Je pensais avoir passé une mauvaise journée hier. Et puis ce matin, Soeur Cadette m’appelle et m’annonce que David et elle ont été cambriolés dans la nuit de mardi à mercredi pendant qu’ils dormaient du sommeil du juste. A leur réveil, ils ont eu la (mauvaise) surprise de s’apercevoir que quelqu’un avait fracturé une porte-fenêtre et volé l’ordinateur portable de David, la Wii avec tous ses accessoires, le sac de Soeur Cadette, la superbe sacoche flambant neuve qu’elle venait d’offrir à David et… leur voiture principale, un genre de paquebot noir monté sur roues dont j’ai oublié la marque.
Bien entendu, ça tombe au plus mauvais moment possible: David vient de reprendre ses études, et Soeur Cadette ne saura pas avant plusieurs mois si on lui accorde la promotion qui lui permettrait d’avoir une voiture de fonction. Bien entendu, même avec les factures, l’assurance ne leur remboursera pas la valeur intégrale des biens dérobés. Bien entendu, régler la paperasserie entraînée par ce cambriolage va leur compliquer la vie et leur bouffer un temps qu’ils n’ont absolument pas. Mais ce qui me rend livide, c’est qu’ils étaient là quand ça s’est passé. Heureusement qu’ils ont tous le sommeil lourd! Je ne veux même pas imaginer qu’il ait pu arriver quelque chose à l’un d’eux.
Soeur Cadette est d’un fatalisme admirable; elle se dit que c’est passé, qu’ils sont tous vivants, et que si ça doit se reproduire, ben ça se reproduira. A sa place, je serais hystérique. Je pesterais un maximum à propos des soucis matériels occasionnés, mais surtout, je me sentirais violée, même plus en sécurité chez moi. Je ne supporte pas de ne pas contrôler mon environnement à 100%, de réaliser que des événements désagréables peuvent se produire sans que je les ai vus venir et sans que j’aie réussi à les empêcher. L’impuissance, l’incertitude, la vulnérabilité me sont des états intolérables. C’est pour ça que, entre autres choses, je me refuse à habiter en maison ou en appartement au rez-de-chaussée: par peur des effractions (et un peu des inondations). Et que je me réjouis que la porte de notre nouvel appartement bruxellois soit blindée.