Comme quoi, on a parfois de bonnes surprises en se lançant à l’aveuglette. Sylvia, divorcée sans enfants et récemment virée de son boulot avec des indemnités rondelettes, part traîner son désoeuvrement en Italie. Là, elle rencontre Henry, un dilettante d’âge mûr, marié à une femme aussi riche qu’absente. Tous deux se lancent dans un périple sans but, à la fois à travers l’Europe et les souvenirs de Sylvia. Dans la géographie comme dans la mémoire, ils choisissent d’emprunter les chemins de traverse, faisant mille tours et détours en n’obéissant qu’à l’impulsion du moment. Du coup, le roman a un côté un peu « fouillis », mais c’est un fouillis riche, sympathique et haut en couleurs. Il m’a fait penser à une version moins amère de « Two for the road », excellent film de Stanley Donnen avec Audrey Hepburn.
On sent que l’auteur est une conteuse au meilleur sens du terme, capable de créer des personnages attachants parce qu’imparfaits, d’installer une atmosphère par quelques détails bien choisis, de distiller avec un mélange de pragmatisme et de grâce mélancolique des anecdotes qui rapportées par quelqu’un d’autre paraîtraient tout à fait fades. J’ai adoré « The Scenic Route« , et il est assez probable que malgré son impossible prénom, Binnie Kirshenbaum vienne de gagner en moi une lectrice fidèle qui va se procurer tous ses autres romans lors d’une prochaine commande sur Amazon.
A ma connaissance, il n’existe pas (ou pas encore?) de traduction française de ce livre. Si un éditeur passe par là et souhaite m’en commander une, je préviens d’avance: je suis chère, mais j’accepte les paiements en billets d’avion pour l’Asie.