Conversations avec mon éditeur (extraits)

« Les relations de pouvoir ne m’intéressent plus. Le statut social (qui a longtemps été une de mes obsessions), encore moins. Je me fous du chiffre inscrit sur ma déclaration de revenus du moment qu’il me permet de vivre sans trop compter et de gâter mes proches. J’ai trois priorités dans la vie: passer du temps avec les gens que j’aime, voyager, créer – dans cet ordre-là. Tout le reste, boulot y compris, n’est que littérature (c’est le cas de le dire). »

« J’essaie de traiter les autres comme je voudrais être traitée. Je me sens toujours, toujours responsable des gens que j’aime – tout en leur reconnaissant l’intelligence et l’autonomie qui sont les leurs. Je m’efforce de dominer mes passions négatives, de développer mon empathie, d’aider les gens chaque fois que je peux, de rendre à la société un peu de ce que j’ai reçu, et qui me paraît énorme. J’aime penser que même si c’est dur, même si je me loupe parfois, je fais à tout le moins la démarche d’essayer d’être quelqu’un de bien. Qu’est-ce que quelqu’un de bien ? Voilà une question qu’elle est bonne. Chercher la réponse m’évite de penser à la question suivante: puisque je ne crois ni à l’au-delà ni à la justice immanente dans cette vie, à quoi ça sert d’essayer d’être quelqu’un de bien et de se conduire de manière juste ? Probablement à rien. Peut-être… Non, sûrement, cette existence n’est que chaos dénué de sens et je me complique les choses inutilement. Il suffirait sans doute que j’arrête de me poser des questions et que je vive au lieu de réfléchir ma vie. Beaucoup de gens procèdent comme ça et n’ont pas l’air malheureux pour autant. Mais j’en reviens à ce que je disais précédemment: il est difficile d’aller contre sa nature, et ma nature c’est de tout intellectualiser. »

« Je trouve ça triste de compartimenter à ce point (et ce n’est pas un jugement sur ta façon de faire, juste mon ressenti perso). Etre le maître de son propre château, c’est bien. Je suis aussi une control freak sur beaucoup, beaucoup de points. Mais justement, y’a un moment où j’en peux plus de toute cette prévisibilité, d’avoir tout anticipé, tout géré à l’avance. Ça ne laisse pas de place à l’imprévu – aucune possibilité de trembler et, peut-être, de tomber. Or j’ai le goût du risque et suis assez accro à l’adrénaline. J’aime les choses et les gens qui me retournent, qui enfoncent toutes mes défenses sans même l’avoir cherché, qui me prennent au dépourvu et me bouleversent. Ces choses et ces gens sont peu nombreux, et quand j’ai la chance d’en rencontrer un(e), il est hors de question que je commence à jouer à la gestionnaire avec les émotions qu’ils me donnent. (…) Je suis capable de détachement absolu. Je n’en vois juste pas l’intérêt. Je préfère me laisser emmener là où je n’aurais jamais eu l’idée d’aller seule. Me laisser soulever et me dire que la seule limite c’est le ciel. »

« Moi mon truc c’est: il faut que la personne me touche autrement que sexuellement. Si je ne sens pas une connexion autre que physique, même pour une aventure d’un soir, ça va pas le faire. J’ai besoin d’un minimum de complicité, sinon en effet, autant me masturber – en plus le résultat est garanti alors qu’en général, la première fois avec un mec… Ça casse pas des briques d’un point de vue technique 🙂 « 

« Quelle attitude rafraîchissante… La plupart des mecs s’offusquent gravement quand on sous-entend qu’ils pourraient, eux aussi, avoir des pulsions pas totalement hétéro, voire prendre du plaisir avec un autre gars. Comme si ça remettait en cause leur statut d’homme de baiser avec un autre homme. Alors qu’on s’en fout de savoir qui est un « vrai » homme et qui ne l’est pas; ça ne veut absolument rien dire. La seule question importante, c’est qui est un être humain décent, et ça… Ça dépend pas de l’identité de tes partenaires mais de la façon dont tu les traites. »

[A : « Je t’envie d’avoir un type d’émotions qui me sera toujours inconnu. »]
« Les émotions sont soit globalement toujours les mêmes (excitation, complicité, tendresse…) quel que soit le sexe de la personne d’en face, soit toutes différentes si tu prends en compte ta connexion unique avec chaque individu. Il n’y a pas d’un côté les émotions que j’ai avec des filles et celles que j’ai avec des garçons. Il y a une rencontre particulière à chaque fois, un point c’est tout. Et rapport hétéro ou homo, y’a rien de plus universel que le désir et l’amour. »

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