A quelque chose malheur est bon

Parce que mon carnet de santé restait muet sur la question, j’ai feuilleté il y a quelques jours mon agenda 1998 pour vérifier si j’avais bien effectué mon rappel de vaccin DTPolio cette année-là.
Il faut savoir que j’archive ma vie de toutes sortes de manières. Il y a eu pendant presque 25 ans un journal papier que mon premier blog est venu remplacer; il y a quantité de carnets de voyage et d’albums de scrapbooking commémorant les occasions importantes; il y a enfin, depuis le début des années 90, des agendas distincts du Filofax que j’utilise tous les jours, et sur lesquels je note non pas ce que j’ai à faire mais ce que j’ai effectivement fait. J’y colle mes tickets de cinéma ou de spectacle, les cartes des restos dans lesquelles je vais, les étiquettes de mes fringues préférées et tout un tas d’autres memorabilia.
Dans celui de 1998, donc, à la date du 2 octobre, j’ai trouvé la mention « cours d’essai aïkido ». Et une semaine plus tard, un article découpé dans la feuille de chou locale, avec une photo en noir et blanc de l’Homme en train de faire une prise dont j’ai oublié le nom. Dessus, il a les cheveux coupés très courts, un air concentré et un visage moins marqué que dans mes souvenirs. Il allait fêter ses 32 ans. Il devait se marier l’été suivant – ce qu’il s’est gardé de me dire jusqu’au mois de mai, quand sa copine a débarqué un soir à la salle. Evidemment, entre-temps, j’étais devenue tellement accro que ça n’a même pas réussi à me décourager. S’en est suivi le désastre sur lequel je me suis déjà longuement répandue ici.
Je me rappelle avoir hésité jusqu’à la dernière minute à aller faire ce fameux cours d’essai. La saison était déjà commencée et j’ai horreur d’arriver en retard par rapport aux autres. Il ne devait pas faire très beau ce jour-là et j’avais sans doute la flemme de sortir de chez moi. Je pensais aussi que l’aïkido serait un art martial trop soft pour moi. Finalement, je me suis secouée. Et à l’instant où mon regard s’est posé sur le prof, j’ai su que j’étais foutue.
Si je pouvais revenir en arrière, resterais-je chez moi ce jour-là? Je suis tentée de dire « un immense OUI » Lio-staïle. Avec le recul, cette relation ne m’a vraiment pas apporté grand-chose et j’y ai perdu beaucoup. Mais sans ce plantage monumental, me serais-je rendu compte que le profil de mec qui me faisait craquer depuis toujours (solide comme un roc, et à peu près aussi bavard et sensible) était à l’opposé de ce qui me convenait? Aurais-je su voir et accepter que Hawk et moi étions faits l’un pour l’autre? Sans doute pas. Si ça se trouve, on ne se serait même jamais rencontrés…
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