arbre aux racines spectaculaires. Je veux m’arrêter pour regarder, mais Chouchou affirme que non, nous sommes encore à 5 ou 10 mètres des coordonnées. Alors que je le suis avec une moue sceptique, quelqu’un nous interpelle en néerlandais: « Rekrrrtkrtrgraaaktr géocaching? » Je me retourne pour lui répondre en anglais. Le type, qui tient en laisse un chien équipé d’un gilet jaune fluo, nous désigne l’arbre que j’avais repéré en disant: « It’s this one! » Ah ah. Mon instinct de limier ne m’avait pas trompée. Je commence à faire le tour en examinant les cachettes potentielles. « No, it’s on this side », me dit le type. Euh oui bon ça va, je suis capable de trouver seule. « Here », ajoute-t-il en me désignant une cavité entre deux racines. Argh mais ta gueule! J’aime pas qu’on me fasse cadeau des choses, moi, môssieur!
Felix Happark: Retour vers notre quartier pour cette dernière cache. Notre GPS nous conduit sur un côté du parc entièrement fermé; nous devons faire le tour du pâté de maisons à pied pour découvrir une entrée. Les coordonnées correspondent à la zone comprise entre le chemin et un mur. C’est en pente, large de plusieurs mètres, boueux à souhait, jonché de feuilles mortes et envahi par les ronces. O joie. Pendant quelque minutes, j’écarte des feuilles du bout de ma botte en grommelant entre mes dents. Puis j’essaie de me mettre à la place de l’auteur de la cache. Pour pouvoir faire la maintenance, il a dû planquer son Tupperware près d’un point de repère facile à retrouver. Allez, au hasard, au pied du seul gros arbre dans le voisinage? J’ai presque fini mon inspection quand j’aperçois un morceau de tuile coincé en biais dans une anfractuosité. Je le soulève: bingo!
Moralité: il ne faut pas parler aux géocacheurs qu’on ne connaît pas, surtout quand ils s’expriment comme s’ils avaient la tuberculose. Par contre, il faut acheter des gants de jardinage en toile solide pour remplacer les petits gants en plastique jetables pas très écolos ni très résistants dès qu’on commence à fouiller dans les ronces.